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Histoire du costume, costumes anciens : costume hommes et femmes sous Henri II (XVIe siècle)

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Mode, Costumes
Variations des costumes depuis les Gaulois jusqu’au XIXe siècle. Histoire du costume, vêtement, coiffures, chaussures. Mode vestimentaire
XVIe siècle (Costumes des hommes et femmes au),
sous le règne de Henri II
(D’après un article paru en 1853)
Publié / Mis à jour le samedi 16 janvier 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 7 mn
 

Le règne de Henri II fut, pour les arts, celui du bon goût. Non seulement les chefs-d’œuvre de la Renaissance datent de cette époque ; mais tout ce qui s’est fait alors, même dans le domaine des industries les plus vulgaires, est empreint d’un sentiment du beau qui n’existait pas avant.

Les modes se ressentirent de cette heureuse influence. Elles s’améliorèrent par la suppression de tout ce qu’il y avait d’affecté et de ridicule dans l’habillement du temps de François Ier. Ainsi on usa plus modérément des déchiquetures et des plis bouillonnés ; on diminua la trop grande ampleur des manches ; le débraillé des estomacs fut corrigé par l’introduction des collets montants ; enfin les chaussures cessèrent d’être camardes pour n’affecter plus d’autre forme que celle du pied.

En même temps que le bon goût introduisit ces réformes, des lois somptuaires, plus efficaces que celles qui avaient été rendues jusque-là, réprimèrent l’abus de l’or et des étoffes dispendieuses. Déjà François Ier à la fin de son règne avait interdit à tous les gentilshommes l’usage des passementeries d’or et d’argent. Il avait perdu le Milanais où se fabriquaient ces articles, et les demandes adressées par la France à l’industrie italienne occasionnaient une exportation du numéraire qu’il voyait avec douleur, parce qu’elle contribuait à remplir les coffres de Charles-Quint.

En 1549, Henri II rendit à son tour une ordonnance fondée à la fois sur le motif qui avait fait agir son père et sur la convenance qu’il y avait à ce que l’autorité maintînt la décence publique en même temps que la distinction des classes par l’habillement. A l’interdiction des ornements de fabrique étrangère, il joignit

Portrait de Henri II, par Clouet

Portrait de Henri II, par Clouet

celle de beaucoup d’objets analogues de l’industrie indigène. La loi descendit jusqu’à régler à quelle place du vêtement s’appliqueraient les boutons, bordures et broderies. Les couleurs et qualités des étoffes furent appropriées au rang de chacun.

Voici les principales de ces dispositions :
Les princes et princesses eurent seuls le droit de s’habiller tout en rouge cramoisi, tandis que les gentilshommes et les femmes de gentilshommes furent réduits à ne porter de cette couleur qu’une des pièces de leur habit de dessous. Les demoiselles de compagnie de la reine et des princesses du sang furent autorisées à porter des robes de velours de toutes couleurs, sauf de cramoisi ; mais les suivantes des autres princesses n’eurent de choix, pour la même étoffe, qu’entre le noir et le tanné (couleur analogue à ce qu’on appela plus tard le rouge saumon), et les femmes riches de la classe moyenne qui s’étaient mises aussi à avoir du velours, et d’aussi beau que pas une grande dame, n’obtinrent de le garder qu’autant qu’il serait façonné en jupons ou en manches.

A leurs maris on défendit de porter soie sur soie ; et l’édit s’expliquait à cet égard en spécifiant que si leur habit de dessus était de velours, celui de dessous serait de drap, ou réciproquement. Aux gens de métier et à ceux de la campagne, interdiction absolue de la soie, même comme accessoire, tellement qu’ils ne purent avoir ni bandes de velours, ni bouffants de soie à leurs habits. Ces ornements titrent le privilège des domestiques de grande maison, à qui, pour le reste, on prescrivit aussi le drap.

L’édit de 1549 rencontra beaucoup d’obstacles dans l’exécution. Il était loin d’avoir atteint tous les détails de la toilette, et comme on ne se prête pas volontiers à mettre au rancart des objets qui vous ont coûté cher, chacun, épiloguant sur le texte de la loi, disputait pièce à pièce la parure dont on voulait le dépouiller. Il fallut qu’au bout de deux mois, un rescrit interprétatif vînt armer les agents de l’autorité contre les difficultés qui s’élevaient de toutes parts. On profita de la circonstance pour introduire quelques adoucissements par pitié pour les dames, car elles étaient les plus frappées, et de toutes les classes de la société comme de tous les points du royaume, ce n’était de leur part qu’un long cri de détresse.

Les bandeaux d’orfèvrerie portés sur la tête, les chaînes d’or que l’on appliquait comme bordures aux robes de parade, celles qui se mettaient en ceinture et au cou, furent exceptées de la proscription. On permit aussi aux femmes du peuple de porter la soie en bordure, en doublure et en fausses manches. Quant aux bandes de velours employées comme ornement pour les hommes, le roi déclara qu’il n’entendait pas qu’on en mît ailleurs que sur les hauts de chausses ou bien aux fentes et ourlets d’habits. Il expliqua aussi qu’il ne voulait pas qu’on portât de coiffure en velours, chapeaux non plus que bonnets. Les bonnets étaient alors ce que nous appelons des toques.

La loi somptuaire éclaircie de la sorte fut exécutée avec une rigueur extrême, au grand applaudissement des érudits et des poètes qui virent là l’inspiration d’un nouveau Lycurgue corrigeant les mœurs de sa république. Ronsard en fit, dans ces termes, son compliment à Henri II :

Le velours, trop commun en France,
Sous toy reprend son vieil honneur ;
Tellement que ta remontrance
Nous a fait voir la différence
Du valet et de son seigneur,

Et du muguet(1), chargé de soye,
Qui à tes princes s’esgaloit,
Et, riche en draps de soye, alloit
Faisant flamber toute la voye.
Les Tusques ingénieuses
Jà trop de velouter s’usoyent (2)

Pour nos femmes délicieuses
Qui, en robes trop précieuses,
Du rang des nobles abusoyent.
Mais or la laine mesprisée
Reprend son premier ornement :
Tant vaut le grave enseignement
De ta parole auctorisée.

(1) Homme délicat, pimpant, poudré et essencé, qui fait le beau et l’Adonis
(2) Le poète entend par là les ouvrières de la Toscane employées à la fabrication du velours

Arrivons au détail de l’habillement :
Pour les hommes, il consistait en chemise, pourpoint, chausses, bas, sayon, ceinture avec ceinturon pour l’épée ; casaque ou manteau, bonnet ou chapeau, souliers, bottes ou escarpins. Sayon est un diminutif de saie : c’est la tunique du règne précédent qu’on avait raccourcie de jupe au point de la transformer en une veste à grandes basques. Le corsage du sayon différait d’ailleurs de celui de la saie en ce qu’il montait jusqu’au cou et y était tenu fermé par trois boutons. Par le moyen de la ceinture, il était encore habillé à la taille. Il restait entr’ouvert sur la poitrine pour laisser voir le pourpoint ou gilet placé dessous. Le buste ainsi fermé, la chemise n’apparaissait que par un col à demi renversé autour du cou, et par des manchettes qui dépassaient aux poignets les manches du sayon.

La ceinture, posée au défaut des côtes, était ordinairement de velours avec de la broderie d’or et des perles. S’y attachait une bourse en forme de sachet qui pendait sur le flanc, du côté opposé au ceinturon. Il n’est pas rare de voir dans les cabinets d’antiquité des fermetures ciselées qui proviennent de ces sortes de bourses.

La casaque était le manteau court garni d’un collet et de manches. L’absence des manches constituait le manteau proprement dit, et le manteau devenait cape lorsqu’il était dénué de collet et pouvait se draper autour du buste. Casaque, manteau ou cape formaient le vêtement de dessus des gentilshommes ; la bourgeoise avait conservé à même fin la large robe du temps de Louis XII et de François Ier.

Les chausses sont les culottes. Elles cessèrent d’affecter les façons innombrables qu’elles avaient reçues auparavant, pour s’arrêter à celle d’un court caleçon bouffant, par-dessus lequel étaient disposées en hauteur des bandes d’une autre étoffe. Le velours barré d’or ou épinglé fut généralement employé à cette décoration. Dans le peuple et à la campagne on continua à porter des chausses à la marinière. Celles-là étaient d’une largeur extrême, comme un jupon, et descendaient jusqu’aux genoux : on ne peut mieux les comparer qu’au bragoubras des Bas-Bretons.

Les bas reçurent sous Henri II un singulier perfectionnement, par l’idée qu’on eut de les faire en mailles de soie ou de laine. Mézeray témoigne que le roi en portait de cette façon à la fête qui se termina si tristement par sa mort (1559). Le travail ingénieux des bas maillés, qui fut dès lors appelé tricot, semble être d’invention française par le nom qu’il porte, soit qu’il doive ce nom aux aiguilles de bois avec lesquelles on l’exécute (le métier à bas ne fut inventé que cent ans plus tard), soit qu’il le tienne du village de Tricot en Beauvaisis où il aurait pris naissance. On peut dire que cette invention répondit à un véritable besoin de l’époque. Depuis longtemps on cherchait à remédier au manque de souplesse des bas à pièces. Les Florentins, y employant toute leur industrie, n’avaient rien trouvé de mieux que de les faire en filet de soie ; mais cela ne pouvait servir que l’été et plutôt à l’usage des dames qu’à celui des hommes.

Le genre de chaussure appelé escarpins consistait en souliers de satin ou de velours, très couverts et crevés. Les souliers se faisaient en cuir, les bottes en cuir ou en daim. Il y avait encore les escafignons, sorte de chaussons en drap ou en laine feutrée, qui montaient jusqu’à mi-jambe comme des bottines.

On reconnaîtra la plupart des pièces qui viennent d’être décrites dans le portrait d’Henri II peint par le célèbre Clouet. Le costume n’est que de deux couleurs, blanc et noir, avec des rayures d’or. C’était la livrée ordinaire du roi, « à cause de la belle veuve [Diane de Poitiers] qu’il servait » dit Brantôme.

Il n’y eut de changé à la toilette des dames que la façon des robes et la coiffure. Le corsage de la robe, garni d’épaulettes et d’une petite basque de deux ou trois doigts, ne fut plus constamment décolleté, mais au contraire montant comme celui du sayon des hommes. Dans ce dernier cas, on l’ouvrit entre le cou et la taille, afin de montrer, pour plus grande ressemblance avec l’autre sexe, un pourpoint ou gilet qui complétait avec la cotte l’habillement de dessous. Indépendamment de cette ouverture, il y eut souvent des fentes pratiquées sur l’estomac, dans le dos et sur les épaules.

Les manches, moins larges que celles du règne précédent, eurent une ampleur qui allait en diminuant depuis les épaules jusqu’au poignet, comme les ci-devant manches à gigot. Pour répondre au corsage, elles furent tailladées

Portrait de Marie Stuart, d'après une miniature du recueil de Gaignières

Portrait de Marie Stuart, d’après une
miniature du recueil de Gaignières

du haut en bas, et les fentes rapprochées de distance en distance par des perles, ou des nœuds, ou de petites pièces d’orfèvrerie pareilles à des boutons, qu’on appelait alors des fers. Enfin on attacha aux épaulettes de fausses manches, ou mancherons, qui tombaient tout droit derrière les bras.

A l’encolure du corsage se dégageait la collerette montante, brodée ou goderonnée, d’un fichu de linon appelé gorgias. Si le corsage était décolleté, il n’était pas fendu sur le devant et on ne mettait pas de pourpoint par-dessous. Le gorgias couvrait alors les épaules et le cou. Les jupes restèrent ce qu’elles étaient, sauf qu’elles eurent moins d’ouverture par devant, car les vertugades furent moins écartées. Le portrait de Marie Stuart, peint lorsque cette princesse était dauphine de France, fera voir combien la robe avait gagné en élégance aux modifications qui viennent d’être expliquées.

Quant à la coiffure, elle consistait en une cale qui enfermait la chevelure comme un petit sac, et par-dessus laquelle se posait, soit un bonnet, c’est-à-dire une toque à plume, soit un chapeau, chapeau de forme ovoïde et très haute avec de larges bords cambrés, soit enfin un chaperon, coiffure de prédilection des dames parisiennes et de la reine Catherine de Médicis. Le chaperon, dont le sort avait été de subir de règne en règne les transformations les plus complètes, était devenu un vrai bonnet, dans l’acception connue de ce mot : un bonnet de drap ou de soie avec une large passe, avec des brides et avec un bavolet ; mais il était chaperon en ce que sa coiffe était étoffée au point de produire un appendice qui retombait par derrière comme une voilette. Pour sortir, lorsqu’il faisait froid, on assujettissait aux brides du chaperon une pièce carrée qui couvrait tout le visage au-dessous des yeux comme une barbe de masque. Cette pièce s’appelait touret de nez. Le touret de nez joue un grand rôle dans les aventures racontées par la reine de Navarre, sœur de François Ier.

Notons encore un détail de la chaussure qui présente quelques traits curieux. Comme les grandes dames n’usaient que d’escarpins ou de mules, pour sortir, elles mettaient par-dessus un patin léger à semelle de liège. On rachetait par l’épaisseur de la semelle le désavantage d’une stature trop exiguë, et comme les jupes tombaient assez bas pour cacher entièrement les pieds, celles qui avaient besoin d’une rallonge considérable, en étaient venues à faire du patin un véritable piédestal. De là les plaisanteries de Scaliger contre les maris qui ne possédaient au logis que la moitié de leurs femmes, et de Brantôme au sujet des « nabotes qui ont leurs grands chevaux de patins liégés de deux pieds. » Ce dernier auteur y revient plusieurs fois de lui-même ou par des anecdotes qu’il s’amuse à raconter.

En voici une qui peut être rapportée ici : « Il me souvient, dit-il, qu’une fois, à la cour, une dame fort belle et riche de taille, contemplant une belle et magnifique tapisserie de chasse où Diane et toute sa bande de vierges chasseresses y étaient fort naïvement représentées et, toutes vêtues, montraient leurs beaux pieds et belles jambes : elle avait une de ses compagnes auprès d’elle qui était de fort basse et petite taille, qui s’amusait aussi à regarder avec elle cette tapisserie ; et elle lui dit : Ha ! petite, si nous nous habillions toutes de cette façon, vous le perdriez comptant, et n’auriez grand avantage, car vos gros patins vous découvriraient. Remerciez donc la saison et les longues robes que nous portons qui vous favorisent beaucoup et vous couvrent vos jambes si dextrement ; lesquelles ressemblent, avec vos grands patins d’un pied de hauteur, plutôt une massue qu’une jambe ; car qui n’aurait de quoi se battre il ne faudrait que vous couper une jambe et la prendre par le bout, et du côté de votre pied chaussé et entré dans vos patins, on ferait rage de bien battre. »

 
 
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