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Lieux d'histoire : ville de Menton (Alpes-Maritimes)

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Lieux d’Histoire
Origine, histoire de nos villes, villages, bourgs, régions, châteaux, chapelles, moulins, abbayes, églises. Richesses historiques de France
Menton (Alpes-Maritimes)
(D’après « Aux pays d’azur », paru en 1902)
Publié / Mis à jour le samedi 16 janvier 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 

D’après une légende, lorsque Adam et Eve furent chassés du Paradis terrestre, Eve déroba, à l’insu de l’Ange vengeur, un citron qu’elle dissimula on ne sait trop où, peut-être dans les ondes épaisses de sa blonde chevelure, dont il avait les reflets dorés. Partis par l’étendue du monde, à la recherche d’un pays qui put remplacer le paradis perdu, ils se trouvèrent un jour à Menton. Là, éblouis, ayant enfin trouvé ce qu’ils cherchaient, ils s’arrêtèrent et Eve jeta le citron dans la terre fertile, en disant : « Crois et foisonne, ô fruit du ciel, dans ce jardin digne de toi. » Et de toutes parts, les citronniers illuminent la plaine de la flambée claire de leurs rameaux lustrés.

La Promenade

La Promenade

Menton est en amphithéâtre sur un promontoire, à 2500 mètres de la frontière italienne, encore plus remarquable que Nice et Cannes pour la douceur constante de son climat et la belle végétation qui l’entoure. Dominée par l’église Saint-Michel, elle se divise en vieille ville escaladant les pentes de la colline, et en ville neuve formée de charmantes villas et d’élégants hôtels s’alignant au bord de la mer. A l’ouest, la promenade du Midi rejoint le cap Martin, bois de Boulogne mentonnais, tandis qu’à l’est le pont Saint-Louis, jeté sur le torrent du Passo, fait communiquer la France avec l’Italie.

Menton, qui récolte 30 000 000 de citrons par an, fabrique des pâtes alimentaires, des huiles, de la parfumerie, et a pour industrie spéciale la marqueterie, qui consiste à incruster dans le bois de véritables compositions artistiques d’une grande délicatesse.

Menton fut vraisemblablement le faubourg privilégié de cette station romaine de Lumone, dont il y a les ruines au Cap Martin. On attribue l’étymologie de Menton à la victoire remportée par Othon sur les troupes de Vitellius : Memoria Othonis. D’autres historiens prétendent qu’elle fut fondée par des pirates africains, en 714 ; le fait est que les Sarrasins habitèrent le pays dont ils furent chassés par Guillaume de Provence. Un des premiers documents qui parlent de Menton est un acte de 1250, qui nous la montre appartenant à la famille Vento de Gènes et celle-ci l’érigeant en commune. La ville fut particulièrement agitée aux XIIIe et XIVe siècles par les guerres entre les Guelfes et les Gibelins.

En 1346, Charles Grimaldi, seigneur de Monaco, achète le fief de Menton de la famille Vento, et en 1355 la seigneurie de Roquebrune. Dè lors, les deux villes font partie des possessions des Grimaldi, jusqu’en 1793, où elles furent annexées à la France. En 1814, les Grimaldi reprennent leurs droits sur elles. Mais elles se révoltent contre leurs princes en 1848, se constituent en villes libres, sous le protectorat de la Sardaigne, pour être, en 1860, annexées à la France définitivement, avec le comté de Nice.

Dans le tremblement de terre du 23 février 1887, qui détruisit un grand nombre de localités liguriennes et ensevelit une partie de leurs habitants, Menton compta parmi les plus éprouvées de notre pays. Or Menton est précisément la ville qui a, sauf en ce qui concerne ses abords nouveaux, le mieux conservé la structure des vieilles cités liguriennes du Moyen Age.

La vieille Ville

La vieille Ville

La ville est comme nous l’avons dit, bâtie en amphithéâtre serré, sur une croupe élevée s’avançant dans la mer comme un cône. Sur le sommet et jusqu’à mi-côte de ses flancs, figurez-vous un massif compact de hautes maisons, tenant toutes les unes aux autres, la base des unes ou un de leurs étages reliés au sommet de celles qui sont en contrebas. Enfin le tout forme un seul bloc de maçonnerie, s’élevant par gradins de terrasses ou de toits.

Comme la plupart des cités provençales, Menton se compose de deux parties distinctes, la vieille ville et la ville neuve. La première reflète l’empreinte des époques disparues, maisons pressées montant en étages abrupts jusqu’à l’esplanade d’un château féodal, rues obscurcies de voûtes, accolées de ruelles dallées, arcades ogivales et, au bas, vers la mer, débris de hautes murailles où se voient encore les squelettes des antiques tours de garde. Au haut, la vieille porte du castel de Jean II, repaire des Sarrasins, tout ce qui reste d’une splendeur définitivement envolée et à la place du donjon un cimetière, où un ruissellement de roses candides cherche à voiler le spectacle de l’inévitable aboutissement.

Vieille rue mentonnaise

Vieille rue mentonnaise

Les rues sont des passages voûtés, où de place en place un jour en haut est ménagé, et par lequel, entre de hautes murailles, on aperçoit environ 2 mètres carrés de ciel. Les places, ce sont des sortes de puits creusés dans ce massif de maçonnerie, à l’intersection de deux passages voûtés. Il y a là un peu plus de largeur qu’autre part ; aussi le plus souvent un arbre est-il planté au milieu, absolument comme s’il était au fond d’une haute caisse en pierres. Sur la pente raide de la colline, le sol de ces prétendues rues et prétendues places n’est jamais une chaussée. C’est toujours un escalier aux marches larges d’un mètre ou de deux et fortement inclinées elles-mêmes.

Naturellement, aucun véhicule roulant ne circule dans ces rues. Le climat et le besoin de se défendre contre les pirates ont imprimé, à tous les centres d’habitation datant du Moyen Age, le même choix d’emplacement et un système analogue de groupement des maisons.

Dans ces espèces de fosses profondes et à demi couvertes, qui sont les ruelles, il fait toujours frais ; le soleil n’arrive jamais jusqu’en bas. Dans ce pays de soleil aveuglant, on y voit toujours assez, même trop ; la pénombre des rues est un repos pour la vue. Et l’air ? Rassurez-vous aussi. Il fait par là-bas de tels ouragans, de tels coups de mistral ou de libeccio, que l’air est violemment renouvelé dans tous les recoins des dessous de maçonnerie.

Il y a peu de monuments curieux dans cette cité aux artères étroites : l’ancien manoir des princes de Monaco, lourde construction du XVIIe siècle et l’église paroissiale de Saint-Michel, le patron de la ville, où sont des reliques, entre autres le bâton d’une croix fait d’une hampe d’étendard turc, pris par les Mentonnais à la bataille de Lépante. Dans cette cité moyenâgeuse se parle le patois mentonnais, curieux dialecte composé de français, d’italien, de provençal, d’espagnol et d’arabe. La ville neuve, avenues Félix Faure, Carnot et de la Gare, présente l’aspect luxueux d’une grande station d’étrangers, avec de brillants magasins et de monumentaux hôtels. La superbe Promenade du Midi, qui ceinture la mer d’un majestueux boulevard de près de trois kilomètres, prolongé du Port au Cap Martin, est à Menton, ce que la Promenade des Anglais est à Nice, c’est-à-dire le lieu de réunion de la grande société cosmopolite et l’emplacement où se déroule l’éblouissante théorie des fêtes du Carnaval.

Le port, bâti sous Napoléon III, est un des plus sûrs du littoral, grâce à ses quais vastes et à son mur d’enceinte, qui se relie à une ancienne tour de vigie de style roman. Le quai Bonaparte conduit dans la baie Est, vers Garavan, quartier de luxe, où, dans les berceaux que forment les dernières inclinaisons de la montagne, s’abritent de beaux hôtels et une foule de pimpantes villas.

Le port, au début du XXe siècle

Le port, au début du XXe siècle

Là, la mer semble s’être circonscrite pour cadrer avec la joliesse sensuelle du paysage, dont les couleurs vives, baisées de lumière et le charme très spécial sont développés et accrus par les délices de coquettes architectures et les retombées folles de fleurs pâmées, écrasées de parfums, le tout dans le cirque des collines rocheuses qui s’estompent d’un poudroiement de rayons tendrement azurés. Au loin, la route pousse implacablement dans la montagne sa ligne blanche qui monte, monte encore et s’en va vers l’Italie, dont on aperçoit, au loin, les perspectives fuyantes.

Les environs de Menton n’ont pas de jardins, ils en sont un seul, immense et merveilleux. Ce sont les cavernes ou grottes de Baoussé-Roussé, où l’on a découvert des débris humains et des armes préhistoriques, le Val de Menton, où s’allonge, dans une grève de fleurs, le ruisseau le Fossan, Castellar, vieille forteresse démolie, qui cache ses blessures dans les oliviers et au-dessus le Berceau, ou Roc d’Orméa, qui dresse, à 1113 mètres, son belvédère majestueux.

Le Val de Careï, par des sites où le riant le dispute au grandiose, avec de curieuses alternatives, mène à Sospel par les Monti, le bourg de l’Ora et Castillon, citadelle sarrasine calcinée et démantelée, dont la guerre et les cataclysmes ont ravagé les hautaines murailles. Du Careï, un sentier conduit au couvent de l’Annunciata, au sommet d’une colline et où des frères capucins gardent le tombeau de la famille de Monléon. Le Val de Boïrig aboutit à gauche aux Cabrolles, hameau trempé de pittoresque, par un ravin dont la solitude sinueuse a un grand charme et, à droite, par le Vallon des Châtaigniers et des sentiers montueux et audacieux, au village de Sainte-Agnès, au-dessus duquel est un château hardi, dont une fenêtre crevée apparaît comme un trou d’azur.

Ce castel fut, au Xe siècle, un des principaux repaires des Sarrasins et sur ces ruines, qui gardent quelque chose de l’héroïsme chevaleresque du Moyen Age et des aventureuses épopées guerrières, plane la mémoire poétique et sentimentale des amours du Maure Haroun et de la chrétienne Sarah, au temps où la foi triomphait de la passion, dans une belle apothéose sensuelle et mystique. Le Val de Gorbio, que ferme le village de Gorbio, est une serre close par les collines surplombantes, où les fleurs les plus rares s’épanouissent, sur des contreforts accidentés, dans une adorable confraternité parfumée, éparses au sein d’exquises verdures, auxquelles des sources et des ruisseaux jaillissants font une double auréole de fraîcheur et de gaieté.

 
 
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