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Reine Nantilde (Francs), mérovingienne. Naissance, mort, mariage, règne. Mérovingiennes

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Reines, Impératrices
Biographie des reines et impératrices françaises. Vie des souveraines, faits essentiels, dates-clés. Histoire des règnes
Nantilde ou Nantechilde
(née en 609, morte en 642)
(Épouse Dagobert Ier (roi des Francs) en 629)
Publié / Mis à jour le dimanche 31 janvier 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 6 mn
 

Dans la bataille discrète que se livraient les seigneurs neustriens et austrasiens pour s’attirer les faveurs de Dagobert Ier dès qu’il devint roi des Francs en 629, les premiers l’emportèrent sur les autres, en le prenant par son point faible, en le prenant par ses passions. La reine Gomatrude était austrasienne : les Neustriens qui connaissaient l’inclination amoureuse du prince, le portèrent à la répudier sous prétexte de stérilité, pour épouser Nantilde, l’une de ses suivantes. Frédégaire affirme qu’ayant entendu la voix de Nantilde dans un chant religieux à l’abbaye de Romillé, Dagobert avait voulu la voir et l’avait épousée, brisant le lien du mariage qui l’unissait à Gomatrude dès 629.

L’Histoire retint le nom de Nantilde, bien que Dagobert s’abandonnât sans frein à tous les désordres après l’avoir épousée. Nantilde fut la seule qui sût en effet conserver la confiance et l’estime du roi, tandis qu’il livrait son cœur à de nouvelles passions. On sait notamment qu’il appela près de lui Ragnetrude en 630 (dont il eut un fils, Sigebert, qui régna du vivant de son père sous le nom de Sigebert III sur l’Austrasie et l’Aquitaine), puis couronna successivement Vulfégonde et Berchilde, sans que ce nombre de femmes, solennellement reconnues, l’empêchât d’avoir encore des femmes de second rang que l’histoire ne nomme pas.

Nantilde fut longtemps sans avoir d’enfants et vit élever près d’elle le fils de Ragnetrude, que Dagobert fit reconnaître pour roi d’Austrasie en 633 : en cela le roi fit une œuvre de sagesse, car les Austrasiens, jaloux de leur indépendance, ne pouvaient voir qu’avec irritation la réunion des deux royaumes. Clotaire II avait eu à redouter leur turbulence, et depuis que Dagobert Ier régnait, il ne pouvait suffire à défendre leurs frontières incessamment attaquées par deux peuples de Germanie, les Frisons et les Grisons.

La pensée de travailler pour un maître étranger ôtait aux Austrasiens tout courage pour combattre. C’est donc avec enthousiasme qu’ils accueillirent la démarche que fit Dagobert en leur amenant son fils : le roi convoqua à Metz les leudes et les évêques d’Austrasie, et leur dit : « Je vous donne mon fils Sigebert ; il sera votre roi ; prenez-le à ma place, et soyez-lui de bons et loyaux serviteurs. » Le maire Pepin, le duc Adalgise et l’évêque de Cologne Cunibert, durent gouverner pour leur jeune roi ; l’Austrasie, en redevenant un royaume, reprit sa force et sa vigueur, et elle prospéra pendant toute la durée du règne de Sigebert (633-656). Elle était appelée à dominer bientôt sous le règne des maires du palais.

Nantilde avait vu sans jalousie ces honneurs et cette puissance accordés au fils de Ragnetrude, mais en 634, et lorsque, après une longue stérilité, on n’espérait plus lui voir d’enfants, elle eut un fils qu’elle nomma Clovis, et dont la naissance causa une grande joie à Dagobert. La reine songea aussitôt à assurer l’avenir de cet enfant, et ne cessa de presser Dagobert de donner la Neustrie à Clovis, comme il avait donné l’Austrasie à Sigebert. Les leudes neustriens venaient en aide à la sollicitude de la reine, car ils auraient redouté sans cette mesure de se voir un jour réunis à l’Austrasie.

Le roi consentit à ce qu’on demandait de lui ; dans un plaid où furent convoqués les leudes et les évêques de Neustrie et d’Austrasie, il fit un partage des royaumes ; tous les leudes jurèrent de maintenir ce partage. La Bourgogne et la Neustrie furent promises à Clovis qui venait de naître, tandis que l’Austrasie restait à Sigebert. Ce partage fut bientôt suivi d’un plaid plus solennel encore. La pensée de cette seconde assemblée fut inspirée à Dagobert par les remords qui l’agitaient. A mesure que les désordres de sa vie allaient croissant, le pressentiment d’une mort prématurée le troublait. Il pensa à racheter par de pieuses libéralités les fautes de sa vie et voulut qu’après sa mort on fît en son nom des offrandes expiatrices pour le repos de son âme.

Le plaid qu’il tint pour préparer les esprits à l’exécution de ses volontés, eut lieu à Guarches, le 23 mai 636. On n’avait pas encore vu d’assemblée aussi magnifique. Les évêques et les leudes réunis, les fils du roi présents, Dagobert au milieu d’eux, assis sur un trône d’or, œuvre de saint Éloi, couvrit sa tête de la couronne royale, et, d’un ton qui offrait le mélange de l’autorité et de la prière, comme un roi qui commande et comme un père qui lègue ses dernières volontés, il prononça un discours dans lequel il rappelait « la fragilité de la vie, l’inévitable jugement de Dieu, la nécessité de désarmer sa justice, les souffrances des pauvres, le dénuement des églises, les nécessités des saints, les miséricordes du ciel promises à ceux qui y subvenaient, enfin ses erreurs et ses fautes, le désir qu’il éprouvait de les expier, l’espoir qu’il avait d’en soulager le fardeau en consacrant à de saintes œuvres tous les domairies privés qu’il avait acquis ».

Cette espèce d’homélie fut écoutée avec un respect profond, car elle s’accordait avec les idées du temps, où le fond de barbarie des mœurs empêchait de saisir l’essence du christianisme, et où trop souvent les grands, méconnaissant le véritable esprit de la charité et de l’aumône, pensaient moins à plaire à Dieu et à soulager leurs frères, qu’à racheter leurs fautes par des dons pieux, sans songer à réformer leur propre cœur. Aussi la parole de Dagobert excita-t-elle l’admiration. On écouta on silence la lecture qu’il fit faire à haute voix de son testament ; et quand, après cette lecture, le roi reprit la parole en conjurant ses fils et ses leudes d’en protéger l’exécution, chacun aurait cru commettre un sacrilège s’il s’y fût refusé. On prêta un serment solennel, le roi y fit apposer le sceau de chaque royaume, et ordonna qu’il en serait déposé quatre copies, une à son trésor, et trois aux cathédrales de Metz, de Lyon et de Paris.

Six mois à peine étaient écoulés depuis cette cérémonie, l’évènement justifia les pressentiments du roi. Une maladie subite le surprit dans sa maison d’Epinay, et ne laissa bientôt plus d’espérance. Dagobert se fit porter dans la basilique de Saint-Denis ; puis, voyant que tout était inutile et que son heure était venue, il fit venir Éga, maire du palais de Neustrie. « Voici que je vais cesser d’être roi, lui dit-il, prends soin de mon fils Clovis, de ma femme Nanthilde. Je les confie à ta sagesse et à ta fidélité ; enseigne à mon jeune fils comment il devra régner, afin qu’il le fasse pour le bien des peuples ».

Ayant reçu le serment d’Éga, il fit appeler ses leudes, et leur dit : « Mon jour est proche, souvenez-vous des droits de mon fils ; souvenez-vous de sa mère ; jurez tous devant moi que vous obéirez à Clovis comme vous m’avez obéi. » Dagobert mourut en 639, et l’on vit commencer à sa mort, par une double régence en Austrasie et en Neustrie, l’époque la plus paisible de ces deux royaumes, près de vingt-deux années passées sans troubles. En Austrasie, ce bonheur fut l’œuvre de Pepin de Landen et des vertus de Sigebert. En Neustrie, on le dut à deux femmes, Nantilde et Bathilde (cette dernière épousa Clovis II, fils de Nantilde et de Dagobert Ier), qui surent faire du règne d’un prince faible une époque de paix et de justice.

Le premier acte de l’administration de Nantilde fut relatif au partage que les leudes des trois royaumes avaient promis de respecter, mais dans lequel il n’a pas été fait mention du trésor de Dagobert. Pepin de Landen, maire d’Austrasie, ne crut pas devoir laisser à Clovis le trésor entier, et députa vers Nantilde pour en revendiquer la moitié au nom de Sigebert. La reine eut la prudence de ne pas prendre sur elle cette détermination, car il fallait d’une part ménager les Austrasiens, et de l’autre ne rien faire que les leudes de Neustrie pussent lui reprocher comme contraire aux intérêts de Clovis ; elle assembla un plaid, qui se tint à Compiègne, et auquel on donna la même solennité qu’aux deux derniers plaids tenus par Dagobert. Cunibert et Pépin y assistaient pour le roi d’Austrasie, et il y fut décidé que les richesses qui formaient le trésor de Dagobert seraient divisées en trois parts : l’une pour le roi d’Austrasie, l’autre pour le roi de Neustrie, et la troisième pour la reine, mère de Clovis II.

L’administration de Nantilde ne trouva point d’opposition parmi les leudes que l’habileté d’Éga savait maintenir ; la discrétion, le tact et la douceur distinguaient ce maire, heureusement placé pour aider la régence de Nantilde ; mais Nantilde eut la douleur de perdre cet appui. Il mourut jeune. Sentant sa dernière heure, il voulut assurer la mairie à son gendre Hermanfrield, mais celui-ci perdit sa cause par sa violence. Dans un plaid assemblé à Riez, il tua le comte Ænulf, un de ses compétiteurs, meurtre qui rompit brusquement le plaid, car les leudes prirent les armes, poursuivirent le meurtrier, pillèrent ses domaines, massacrèrent ses partisans, et le forcèrent à chercher un asile dans la basilique de Reims.

Éga, sur le lit où il languissait, apprit avec douleur l’emportement de son gendre et le désordre qui en était la suite ; mais dès qu’il eut fermé les yeux, les leudes, réunis précipitamment, firent un choix plus heureux qu’on n’avait dû l’attendre des conjonctures dans lesquelles ils s’assemblaient ; leurs suffrages, presque unanimes, se réunirent sur le comte Erchinoald, de la famille de la reine Bertrude, aïeule du roi, et d’un caractère tel qu’il savait se concilier l’amour et la confiance de tous ceux qui l’approchaient.

A la prudence et à l’habileté de son prédécesseur, il joignait une grande bonté, un caractère affectueux, une modestie pleine de charme ; il accepta les fonctions de maire avec la ferme volonté de les remplir toujours selon sa conscience, en sorte que jamais des vues intéressées ou ambitieuses ne le détournassent des mesures d’équité, de sagesse ou de politique utiles au roi et à l’État. Frédégaire écrit de lui qu’ « il aima tellement la paix, qu’il devint agréable à Dieu ; il était sage, mais surtout d’une extrême bonté, ne s’enrichit que modérément, et fut chéri de tout le monde ».

Cependant la Bourgogne et la Neustrie, réunies en 613 sous le gouvernement de Clotaire II, étaient régies par des lois différentes, et prétendaient former des royaumes à part. La Bourgogne avait fait partie autrefois du lot de Gontran ; les leudes se refusèrent à obéir au nouveau maire de Neustrie ; ils alléguaient que le serment qui les avait soumis à l’autorité d’Éga, ne les obligeait point à l’égard de son successeur, et que, s’ils demeuraient fidèles à la reine et à son fils, ils voulaient au moins qu’elle leur donnât un maire pris parmi eux.

La prudence de Nantilde triompha de cette difficulté ; de concert avec Erchinoald, elle fit choix du comte Flaochat, leude de Bourgogne, qu’elle connaissait habile, actif, fidèle dans son dévouement, et dont elle s’assura l’amitié, en lui donnant en mariage sa propre nièce Ragnoberte ; puis elle écrivit aux évêques, parla aux leudes, et réunit à Orléans l’assemblée des leudes de Bourgogne, qui donnèrent leur voix à Flaochat . La division se mit entre le nouveau maire et un leude du nom de Villebald ; ils en vinrent aux mains : Villebald fut tué, mais Flaochat ne lui survécut que de quinze jours. On ne réélut point de maire et l’autorité resta sans partage à Erchinoald.

Nantilde, dont l’administration prudente n’avait été troublée que par ces deux événements, la courte révolte d’Hermanfrield et l’inimitié de Villebald, ne vit ni le triomphe ni la mort de Flaochat ; elle venait d’être enlevée par une courte maladie, dans un temps où le caractère et la jeunesse du roi auraient encore demandé toutes ses lumières. Mais une autre femme vint prêter à Clovis l’appui de ses talents et de ses vertus, Bathilde.

Nantilde eut un seul enfant avec Dagobert : Clovis, né en 634 et mort en 657, qui fut roi de Bourgogne et de Neustrie sous le nom de Clovis II.

 
 
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