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Rhône-Alpes : origine et histoire du département Ardèche

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Départements français
Histoire des départements français. Les événements, histoire de chaque département : origine, évolution, industries, personnages historiques
Histoire du département de l’Ardèche
(Région Rhône-Alpes)
Publié / Mis à jour le mercredi 27 janvier 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 

Parmi les anciennes peuplades celtiques, celle des Helvii, ou Helviens, n’était ni la moins puissante ni la moins renommée. Au temps des Tarquins, ils portèrent, sous la conduite de Brennus, la terreur jusque dans Rome et finirent par s’en emparer. Plus tard, ils prirent part aux guerres des Allobroges et des Arvernes contre les Romains. On voyait encore au XIXe siècle à Désaignes les ruines d’un temple de Diane, qui paraît être un des deux temples élevés par Quintus Fabius Maximus en souvenir de sa victoire sur Bituitus, chef des Arvernes.

Cependant les Helviens ne furent assujettis à aucun tribut. Protégés par le Rhône et leurs montagnes, ils occupaient le territoire dont le département de l’Ardèche a été formé. Ils avaient pour cité Alba, aujourd’hui Aps ; mais, s’ils échappèrent au joug romain, ils ne surent pas se préserver des pièges de cette politique habile et prévoyante qui préludait à la conquête par des alliances, et, quand César parut dans les Gaules, il trouva dans les Helviens des auxiliaires.

C’est ainsi qu’ils s’unirent au conquérant marchant contre Vercingétorix. Ce fut à travers leur pays que le général romain conduisit son armée jusqu’aux frontières des Arvernes. Rome, pour prix de leur fidélité, leur accorda le droit latin. Compris sous Auguste dans la Gaule Narbonnaise, régis par des chefs qu’ils élisaient eux-mêmes, ils conservèrent leurs libertés et leurs lois. Alba, leur cité, joignit à son nom celui d’Augusta et devint une colonie florissante. Il y avait un temple de Jupiter et un collège de flamines. Une double vole romaine reliait l’Helvie au pays des Arvernes et à celui des Vellaviens. On en peut suivre encore les traces ; elle est comme dans le Vivarais sous le nom de chemin de César, la tradition voulant que ce soit par là que César ait passé pour pénétrer dans l’Arvernie.

Vers l’an 200, saint Janvier vint prêcher l’Évangile dans l’Helvie ; il y fonda l’église d’Alba Augusta ; mais cette ville ayant été plus tard détruite par les Vandales, Viviers devint le siège épiscopal et la capitale de l’Helvie, qui ne tarda pas à prendre le nom de Vivarais (Vivariensis pagus).

Après la conquête des Gaules par les Francs et les Burgondes, ce pays fit partie du royaume de Bourgogne ; mais il en fut détaché, en 924, pour passer le bas Vivarais, aux comtes de Toulouse, et le haut Vivarais aux comtes de Viennois et de Valentinois, Dans la -suite, à la faveur des guerres féodales, les évêques de Viviers, déjà riches et puissants, cherchèrent à s’en emparer. C’était le temps où, sous prétexte d’hérésie, l’Église déposait les princes et confisquait leurs biens à son profit. Raymond VI, comte de Toulouse, venait d’être excommunié et dépossédé par le pape Innocent III comme fauteur de l’hérésie albigeoise, et, dans le partage qui fut fait de ses États, l’évêque de Viviers, alors Bernon de Brabant, ne s’oublia point ; il s’adjugea par provision le pays de Largentière et les riches mines qui en dépendaient.

A la mort de Raymond VI, son fils et successeur Raymond VII essaya, mais en vain, de faire rentrer Largentière sous ses lois ; la spoliation était consommée (1215). Cependant, quoique souverain de fait du Vivarais, l’évêque de Viviers reconnaissait la suzeraineté des rois d’Arles et de la Bourgogne transjurane et des empereurs qui leur succédèrent. Prélat et prince de l’empire, il avait de grands privilèges ; mais les rois de France, jaloux d’étendre leur domination, travaillèrent à rendre ce pays dépendant de leur couronne. Philippe le Hardi, en 1271, réunit à son domaine le bas Vivarais. Philippe le Bel, en 1308, et plus tard Charles V achevèrent l’œuvre de leur prédécesseur, et tout le pays rentra sous l’administration d’un bailli royal du Vivarais et du Valentinois. A la vérité, les évêques de Viviers conservèrent le titre de comtes et de seigneurs de Viviers et de Largentière ; mais, au lieu de princes de l’empire, ils durent se résigner à n’être plus que princes de Donzère, un humble bourg qu’ils possédaient de l’autre côté du Rhône, dans le bas Dauphiné.

Cependant, à travers ses vicissitudes, le Vivarais avait su rester indépendant. Cet amour de la liberté, qui avait caractérisé leurs ancêtres et que Rome elle-même respecta, les montagnards helviens n’en avaient rien perdu durant les longues agitations qui suivirent la conquête, et le même esprit qui leur rit, sous les Romains, conserver leurs coutumes les porta sous le pouvoir royal à s’associer pour défendre leurs franchises.

De là l’origine des états particuliers du Vivarais, origine antérieure à l’établissement des états généraux du Languedoc. Deux ordres seulement les composaient, la noblesse et le tiers. L’évêque de Viviers y avait entrée comme baron, non en sa qualité d’évêque. Deux barons diocésains, ceux de Pradelles et de Lagorce, et les douze barons du Vivarais, ceux de Crussol, de Montlaur, de Lavoulte, de Tournon, de Largentière, de Boulogne, de Joyeuse, de Glialençon et La Tourrette, de Saint-Remèze, d’Annonay, d’Aubenas et de Vogué, y représentaient l’ordre de la noblesse ; treize consuls ou députés des villes et communautés composaient le tiers état. Les barons siégeaient alternativement et par tour aux états généraux du Languedoc ; mais ils n’assistaient pas toujours en personne aux états du Vivarais ; chacun d’eux y était représenté par un bailli.

Aucune preuve de noblesse n’était exigée ni pour les baillis ni pour les représentants. Ces états étaient présidés par le baron qui avait assisté dans l’année aux états généraux du Languedoc. Il n’y avait rien de fixe pour le lieu où devaient siéger les états ; le baron président ou son bailli subrogé les convoquait où bon lui semblait, et même dans sa propre maison. Comme seigneur de Viviers, l’évêque envoyait son bailli aux états. Celui-ci, qui était ordinairement un des vicaires généraux, y prenait rang et séance avant les baillis des barons. Le sénéchal du Vivarais ou son lieutenant et le premier consul de Viviers avaient entrée aux états en qualité de commissaires ordinaires. Telle était l’organisation des états du Vivarais, les seuls du royaume où l’ordre du clergé n’avait point de représentants.

A quelle époque eut lieu l’union de ces états à ceux du Languedoc ? C’est ce que rien ne nous apprend. Sans doute, le besoin de concerter des mesures générales pour arrêter les incursions des Anglais ou pour apaiser les troubles qui agitaient le pays dut contribuer à cette union, qui, d’abord accidentelle et dépendante de circonstances majeures, ne finit par s’opérer régulièrement que lorsque Charles VIII eut donné aux états généraux la forme stable qu’ils n’avaient pas avant son règne.

Après la bataille de Brignais (1361), si fatale aux maisons de Bourbon et du Forez, les tard-venus se ruèrent sur le Vivarais et le mirent à contribution. Ces bandits faisaient profession de tout piller et saccager dans les endroits où ils arrivaient, de violer femmes, filles et religieuses et de rançonner toutes sortes d’hommes, nobles et paysans. Ils n’étaient d’aucune religion ; mais ils assistaient les hérétiques pour avoir sujet de voler les clercs, les prêtres et les églises.

Plus tard, sous Charles VII, les routiers reparurent dans le Vivarais. Rodrigo de Villandras, un de leurs chefs, noble aragonais que Jean Ier, duc de Bourbon, avait jugé digne de devenir l’époux de l’une de ses bâtardes, s’était adjugé par droit de conquête, outre le Velay et le Gévaudan, le Vivarais et avait fait d’Annonay sa capitale et sa place d’armes. Heureusement, il n’y séjourna pas longtemps, et, le 24 mai 1430, le Vivarais vit s’éloigner pour toujours ces bandes de pillards.

A ces temps orageux succéda pour les habitants du Vivarais un siècle de tranquillité ; mais ils devaient l’expier chèrement. Naturellement portés à tendre la main à tout ce qui est proscrit ou qui leur rappelle leur antique liberté, ces fiers montagnards avaient pris parti pour les Albigeois. Après la sanglante expédition de Montfort, ils en sauvèrent plus d’un de la fureur des catholiques. Comment le cri du moine saxon n’eût-il pas eu de l’écho dans ce pays ? C’est en 1528 que la Réforme y fut prêchée pour la première fois à Annonay, d’où elle ne tarda pas à se répandre dans les autres villes du Vivarais. Désaignes, Privas, Le Pouzin, Andance, Le Cheylard, Viviers, Saint-Agrève, Vallon se prononcèrent pour la nouvelle doctrine. Partout les religionnaires, rappelant le zèle des premiers chrétiens contre les idoles, se jetaient sur les couvents ou sur les églises, renversant les croix et les autels, brisant les images et foulant aux pieds les vases sacrés. Ces excès en appelèrent d’autres, et les catholiques usèrent de représailles.

Alors commença, en 1560, cette guerre qui pendant cinquante-huit ans ensanglanta le Vivarais. Saint-Chamond, le terrible chef catholique, était seigneur d’Andance. Ses vassaux, las de ses vexations et de ses tyrannies, secouèrent le joug et se livrèrent aux protestants. Aussitôt Saint-Chamond, qui guerroyait dans le Forez, accourt et assiège la ville. Trop faibles pour résister, les habitants se rendent ; mais, pour les punir de leur félonie, Saint-Chamond les chasse de leur ville et les condamne à ne jamais plus y rentrer. Cela fait, il marche contre Annonay, s’en empare et y met tout à feu et à sang.

Tels furent les excès des catholiques dans ce pays, qu’au XVIIe siècle ils n’y avaient déjà plus l’avantage du nombre. Partout les protestants y dominaient. Privas, Le Pouzin et la plupart des autres villes résistaient encore. Chargé de faire rentrer le Vivarais dans le devoir, le due de Montmorency vint mettre le siège devant cette dernière ville (1628). Après une vive résistance, elle se soumit ; mais ses murs et son château furent rasés. Déjà Le Cheylard avait subi le même sort. Saint-Agrève n’était plus qu’un monceau de cendres. Annonay, deux fois pillée et saccagée, respirait à peine. Bientôt Privas assiégé par Louis XIII devint aussi la proie des flammes. Ses habitants furent dispersés, et pendant longtemps la main royale s’appesantit sur cette ville comme sur un lieu maudit.

Après la révocation de l’édit de Nantes, l’insurrection des camisards dans les Cévennes agita le haut Vivarais ; mais on y envoya des garnisaires pour empêcher le mouvement de se propager. C’est ainsi que ce malheureux pays, à peine remis de ses désastres pendant les guerres du XVIe siècle, eut encore à subir les dragonnades. Depuis la Révolution de 1789, nous n’avons plus rien à signaler d’important dans l’histoire du département de l’Ardèche ; ses laborieux habitants se sont appliqués à vaincre la nature de leur sol souvent ingrat, et ils ont trouvé dans l’agriculture, dans l’industrie et le commerce, une prospérité croissante et méritée.

 
 
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