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Bourgogne : origine et histoire du département Yonne

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Départements français
Histoire des départements français. Les événements, histoire de chaque département : origine, évolution, industries, personnages historiques
Histoire du département de l’Yonne
(Région Bourgogne)
Publié / Mis à jour le dimanche 31 janvier 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 7 mn
 

Dans la division de la France en départements, celui de l’Yonne fut surtout formé de deux petites provinces, le Sénonais et l’Auxerrois, qui faisaient partie, l’un de la première Champagne, et l’autre de la Bourgogne. Les Romains trouvèrent la contrée habitée par les Senones peuple puissant de la confédération gauloise ; leur capitale était Agedincum : son nom actuel, Sens, rappelle celui de ses fondateurs.

Le pays des Senones fut compris dans la quatrième Lyonnaise, qui lui emprunta sa désignation particulière de Senonie. De 408 à 410, les Burgondes ou Bourguignons vinrent disputer et enlever aux Romains leur conquête ; la Sénonie fut incorporée au nouveau royaume de Bourgogne, et, comme pour constater l’origine des nouveaux maîtres, dès les premiers temps de l’établissement du christianisme, l’archevêque de Sens prenait le titre de primat des Gaules et de Germanie.

Les Francs succédèrent aux Bourguignons ; Clotaire, en 558, réunissait la Bourgogne au vaste héritage de Clovis. A sa mort, le partage de ses États amena la reconstitution d’un royaume de Bourgogne, que les premiers Carlovingiens réunirent encore à la couronne de France.

Sous les descendants de Charlemagne et de Louis le Débonnaire, le morcellement de la France et l’affaiblissement de la monarchie donnèrent au duché de Bourgogne une existence à peu près indépendante, mais dénuée d’intérêt historique jusqu’à l’avènement des Capétiens.

Robert le Fort, dont les exploits préparaient à ses neveux le, chemin du trône, vint aider les Bourguignons de l’Yonne à repousser les Normands. C’était alors le titre principal à la reconnaissance des populations ; le duc Raoul avait dû à des services pareils de pouvoir impunément se faire proclamer roi de France ; il était mort à Auxerre, en 936, sans laisser d’héritier direct. Son frère puîné, Hugues le Noir, qui lui succéda, mourut aussi sans postérité, ainsi que Giselbert, successeur des deux princes, comme époux de leur soeur Ermengarde. Hugues le Grand, petit-fils de Robert le Fort, et qui avait épousé une autre soeur de Raoul et de Hugues le Noir, devint donc à la fois duc de Bourgogne, duc de France et comte de Paris.

Le sentiment de l’unité monarchique était alors si peu dans les esprits, que cette occasion précieuse de concentrer dans les mêmes mains les principales provinces du royaume fut encore perdue. Othon, second fils de Hugues Capet, fut duc de Bourgogne, et après lui, à défaut d’enfants son frère Henri. La femme de ce dernier prince, Gerberge, voulut lui donner pour successeur un fils qu’elle avait eu d’un premier mariage, Othon Guillaume, et qui ne tenait par aucun lien de parenté à la famille des Capets.

Le roi Robert le Pieux réclama contre cette usurpation ; il trouva dans la province une redoutable hostilité à la légitimité de ses droits ; il tenta de reconquérir par les armes l’héritage qui lui était contesté ; il assiégea vainement Auxerre ; repoussé par Landry, il dut accepter l’arbitrage d’un concile convoqué à Airy en 1015. Pour donner plus de solennité à la réunion, on y transporta les châsses des saints de Montier-en-Der, de Saint-Pierre-le-Vif et de Châtillon-sur-Seine.

La sentence abandonna à Othon-Guillaume la Bourgogne d’outre-Saône ; la contrée d’Yonne fut adjugée à Robert. Il se hâta d’investir du duché, limité conformément à l’arrêt, son second fils Henri. Celui-ci, étant devenu roi de France par la mort de son frère, transmit à son tour l’apanage à son autre frère Robert, « pour qu’il le tint en pleine propriété et souveraineté, sauf foi et hommage au roi, et le fit passer à ses héritiers. » C’est ce Robert qui fut la tige de la première race royale des ducs de Bourgogne. Cette dynastie dura de 1033 à 1361 et s’éteignit dans la personne de Philippe de Rouvres, qui mourut à quatorze ans avant d’avoir été marié.

Pendant cette période, la maison de Bourgogne conserva à l’égard des rois de France une attitude respectueuse et dévouée, nous voyons les ducs de cette branche assister comme premiers pairs du royaume au sacre des souverains, les assister dans les guerres de l’intérieur et du dehors, les accompagner en terre sainte, pendant les croisades, et occuper avec fidélité et dignité les plus hautes fonctions de l’État. Leurs efforts sont constamment dirigés vers l’agrandissement de leurs domaines ; mais ils poursuivent généralement leur but par des moyens honorables et pacifiques.

Outre le démembrement qu’avait opéré la sentence du concile d’Airy, un comté de Bourgogne avait été constitué en grande partie avec la Franche-Comté, des fiefs nombreux et importants avaient été détachés à divers titres du duché proprement dit ; c’est à la récupération de ces pertes que les ducs travaillèrent et souvent avec succès ; c’est ainsi que Hugues III acquit de l’évêque de Langres, par échange, des terres que le prélat possédait enclavées dans le Dijonnais.

Hugues VI acheta le comté d’Auxonne à un autre Hugues, comte de Bourgogne ; Semur-en-Auxois lui revint comme fief de son duché, la race des seigneurs étant éteinte ; il obtint encore du comte Jean de Châlon, par échange et cession, le comté de Charolais et Châlon-sur-Saône. Si nous ajoutons à ces conquêtes l’annexion des villes de Beaune, d’Avallon, du Briennois, des deux Semur et du pays de la montagne, dont la capitale est Châtillon-sur-Seine, on trouvera que le duché avait repris d’imposantes proportions.

L’émancipation des communes, crise si orageuse ailleurs, s’était accomplie sans grands déchirements. La constitution politique de la province, basée sur la représentation, dans les états de Bourgogne, de la noblesse, du clergé et du tiers état, fonctionnait sans confusion et sans violences.

C’est dans ces favorables conditions que le duché fit une fois encore retour à la couronne par la mort du jeune Philippe, dernier de sa race. Le roi Jean, accepté comme héritier par les états, avait à peine recueilli la succession, qu’il la transmit à soli quatrième fils, Philippe le Hardi. De l’investiture de Philippe en 1364 à la mort de Charles le Téméraire, arrivée en 1477, il ne s’écoula qu’un siècle, mais, pendant ce temps, combien de désastres, quelles affreuses calamités causa à la France, à la patrie commune, déchirée et trahie, cette seconde dynastie des ducs de Bourgogne !

Il ne faut pas chercher leur histoire dans le département de l’Yonne, elle est dans la Guyenne et dans les Flandres, sous les murs mêmes de Paris, partout où il y a une blessure à faire à la France. La Providence donna à la monarchie un champion digne de ses adversaires. Louis XI s’empara de l’héritage de Charles le Téméraire, ne laissant à sa fille Marie que le comté de Bourgogne.

Plus tard, Charles-Quint exigea de François Ier, son prisonnier, la cession du duché de Bourgogne ; mais les états protestèrent, et le traité de Cambrai n’accorda que le Charolais à la maison d’Autriche. L’attitude patriotique des états, en cette circonstance, augmenta leur influence et étendit leurs prérogatives ; la coutume de Bourgogne ne fut modifiée en 1570 que de leur consentement et sur l’avis conforme du parlement. Quant à l’autorité ducale, elle ne fut jamais rétablie, l’expérience en avait trop cruellement prouvé le danger ; ce titre purement honorifique ne fut accordé qu’aux princes du sang royal, héritiers présomptifs de la couronne : il fut porté par la père de Louis XV, et le petit-fils de ce monarque la conserva jusqu’à sa mort en 1761.

Nous aurons à signaler, dans le XIIIe et le XIVe siècle, le sanglant passage des Anglais et plusieurs invasions de la peste. Sous les ducs de la seconde dynastie, l’épuisement de la monarchie française profita dans une certaine mesure à la Bourgogne l’agresseur porte la guerre sur le territoire ennemi, nos rois n’étaient pas en position de prendre l’offensive.

Mais les discordes religieuses ensanglantèrent les rives de l’Yonne. Les cruautés qui se commirent de part et d’autre avaient exaspéré les esprits, et permirent aux ligueurs de recruter dans le pays d’ardents et fanatiques sectaires. Henri IV profita de sa victoire pour incorporer le comté d’Auxerre au duché de Bourgogne. La tranquillité du pays fut encore troublée par les agitations de la Fronde ; Condé parcourut le pays et mit la siège devant Auxerre qui persévéra dans sa fidélité à la cause royale. En toute circonstance, les Bourguignons semblent avoir eu à cœur de protester contre les divisions qui furent surtout l’oeuvre des ducs.

Il n’est pas en France de province plus intimement et plus complètement française aujourd’hui que la Bourgogne. Elle a, dans les derniers temps de notre histoire, donné les preuves les plus éclatantes de son patriotisme et de sa nationalité ; dans la grande lutte de la France républicaine contre l’Europe coalisée, l’indépendance du territoire et le salut de la patrie ne rencontrèrent nulle part des citoyens plus dévoués, des soldats plus courageux ; et quand l’épuisement des forces, l’affaissement de l’esprit public, eurent amené les désastres de 1814 et les deux invasions de l’étranger, c’est sur le sol du département de I’Yonne que Napoléon Ier s’appuya pour tenter les derniers efforts d’une héroïque résistance ; c’est dans la coeur des braves Bourguignons qu’il alla puiser ses dernières ressources.

Cette affinité sympathique des deux peuples est providentielle et était indispensable à la constitution de la patrie commune ; si l’existence d’une Bourgogne, isolée dans son indépendance, fut une pensée chimérique, on doit reconnaître qu’il n’y a réellement eu une France en Europe qu’à dater du jour où la Bourgogne lui a été réunie.

Le croisement des races burgonde et sénonaise à formé, pour le département de l’Yonne, une population d’un type particulier dans lequel on retrouve aussi les traces de l’élément champenois. D’une taille moins haute, de formes moins allongées que ses frères du Dijonnais et du Mâconnais, le Bourguignon de l’Yonne est plus large de carrure ; ses membres, plus ramassés, sont plus trapus ; son visage moins régulièrement ovale est plus coloré ; on sent dans tout son extérieur l’influence de travaux moins exclusivement agricoles.

En effet, si la culture de la vigne est de beaucoup la principale industrie du département, elle s’allie dans les villes à la fabrication des objets les plus divers, dans les campagnes à l’exploitation des forêts, à la production du fer et du charbon ; elle alimente et encourage le long des fleuves et des canaux l’activité de mariniers nombreux, intermédiaires obligés pour le transport des marchandises entre la capitale et les provinces de l’est, du centre et du midi.

Les moeurs industrielles et les habitudes commerciales ont altéré dans l’Yonne moins qu’ailleurs les qualités du caractère originel. L’habitant est resté loyal, sincère, hospitalier. L’aisance générale répandue dans le pays maintient dans les relations une indépendance un peu rude, qui n’exclut aucunement la bienveillance et révèle même chez le paysan et l’ouvrier la conscience de leur dignité.

Notre histoire réservait à cette contrée des épreuves analogues à celles qu’elle avait éprouvées en 1814. En effet, durant la guerre franco-allemande de 1870-1871, le riche département de l’Yonne fut envahi par les troupes ennemies, appartenant à la Ire et à la IIe armée, sous les ordres respectifs des généraux en chef de Mauteuffel et du prince Frédéric-Charles.

Auxerre, Sens, Tonnerre, Joigny, Saint-Florentin, Chablis, et un grand nombre d’autres localités moins importantes eurent à subir les douleurs de l’occupation. Pourtant, dès le 5 octobre, le conseil général de l’Yonne votait un emprunt applicable à la défense du département, et, le 21 du même mois, une troupe composée de gardes nationaux attaquait sans grand résultat, à Grand-Puits, près de Nangis, un faible détachement prussien.

Le 11 novembre, après un essai de résistance honorable à Brienon, Joigny tombait aux mains des troupes envahissantes, et, sauf de courts intervalles, cette malheureuse cité ne devait en être débarrassée qu’après la signature de la paix. Le 12 du même mois, une colonne ennemie entrait à Sens ; quelques jours après, Villeneuve-l’Archevêque et Tonnerre étaient occupés ; le 16, un détachement allemand arrivait à Chablis ; le 20, l’artillerie prussienne envoyait sur Auxerre environ 80 projectiles ; le 21, le général Zastrow, commandant du VIIe corps, entrait dans cette ville, qui devait être abandonnée et réoccupée, plusieurs fois dans le courant de la guerre. Au premier moment, le flot des envahisseurs fut tel que chaque maison regorgeait de soldats. Il est inutile de parler des vexations de toute nature, des réquisitions et des menaces, procédés habituels de l’état-major allemand.

Ce ne fut pas seulement Auxerre que les Prussiens bombardèrent ; la petite ville de Saint-Bris eut le même sort. Le 27 décembre, Courson était livrée au pillage. Le 16 janvier, Avallon était bombardée, et le 25 un engagement eut lieu à Laroche, entre Joigny et Tonnerre ; il eut pour résultat la prise de la gare par les volontaires de l’Yonne et la destruction du pont du chemin de fer.

L’armistice préserva Auxerre, qui avait été réoccupée par des forces françaises, d’une attaque imminente ; mais, pendant la période d’occupation, le département de l’Yonne devait faire partie du gouvernement général du nord de la France, dont le siège était à Versailles et dont le chef était le général Fabrice. Son chef-lieu retombait entre les mains allemandes et devait subir la présence des troupes commandées par le général Von Fabeck. Il ne fut délivré que le 14 mars.

Les pertes éprouvées par le département de l’Yonne durant cette période néfaste de notre histoire se sont élevées à 5 705 599 francs.

 
 
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