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Reine Hildegarde, carolingienne. Naissance, mort, mariage, règne. Carolingiennes

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Reines, Impératrices
Biographie des reines et impératrices françaises. Vie des souveraines, faits essentiels, dates-clés. Histoire des règnes
Hildegarde
(née vers 757, morte en avril 783)
(Épouse Charlemagne (roi des Francs) en 772)
Publié / Mis à jour le lundi 1er février 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 6 mn
 

Charlemagne n’avait pas longtemps tardé à remplacer Désidérade, fille de Didier, roi des Lombards ; il venait d’épouser Hildegarde, fille de Gérold Ier de Vintzgau et d’Emma d’Alémanie, d’origine allemande. La beauté de la nouvelle reine était déparée par une grosse voix, qu’Eginhard et le moine de Saint-Gall signalent tous deux comme un défaut ; elle n’en fut pas moins la plus aimée des épouses de Charlemagne, et celle dont le nom est resté le plus en honneur.

Il y avait peu de temps que cette alliance était conclue, et que Didier s’était déclaré l’ennemi de Charlemagne, lorsque ce roi accrut la difficulté de sa position en offensant le pape. Ce n’était plus Etienne qui régnait, ce pontife était mort en 772 ; Adrien, de naissance illustre, avait été élu : Didier avait contribué à son élection ; mais il saisit quelques-unes des terres de l’exarchat ; puis, étant entré sur le territoire de Rome avec les fils de Carloman, il voulut obliger le pape à couronner ces enfants rois d’Austrasie.

Le pape demandait la restitution des villes ; Didier voulait le couronnement des enfants ; dans cette perplexité, Adrien s’adresse à Charles, qui saisit avec ardeur l’occasion de pénétrer en Italie, d’arrêter les prétentions de ses neveux, et de conquérir la Lombardie. Il assemble une armée à Genève, passe les Alpes au Mont-Cenis, tandis que Bernard, son oncle paternel, les traverse au Mont-Joux. Les troupes de Didier, au lieu de garder les passages, sont saisies d’une terreur panique, abandonnent leur roi, et laissent la plaine ouverte aux Francs (774). Didier est obligé de s’enfermer dans Pavie, tandis qu’il envoie à Vérone son fils Adalgise, avec la veuve et les enfants de Carloman.

Les habitants de Spolette et de Rivelto avaient déjà abandonné Didier pour se donner au pape ; à l’aspect de la mauvaise fortune du roi lombard, la défection devint générale ; toute la marche d’Ancône se soumit à Charlemagne, qui traversa la Lombardie comme un conquérant auquel rien ne résiste. Deux villes, seules, s’étaient mises en état de défense, Pavie et Vérone. On entrait en hiver. Charles établit son camp devant Pavie ; et, pour montrer mieux qu’il ne voulait quitter l’Italie que quand il aurait tout soumis, il fit venir sa nouvelle épouse Hildegarde. Ainsi, dans Pavie, l’épouse répudiée et son père assiégé ; devant Pavie, la nouvelle reine qu’un revers de son mari aurait perdue.

Mais il est des heures d’agonie pour les peuples : Charlemagne accomplissait sa destinée, il faisait tomber la nation lombarde, affranchissait Rome chrétienne, et traçait de sa puissante épée la limite territoriale qui assurait le centre de l’unité catholique. Didier, cependant, n’était pas sans courage ; quoiqu’il se vit presque abandonné des siens, il ranimait les espérances des habitants de Pavie, et prolongeait la défense du siège. Charles avait compté sur la famine pour forcer la ville à se rendre. Après les fêtes de Noël, il jugea convenable de quitter Pavie et d’aller attaquer Vérone, qu’Adalgise renonça à défendre ; ce jeune prince fuit jusqu’à Constantinople, où il trouva un refuge.

Les habitants de Vérone se rendirent, et livrèrent au vainqueur la veuve et les fils de son frère. Un manuscrit de Saint-Pons de Nice porte que Siagrius (connu sous le nom de saint Siacre), le plus jeune des enfants, fut élevé à l’abbaye de Saint-Pons, s’y fit religieux, et que le pape Adrien lui conféra plus tard l’évêché de Nice. C’est ce Siagrius qui transféra le siège épiscopal de Cimiers à Nice. C’est le seul indice que nous ayons sur la famille de Carloman. Charlemagne revint de Vérone à son camp de Pavie, et de là alla passer les fêtes de Pâques à Rome ; il faut lire dans Eginhard la réception que lui fit le pape Adrien, et la magnificence de son entrée.

Charles, dans tout l’éclat de la jeunesse et de la gloire, tous ses traits portant l’empreinte de la douceur et de la majesté, se vit saluer aux acclamations de trente mille personnes, accourues à sa rencontre pour lui faire une escorte. A mille pas de la ville, les jeunes garçons, instruits dans les arts ou les métiers, chaque école ayant sa bannière ; tous portant des branches d’olivier, et chantant les louanges du roi, le reçurent pour l’accompagner au Vatican. Charles, à leur approche, mit pied à terre : il monta les degrés du Vatican, en baisant chaque marche avec respect.

Adrien était venu l’y recevoir entouré d’un nombreux cortège d’évêques ; le pape et le roi s’embrassèrent. Charles visita ensuite le tombeau des apôtres ; et le pontife et le roi jurèrent mutuellement, sur le corps de saint Pierre, de ne rien entreprendre sur les droits l’un de l’autre : noble amitié que celle qui les unit ! On a une médaille, restée comme un monument de cette alliance entre deux grands hommes, et représentant le pontife et le roi, la main sur l’Évangile, avec cette exergue : Avec toi comme avec Pierre. Avec toi comme avec la Gaule.

Le lendemain, jour de Pâques, après le service, le pape donna au roi un magnifique festin. Le troisième jour, il lui fit rendre grâce, par une harangue, de tous les dons que ses prédécesseurs avaient reçus de Pépin. Le quatrième jour, il célébra l’office devant le roi, à Saint-Paul, et le cinquième, il le pria de confirmer la donation de Pépin au Saint-Siège. Charles se fit lire les lettres à plusieurs reprises, les confirma, y apposa son sceau, les fit signer de tous les évêques, de tous les comtes, de tous les abbés, et de tous les seigneurs présents, en fit faire deux copies, déposa l’une sur l’autel de saint Pierre, prit l’autre avec lui ; puis, les fêtes passées, il revint à Pavie.

On cherche vainement dans le récit de cette réception le nom de la reine Hildegarde ; Eginhard ne nous dit pas si cette princesse accompagna son mari dans ce voyage, ou si elle resta au camp devant Pavie. A Pavie, on souffrait tous les maux qui peuvent accabler une ville assiégée ; le peuple éclatait en murmures ; à la fin, les femmes, réduites au désespoir, massacrèrent Hunald, investi du commandement. L’infortuné roi renonça à l’espoir de se soutenir plus longtemps ; il sortit de la ville, et se livra à Charlemagne avec sa femme et ses enfants. Charles lui témoigna de la compassion, et l’envoya à l’abbaye de Corbie. Les vies malheureuses trouvaient alors un asile dans le silence des monastères ; il arrivait que des âmes brisées se retrempaient dans la paix et le repos, et qu’à la fin elles trouvaient le calme si elles n’avaient pas le bonheur.

Le nom de Désidérade n’est pas prononcé à la prise de Pavie ; on ne sait pas quelle fut la fin de cette princesse, qui n’avait été unie à Charlemagne que pour éprouver une humiliation plus profonde, et pour voir ruiner son père et son pays, par l’homme qui avait été son époux. C’était en 774, Berthe au grand pied, la mère de Charlemagne, vivait encore. Un second voyage de Charlemagne à Rome, après la prise de Pavie, resserra les liens de son amitié avec le pape Adrien, amitié qui dura autant que la vie, que rien n’altéra, et dont il reste des témoignages dans la correspondance de Charles et d’Adrien. Charles voulut être couronné roi des Lombards.

A quelques lieues de Milan, à la chapelle de la Monza, se gardait dans un riche reliquaire la couronne de fer, œuvre de Théodelinde. C’était un cercle de fer revêtu d’une lame d’or, dont Théodelinde avait couronnée son époux Agisulphe. On dit qu’elle l’avait fait faire avec un des clous ayant percé les mains et les pieds du Christ, et que lui avait donné le pape Grégoire. Charlemagne la mit sur sa tête, l’archevêque oignit son front de l’huile sacrée, en répandit sur les épaules qui portent le faix de l’état, sur la poitrine, centre des affections, aux jointures des bras qui soutiennent les armes ; puis il ceignit le roi d’une épée, lui mit les bracelets aux bras, l’anneau au doigt, et Charles, couronné roi d’Italie, repassa les monts, comblé de gloire.

C’est à cette époque que, quittant les fermes royales, Charlemagne établit sa résidence à Aix-la-Chapelle, et y tint sa cour. L’été, les soins de la guerre l’appelaient au loin. Cinquante-trois expéditions militaires témoignent de sa prodigieuse activité. L’hiver le ramenait dans l’enceinte paisible de son palais : il y recevait les comtes, les ducs, les barons ; il chérissait particulièrement l’entretien des prélats et des savants, admettait plusieurs d’entre eux à son amitié, et se montrait facile, tout en maintenant l’ordre et en prescrivant l’amour du devoir.

La reine présidait avec lui ce cercle, et il l’emmenait souvent dans ses expéditions. En 780, elle l’accompagna avec ses enfants dans un voyage à Rome, entrepris, dit Éginhard, « pour y prier et accomplir des vœux ». Tout cet hiver, Charles le passa avec la reine en Italie ; il célébra la fête de Noël à Pavie, et celle de Pâques à Rome, où le pontife Adrien donna l’onction royale aux enfants du roi, à Pépin, comme roi de Lombardie, et à Louis, comme roi d’Aquitaine. La famille royale vint ensuite à Milan, où l’évêque Thomas tint sur les fonts sacrés Gisèle, née depuis peu affirme Éginhard dans les années 780-781.

Quand la rigueur de la saison ou la santé de la reine ne permettait pas à cette princesse d’accompagner le roi, elle vivait dans la retraite, occupée d’exercices pieux. Elle partageait avec Charlemagne l’administration des domaines et des fermes, dont elle surveillait les redevances ; elle savait le nombre des œufs de ses basses-cours et le produit des légumes de ses jardins. Charlemagne jugeait que la sage économie d’un roi ne doit pas craindre de s’abaisser à ces détails, et que la reine, étant la mère de ses sujets, leur devait l’exemple ; les Capitulaires portent qu’on rendra compte également, au roi et à la reine ; le soin que Charlemagne savait mettre à l’administration de ses revenus, l’empêchait d’exiger autant du peuple et lui permettait de faire des aumônes considérables.

Hildegarde l’imitait ; lorsque Charlemagne envoya des ambassadeurs au calife Aroun-al-Raschid, dont il avait reçu de magnifiques présents, la reine leur donna, pour le soulagement des chrétiens d’Orient, ce qu’elle avait de plus précieux dans ses trésors ; car, en ce temps où les échanges de commerce et d’argent étaient si peu communs, la richesse des rois consistait, comme on le vit plus tard dans les palais de l’Orient, en une quantité de trésors, de bijoux et d’étoffes précieuses.

Hildegarde fonda l’abbaye de Hempten ; elle eut neuf enfants de Charlemagne : Louis, le dernier de ses fils né en 778 au château royal de Chasseneuil, en Aquitaine, pendant l’expédition de Charles en Espagne, devint empereur d’Occident sous le nom de Louis Ier le Débonnaire et fut le seul enfant mâle qui lui survécut ; Charles (né en 772 et mort en le 4 décembre 811), Pépin (de son vrai prénom Carloman, né en 777, recevant le nom de Pépin lors de son baptême en 781 avant son couronnement comme roi d’Italie, et mort le 8 juillet 810) et Lothaire (frère jumeau de Louis, né en 778 et mort en 779) moururent avant leur père ; Adélaïde, l’aînée des filles de Hildegarde, mourut au berceau en 774 ; la dernière fille, qui portait se prénommait Hildegarde comme sa mère, coûta la vie à la reine, en 783.

C’est en effet cette année-là, à Thionville, la veille de l’Ascension, que Hildegarde, encore jeune, mourut amèrement pleurée. Les trois princesses qui lui survécurent et qui restèrent à la cour de leur père, se nommaient Rotrude (née en 775 et morte le 6 juin 810), Berthe (née en 779 et morte en 823) et Gisèle (née en 781).

Elles étaient élevées dans l’étude des lettres, ce qui n’empêchait pas qu’elles ne fussent accoutumées de bonne heure à monter à cheval, pour suivre les chasses royales auxquelles elles prenaient part, et pour voyager dans leurs nobles métairies ; elles étaient habiles aussi aux ouvrages de femme, car Charlemagne voulait que la toile de ses vêtements fût filée par ses filles. On peut dire que l’affection qu’il avait pour elles alla même trop loin, puisqu’elle ne lui permit pas de s’en séparer, et l’empêcha de leur chercher des alliances convenables, en sorte que son indulgence encouragea la légèreté de leur conduite, lorsqu’en demeurant à la cour, elles se virent entourées de toutes les séductions.

 
 
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