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Lorraine : origine et histoire du département Vosges

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Départements français
Histoire des départements français. Les événements, histoire de chaque département : origine, évolution, industries, personnages historiques
Histoire du département des Vosges
(Région Lorraine)
Publié / Mis à jour le dimanche 31 janvier 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 7 mn
 

La contrée qui est bornée à l’est par le revers occidental des Vosges et au sud par les monts Faucilles et une partie du plateau de Langres était habitée jadis par une population que César désigne sous le nom de Leuces (Leuci). Comme pour la plupart des peuples de l’ancienne Gaule, l’histoire ne commence pour les Leuces que du jour où ils se trouvent en contact avec les Romains. Ces conquérants, qui rencontrèrent sur le sol gaulois de si redoutables adversaires, n’eurent avec les Leuces que des rapports pacifiques.

Lorsque César, se disposant à marcher contre Arioviste et les Suèves, veut rassurer son armée épouvantée, il cite les Leuces parmi les peuples amis de Rome, et qui ont promis de fournir des vivres durant la campagne. C’est que les Leuces étaient des premiers menacés par cette formidable invasion germanique dont les Suèves étaient l’avant-garde ; ils ne virent dans César que le sauveur de la Gaule. César, d’ailleurs, eut soin d’entretenir leurs dispositions sympathiques.

On voit dans ses Commentaires que la conquête romaine ne pesa -pas durement sur leur pays ; dans un passage où il énumère les populations gauloises traitées avec le plus de faveur et qui conservèrent de grandes franchises après la réduction du pays en provinces, il cite en première ligne les Leuces. Rome, qui témoignait ainsi sa reconnaissance à un peuple ami, avait su apprécier aussi ses qualités guerrières ; Lucain vante l’habileté des Leuces à manier la fronde.

Dans la division de l’empire en provinces, les Leuces furent compris dans la Belgique première. Le pays des Vosges eut sa part des misères qui signalèrent la dissolution de l’empire ; au commencement du Ve siècle, lors de la grande invasion des barbares, il fut désolé par les Vandales, qui pénétrèrent jusque dans la vallée qui donne naissance à la Moselle et ruinèrent un château et une ville qui s’élevaient sur l’emplacement d’Épinal. Un peu plus tard, la domination des Francs, qui étaient aussi de rudes conquérants, s’étendit sur la Gaule, et le pays des Vosges fit partie du royaume de Clovis et, après sa mort, du royaume d’Austrasie, dont il forma la limite méridionale ; au delà des monts Faucilles commençait le royaume des Bourguignons.

Au milieu des troubles et des violences dont la période mérovingienne présente le triste spectacle l’histoire du département des Vosges est presque tout entière dans les légendes pieuses et dans les récits des chroniqueurs sur la fondation de quelques monastères, dont les plus célèbres furent Saint-Dié et Remiremont. Dans ces temps malheureux, on ne trouvait un peu de calme et de sécurité que dans la vie monastique.

Lorsque Charlemagne, voulant organiser l’empire, établit la division administrative en comtés et légations, le pays qui répondait à peu près au département des Vosges forma trois comtés désignés sous les noms suivants : comitatus Calvomontensis (entre la Moselle et la Meurthe), comitatus Segentensis (vers Mirecourt), comitatus Vosagus (au sud du précédent). Charlemagne et son fils Louis le Débonnaire avaient une prédilection marquée pour ce pays aux vastes et sombres forêts ; ils y venaient souvent en automne pour leurs grandes chasses impériales.

Dans le démembrement de I’empire carlovingien consacré par le traité de Verdun, le pays des Vosges fit partie des États de Lothaire ler, et échut ensuite à son fils Lothaire Il ; le royaume de ce prince, qui comprenait les pays situés entre la Meuse, l’Escaut et le Rhin, était appelé la France de Lothaire (Lotharingia), d’où est venu le nom de Lorraine. Pendant un demi-siècle, la possession de ces contrées fut un continuel sujet de guerre entre les tristes successeurs de Charlemagne, princes dégénérés, mais que le souvenir du grand empereur animait d’une insatiable ambition.

Lorsque, au commencement du Xe siècle, la Lorraine fut rattachée à l’empire germanique et divisée ensuite en duchés, le pays des Vosges fit partie du duché de Lorraine mosellane ou haute Lorraine, « qui eut pour premier duc, dit M. Gérard Gley, Frédéric de Bar, beau-frère de Hugues Capet, en 959, et qui appartenait en grande partie à des seigneurs ecclésiastiques ou laïques, dont l’autorité était presque sans bornes. » (Géographie physique et historique des Vosges). Les longues luttes des petits-fils de Charlemagne, et plus tard des rois de France et des empereurs d’Allemagne, pour la possession de la Lorraine favorisèrent l’indépendance des seigneurs, qui ne laissèrent aux ducs de Lorraine qu’une autorité restreinte et des domaines fort limités.

C’est ainsi que le pays des Vosges se couvrit de ces forteresses féodales dont les vestiges subsistent encore en beaucoup d’endroits. Ce serait une longue et fastidieuse histoire que celle des démêlés et des guerres de tous ces petits tyrans féodaux entre eux et de leurs révoltes contre les ducs de Lorraine.

Nous ne ferons pas davantage l’énumération des monastères et des églises qui furent fondés alors dans le pays des Vosges par les seigneurs. Remarquons seulement que plusieurs de ces monastères donnèrent naissance à des villes, que dans ces temps de barbarie les terres ecclésiastiques étaient ordinairement plus respectées que les autres, et qu’ainsi les habitations se groupèrent autour des églises et des monastères. Telle fut l’origine d’Épinal, de Saint-Dié, de Remiremont, etc.

Mais ces villes, qui relevaient de la féodalité ecclésiastique ou laïque, grandirent en population et en importance, et il vint un temps où leurs habitants se trouvèrent assez forts pour se soustraire à la sujétion féodale. C’est au XIIIe siècle, du temps du due Ferry III, que la liberté bourgeoise s’établit dans le pays des Vosges, et que les villes y reçurent, comme dans presque toute la Lorraine, ce que l’on appelait la charte ou la loi de Beaumont ; Beaumont était une petite ville de Champagne, bâtie par un archevêque de Reims, qui avait attiré les habitants en leur accordant une constitution municipale d’après laquelle s’organisèrent un peu plus tard un grand nombre de villes.

Avec la liberté on vit renaître le commerce et l’industrie ; mais combien la sécurité manquait encore à ceux qui s’aventuraient hors des murs de leur ville ! On voit au XIVe siècle des marchands de Neufchâteau arrêtés sur la grande route et saisis, comme le serait une propriété, par des créanciers de leur seigneur. Une autre misère de cette époque était ces compagnies de pillards et de brigands qui se formaient à la faveur de la guerre entre la France et l’Angleterre, et dont les ravages s’étendirent jusqu’au pied des Vosges ; Neufchâteau fut horriblement dévasté par eux en 1371.

Au siècle suivant, le pays eut à souffrir de la guerre cruelle dans laquelle les maisons d’Anjou et de Vaudemont se disputèrent le duché de Lorraine. Le duc Charles le Hardi avait marié Isabelle, sa fille et son héritière, à René d’Anjou, qui avait hérité déjà du comté de Bar. René trouva un compétiteur dans Antoine de Vaudemont, d’une branche cadette de la famille ducale. Les prétentions de Vaudemont étaient appuyées par le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, et par les Anglais.

Mais une grande partie de la noblesse lorraine tenait pour René, qui avait reçu, en outre, quelques renforts français sous le commandement du fameux Barbazan et de Baudricourt, le capitaine de Vaucouleurs. Antoine de Vaudemont avait une armée composée surtout d’aventuriers anglais et de seigneurs bourguignons. Les deux rivaux se trouvèrent en présence près de Bulnéville (2 juillet 1431).

L’armée de Vaudemont avait l’avantage du terrain ; Barbazan conseillait à René de couper les vivres à l’ennemi pour le forcer à déloger ; mais les jeunes seigneurs lorrains et allemands qui entouraient René, comptant sur la supériorité du nombre, demandèrent le combat à grands cris. Barbazan fut tué dès le commencement de l’action ; sa mort mit le désordre dans l’armée ; l’artillerie de Vaudemont et ses archers décidèrent la victoire. René, tombé aux mains des Bourguignons fut emmené captif à Dijon.

A la captivité de René se rattache un épisode digne d’être mentionné ici. Après la bataille de Bulgnéville, la femme du prisonnier, Isabelle, vint implorer le secours de Charles VII ; la duchesse était accompagnée d’une de ses amies d’enfance, gracieuse jeune fille, dont la vue fit une vive impression sur le coeur de Charles VII ; c’était Agnès Sorel, « une des plus belles femmes que je vis oncques, dit un contemporain, et qui fit en sa qualité beaucoup de bien au royaulme. » Les maîtresses de nos rois n’ont pas souvent mérité pareil éloge.

Les hostilités ne s’arrêtèrent pas après la bataille de Bulgnéville. Pendant plusieurs années, Antoine de Vaudemont ravagea le pays avec ses bandes d’aventuriers ; Mirecourt fut pillé en 1438. La même année, Charles VII envoya des troupes au secours de René, son beau-frère, avec Lahire et Xaintrailles.

Ce fut un surcroît de malheur que l’arrivée de ces prétendus auxiliaires, qui pillaient également amis et ennemis. Enfin, la paix fut rétablie entre Vaudemont et René, qui consentit au mariage de sa fille avec le fils de son rival. Ce traité devait plus tard rendre la Lorraine au descendant de l’antique famille ducale ; mais la guerre avait cruellement pesé sur le pays vosgien, et d’ailleurs la tranquillité ne fut pas de longue durée pour ses habitants.

René Il de Vaudemont venait de succéder à Nicolas d’Anjou ; aussitôt Charles le Téméraire, l’ambitieux due de Bourgogne, envahit la Lorraine, se rend maître des Vosges et des villes voisines. Charmes, Mirecourt, Épinal et Saint-Dié sont forcés, Bruyères est saccagé, Neufchâteau et Remiremont sont obligés de se rendre. Mais la chasse de Granson, comme dit Comines, et le désastre de Morat marquèrent le terme des prospérités de la maison de Bourgogne, et le pays des. Vosges retourna avec le reste de la Lorraine sous l’autorité de René Il et de ses successeurs.

C’est dans les montagnes des Vosges que le duc Charles IV chercha un asile, lorsque ses imprudentes provocations fournirent à Richelieu un motif pour envahir la Lorraine. C’est à Épinal qu’il signa une première abdication. C’est à Mirecourt qu’il se retira lorsque Nancy fut occupé par une garnison française, et qu’il signa en 1634 une seconde abdication ; c’est encore parles Vosges qu’il rentra dans son duché, l’année suivante, à la tête d’une armée. C’est que le pays des Vosges était comme la citadelle de la Lorraine ; c’était un sol favorable à une guerre de partisans, comme Charles IV était réduit à la faire.

Mais, pendant que ce prince singulier balançait ainsi la fortune du grand ministre de Louis XIII, le pays se ressentait douloureusement de tous les maux de la guerre. Des soldats féroces pillaient et brûlaient les églises et les monastères, maltraitaient les religieuses et ouvraient le ventre des prisonniers pour chercher l’or qu’ils pouvaient avoir avalé. Aux excès de la cruauté humaine se joignirent la famine et la peste, qui dépeuplèrent des villages entiers.

Il faut arriver jusqu’au règne de Léopold, que le traité de Ryswick (1697) remit en possession de la Lorraine, pour voir la fin des calamités de ce pays. Quelques années plus tard, les combinaisons de la politique européenne donnèrent à la Lorraine un souverain étranger, Stanislas Leczinski.

On sait combien fut brillant le règne de ce prince ; mais n’oublions pas que les magnificences de Lunéville étaient coûteuses et que les impôts pesèrent lourdement sur la population des compagnes. Néanmoins, de sages mesures signalèrent aussi le règne de Stanislas ; c’est ainsi qu’après la famine de 1741 des greniers d’abondance furent établis à Épinal, Saint-Dié, Mirecourt, Neufchâteau, etc. En 1766, à la mort de Stanislas, le pays des Vosges suivit le sort du reste de la Lorraine, qui devint province française. Compris dans le grand gouvernement de Lorraine-Barrois, il était divisé alors en neuf bailliages : ceux d’Épinal, de Saint-Dié, de Bruyères, de Remiremont, de Darney, de Mirecourt, de Châtel, de Charmes et de Neufchâteau, relevant de la cour souveraine de Nancy, qui fut érigée en parlement par Louis XVI.

Le décret de 1790 qui divisa la France en départements établit le département des Vosges et lui donna pour chef-lieu Épinal. Les habitants d’un pays qui souffrait depuis des siècles des abus de la féodalité ecclésiastique ne pouvaient accueillir qu’avec sympathie et comme une ère réparatrice la Révolution. Si la condition nouvelle imposée à la Lorraine au XVIe siècle excita des regrets chez une population attachée à sa vieille dynastie, ils durent s’effacer alors devant un sentiment nouveau.

Jusqu’alors, les Vosgiens ne connaissaient la France que par des invasions militaires et des exactions financières ; ils comprirent, mieux que les édits royaux de Louis XV, qu’ils n’avaient pas à se plaindre de leur destinée, qui les ramenait après tant de siècles dans la grande famille française.

Signalé pour son patriotisme en 1792, le département des Vosges fut la premier, en 1800, à acquitter la plus forte partie de ses contributions ; le gouvernement consulaire, pour reconnaître ce patriotique empressement, décréta que la place Royale à Paris prendrait le nom de place des Vosges ; elle conserva ce nom jusqu’à la Restauration, pour le reprendre en 1848, le perdit sous le second Empire et le recouvra après 1870.

En 1814, ces braves populations montrèrent combien elles étaient françaises de cœur. Les armées coalisées marchaient sur la France ; Blücher arrivait par le nord de la Lorraine et Schwarzenberg par le haut Rhin ; les deux armées devaient se réunir sur la haute Meuse. Une partie du corps de Schwarzenberg fut arrêtée quelque temps dans les Vosges par une héroïque résistance ; et, quelques mois plus tard, lorsque, après la bataille de Montereau, l’armée autrichienne fit un mouvement de recul, ce fut encore dans les Vosges qu’elle éprouva le plus de pertes.

Peut-être l’étranger n’eût-il pas franchi la frontière, si Napoléon eût compris plus tôt que, dans cette lutte suprême, il fallait s’abandonner à cet énergique patriotisme des masses, dont les Vosgiens donnèrent alors un si bel exemple.

Le département des Vosges eut beaucoup à souffrir pendant la guerre de 1870-1871. Un des premiers envahis, il fut le dernier évacué et à la signature de la paix il perdit un canton entier, celui de Schirmeck, comprenant les communes de : Schirmeck, Barembach, La Broque, Grandfontaine, Natzviller, Neuviller-la-Roche, Rothau, Russ, Waldersbach, Wildersbach, Wisches, et la partie septentrionale du canton de Saales, c’est-à-dire les communes de Saales, de Bourg-Bruche, de Colroy-la-Roche, de Plaine, de Saint-Blaise-la-Roche, de Saulxures et de Ranrupt ; en tout, 18 communes, et une population d’environ 22 000 habitants. L’invasion et l’occupation étrangère lui avaient coûté 8 millions 785 723 fr. 85.

 
 
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