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4 février 1713 : mort du comte de Shaftesbury (Antoine-Aslhey Cooper)

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4 février 1713 : mort du comte de Shaftesbury (Antoine-Aslhey Cooper)
Publié / Mis à jour le samedi 20 février 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

Né à Londres le 26 février 1671, petit-fils du chancelier du même nom (voy. 22 Janvier 1683), son éducation fut commencée sous les yeux de son grand-père et sous les auspices de Locke. Dès l’âge de onze ans, il était familier avec l’intelligence du grec et du latin. Envoyé en 1683 au collège de Winchester, il essuya de la part de ses camarades le contre-coup de la haine publique qu’avait soulevée son aïeul. Fatigué de cette injustice, il quitta son pays, de l’aveu de ses parents, voyagea en Italie, et cultiva en lui ce sentiment des beaux-arts dont on retrouve la trace dans ses ouvrages.

Lorsqu’il fut revenu en Angleterre, pressé par sa famille de consentir à son élection au Parlement, il sacrifia, pendant cinq ans, tout intérêt d’ambition et de vanité à la passion des études littéraires. Appelé même par Guillaume III au Conseil, il se déroba constamment au joug de la faveur et du pouvoir. Cependant, en 1694, élu membre de la Chambre des communes, il prouva, dès son début dans les affaires, que ce n’était pas la conscience de sa faiblesse qui l’en avait si longtemps écarté. Il s’annonça par un acte de bon citoyen et par un des plus heureux mouvements d’éloquence qui aient jamais imposé la conviction à une assemblée.

Il avait pris la parole pour soutenir un acte présenté au Parlement, afin d’accorder un conseil aux détenus dans les cas de haute-trahison. Tout-à-coup son esprit se trouble, sa mémoire l’abandonne ; il reste muet ; des cris s’élèvent de toutes parts pour l’exhorter à continuer. Il hésite encore ; puis, se tournant gravement vers le speaker (l’orateur, président de la Chambre), il laisse échapper ce peu de mots : « Je ne m’étais levé que pour émettre mon opinion sur un bill, et me voilà tellement troublé que je ne puis rassembler les idées que j’avais mûries à loisir : quelle doit donc être la situation de l’homme qui, sans aucun secours, vient plaider pour sa propre vie ? » Cet argument inattendu, tiré de son émotion personnelle ; cette espèce d’apologue vivant et en action, sembla frapper la Chambre d’un rayon d’évidence. Qu’il faille le ranger parmi les inspirations soudâmes des hommes d’état, pu y supposer le même artifice que dans la fameuse citation du cardinal de Retz, et dans la fable racontée par Démosthènes aux Athéniens, peu importe, puisque le génie des orateurs se compose également d’inspiration et de calcul.

Généreux défenseur de toutes les motions favorables à la liberté, son assiduité aux séances ruina ses forces, et il fut obligé, en 1698, de renoncer à la carrière parlementaire. Rendu à lui-même, il revint à ses chères études : il fixa son séjour en Hollande ; et comme un Czar s’y était fait charpentier, il se fit étudiant en médecine, pour commercer familièrement avec les savants, à l’abri de son incognito. Au premier rang de ses amitiés littéraires se place l’illustre Bayle, à qui plus tard il découvrit son nom et ses titres. Bayle était trop philosophe pour l’en respecter plus et l’en aimer moins. Ce fut sans doute dans l’intimité de ce hardi novateur que Shaftesbury puisa les principes de scepticisme religieux dont il a été par ses écrits l’un des plus fervents apôtres. Il ne fut pas ingrat envers son maître, qu’il préserva par son crédit d’être banni de la Hollande.

La mort de son père (10 novembre 1699) l’appela à siéger à la Chambre haute, où sa santé, comme ses goûts, lui permettaient peu d’assister. Cependant une nouvelle importante lui étant parvenue au fond du comté de Sommerset, quoique souffrant, il trouva des forces dans son patriotisme, et voyagea avec une telle rapidité que le lendemain il discutait au milieu des lords. Son influence était grande au sein de la nation et dans la formation d’un parlement, à une époque où se mûrissaient des intérêts graves. Guillaume III le félicita d’avoir fait pencher la balance en faveur des meilleurs choix. Le roi, qui l’appréciait, lui offrit encore la place de ministre : Shaftesbury n’accepta que celle de libre et sincère conseiller.

Disgracié par une intrigue de cour sous la reine Anne, il alla quelque temps revoir ses modestes amis de la Hollande. Il était de retour en Angleterre, lorsque des troubles excités dans quelques provinces par l’illuminisme de ces réfugiés français, qu’on appela les prophètes des Cévennes, lui inspirèrent une Lettre sur l’Enthousiasme, qu’il adressa en 1708 à lord Somers, président du Conseil. Cette lettre, chef-d’œuvre de sarcasme, fut un bienfait pour ceux dont elle raillait le fanatisme. Elle fit tomber les décrets rigoureux des mains des hommes d’état, qu’elle avait forcés à rire, réduisit les illuminés à chercher dans le silence un asile contre des bons mots populaires, et les sauva du martyre par le ridicule.

La plupart de ses écrits datent de cette dernière époque de sa vie, les Moralistes, le Sens commun, le Soliloque ou Avis à un auteur. Lui-même avant sa mort il les avait réunis en un corps d’ouvrages sous le titre de Characteristicks of men, manners, opinions, times (Traits caractéristiques des hommes, des mœurs, des opinions et des temps). Ses doctrines philosophiques, dont Pope s’est beaucoup servi dans l’Essai sur l’Homme, sont irréprochables sous le point de vue moral ; elles tendent à établir que la vertu est le souverain bien, et le vice le plus grand des malheurs. En métaphysique, elles vont droit à l’optimisme, auquel Voltaire, armé de sa puissante raison, a porté de si rudes coups. Les théologiens de toutes les religions se sont élevés avec violence contre l’esprit de satire que Shaftesbury porte dans l’examen des faits et des dogmes de l’ancien et du nouveau Testament. La circonspection même de son langage ne leur a paru qu’un piège de plus. Ils ont pour eux l’autorité de Voltaire, qui juge que « Shaftesbury surpassa de bien loin Herbert et Hobbes pour l’audace et le style, et que son mépris pour la religion chrétienne éclata trop ouvertement ». Le docteur Blair, en soutenant la même accusation, rend une ample justice au talent de l’écrivain. Il admire la fermeté, la richesse et l’harmonie de son langage, auquel il ne reproche qu’un peu de prétention et d’afféterie.

Dans son traité du Sens commun, Shaftesbury semble avoir eu en vue de commenter le ridiculum acri d’Horace. « Il y donne, dit un critique, le ridicule comme la vraie pierre de touche de la vérité, et la disposition à le répandre sur toutes sortes de sujets, et plus particulièrement sur des sujets religieux, comme une marque certaine de discernement et de justesse d’esprit. » Cette maxime, trop généralisée, serait au moins contestable. Qu’on emploie le ridicule avec des fanatiques, des fous furieux, incapables de raisonnement, à la bonne heure ; mais dans une discussion entre gens faits pour s’estimer, le ridicule aigrit les cœurs sans persuader les esprits ; il est le signe du dédain, et le dédain est ce qu’on pardonne le moins.

La santé de Shaftesbury s’affaiblissant de jour en jour, une consultation de médecins l’envoya en Italie, où il retrouva les inspirations de sa jeunesse, et termina le Jugement d’Hercule et une Lettre sur le Dessin. Il s’occupait à revoir ses œuvres, dont il se proposait de donner une édition élégante, lorsqu’il mourut à Naples, à l’âge de quarante-deux ans. Il avait épousé quatre ans auparavant Jeanne Ewer, sa parente, dont il eut un fils qui lui succéda.

Paul Deport.

 
 
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