Histoire de France, Patrimoine, Tourisme, Gastronomie, Librairie
LE 28 mars DANS L'HISTOIRE [VOIR]  /  NOTRE LIBRAIRIE [VOIR]  /  NOUS SOUTENIR [VOIR]
 
« Hâtons-nous de raconter les délicieuses histoires du
peuple avant qu'il ne les ait oubliées » (C. Nodier, 1840)
 

 
NOUS REJOINDRE SUR...
Nous rejoindre sur FacebookNous rejoindre sur XNous rejoindre sur LinkedInNous rejoindre sur VKNous rejoindre sur InstragramNous rejoindre sur YouTubeNous rejoindre sur Second Life

3 septembre 1732 : mort de Pierre Baux, médecin spécialiste de la peste

Vous êtes ici : Accueil > Éphéméride, événements > Septembre > 3 septembre > 3 septembre 1732 : mort de Pierre (...)
Éphéméride, événements
Les événements du 3 septembre. Pour un jour donné, découvrez un événement ayant marqué notre Histoire. Calendrier historique
3 septembre 1732 : mort de Pierre Baux,
médecin spécialiste de la peste
(D’après « Les médecins d’autrefois à Nîmes : étude historique
d’après des documents inédits » paru en 1879
et « La France protestante, ou Vies des protestants français
qui se sont fait un nom dans l’histoire depuis les premiers temps
de la réformation jusqu’à la reconnaissance du principe de
la liberté des cultes par l’Assemblée nationale » (Tome 2) paru en 1847)
Publié / Mis à jour le samedi 3 septembre 2022, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
Fils et petit-fils de médecins, il dut à cette circonstance le goût de l’observation et les aptitudes qu’il offrit à un haut degré, et consacra ses talents à ses concitoyens, leur donnant des particulièrement des preuves de son dévouement et de son zèle lorsque la peste s’étant introduite en Provence, on craignit qu’elle ne s’étendît jusqu’à Nîmes

Né à Saint Dionizy (orthographié Saint-Dionisy depuis mars 2011), près de Nîmes, le 12 août 1679, de Moïse et de Jeanne Rey — il fut présenté en baptême, le 31 août, par son père, en l’absence de Pierre Baux, son oncle, qui fut parrain, et par Bernardine de Chambon, sa grand-mère —, il fut élevé au Collège des Jésuites, où il donna de nombreuses marques de précocité. Son grand-père, Salomon de Baux, avait été reçu docteur à l’université d’Orange, le 20 mai 1634 ; son père avait pris ses degrés à celle de Valence, le 3 décembre 1661 ; et tous deux avaient acquis la réputation de médecins habiles.

Peu satisfait de la physique d’Aristote, qui lui avait été enseignée, il voulut s’instruire du système de Descartes, et, sous la direction de son père, il parvint, en moins de trois mois, à acquérir une connaissance approfondie de la théorie du célèbre philosophe. Après s’être rendu à Montpellier pour suivre les cours de médecine, il fut rappelé par son père qui l’envoya poursuivre ses études à Orange, où il fut reçu docteur le 9 octobre 1696, et fut initié par son père à la pratique ; mais, sentant les lacunes de son instruction théorique, il se rendit à Paris, en 1705, pour s’y perfectionner. Quoique ce voyage eut été fait contre la volonté de ses parents, ceux-ci lui pardonnèrent sa désobéissance et lui fournirent les moyens de passer deux ans dans la capitale — séjour fructueux pour le jeune médecin —, après quoi il regagna la maison paternelle pour ne plus la quitter.

Portrait véritable d'un médecin à Marseille, étant revêtu du marroquin et d'un étui de nez, rempli des parfums contre la peste, de même que portant à la main un petit bâton pour en tâter le pouls aux malades. Gravure (colorisée) de 1720 parue dans Les Gardes-malades congréganistes, mercenaires, amateurs, professionnelles (1901)

Portrait véritable d’un médecin à Marseille, étant revêtu du marroquin et d’un étui de nez,
rempli des parfums contre la peste, de même que portant à la main un petit bâton
pour en tâter le pouls aux malades. Gravure (colorisée) de 1720 parue dans
Les Gardes-malades congréganistes, mercenaires, amateurs, professionnelles (1901)

Mûri par la fréquentation des hôpitaux, initié aux secrets de la pratique par les maîtres en renom, il obtint de nombreux triomphes dans l’exercice de son art. Ses efforts furent promptement récompensés, et, quelques années après son retour dans sa ville natale, il s’était acquis une grande et légitime réputation. Un seul fait suffira pour démontrer la prééminence qui lui était accordée sur ses confrères. Quoique nouveau converti et secrètement attaché à la religion protestante, il devint le médecin de l’évêque, Mgr César Rousseau de la Parisière.

Malgré les exigences d’une clientèle considérable, il savait se créer des loisirs ; et, au lieu de les consacrer aux plaisirs frivoles de la société, il les employait à l’avancement de la médecine. Estimant que le médecin se doit tout entier à son art, il délassait son esprit en changeant l’objet de ses préoccupations. En commerce d’amitié avec son compatriote Henri Gautier, avec le docteur Le Fèvre, d’Uzès, il ne se contentait pas de leur donner des nouvelles de la patrie, mais leur écrivait des lettres scientifiques dont deux ont été insérées dans le Journal des Savants.

La première lettre, datée du 1er juillet 1716, est consacrée à faire ressortir l’analogie existant entre les eaux de Balaruc et les eaux de Bourbonne-les- Bains, en Champagne, analogie que la science moderne démontra. Elle est insérée à la page 70 de l’année 1717. La seconde, également adressée à Gautier, est datée du 26 novembre 1716, et est insérée à la page 140 de la même année. « Éloigné du commerce des savants, distrait par des soins domestiques et occupé à l’exercice d’une profession qui demande une application entière, on est peu en état d’acquérir toutes les connaissances nécessaires à un homme qui veut écrire, et qui veut donner quelque chose qui soit digne de paraître dans un siècle aussi éclairé que le nôtre. Quel que soit le sort de ma lettre, je n’y fais pas grande attention. Je n’ai écrit que pour le plaisir de vous écrire. Vous me flattez que je ne vous ai pas déplu : que le public dise après ce qu’il voudra ».

Traité de la peste, où l'on explique d'une manière nouvelle les principaux phénomènes de cette maladie, et où l'on donne les moyens de s'en préserver et de la guérir, par Pierre Baux (1722)

Traité de la peste, où l’on explique d’une manière nouvelle
les principaux phénomènes de cette maladie, et où l’on donne les moyens
de s’en préserver et de la guérir
, par Pierre Baux (1722)

Il relate ensuite l’observation extrêmement intéressante d’une fille de dix-neuf ans qui fut guérie, par les eaux de Balaruc, d’une sciatique et d’une manie. Comment expliquer cette guérison ? « Pour moi, ajoute-t-il, je vous avoue que ma physique n’y voit pas clair. Tout ce que je puis dire sur e fait, c’est qu’il semble prouver qu’il y a dans le cerveau certains lieux destinés à recevoir les diverses impressions que font les différents objets, lesquels n’agissent précisément que sur les fibres qui s’y trouvent ». On voit en germe, dans ce passage, la théorie des localisations fonctionnelles du cerveau.

Dès les premières alarmes que répandit, en 1721, la peste de Marseille, il conçut le dessein de composer un traité sur cette maladie. Il fit part de son projet au docteur Le Fèvre, par une lettre datée du 26 juillet 1721, et l’ayant communiquée à son ami Henri Gautier, il reçut de celui-ci des encouragements. Ce dernier ne s’en tint pas là ; il fit imprimer sa lettre à la suite d’une lettre sur le même sujet, et les deux morceaux réunis forment un opuscule in-12 ayant pour titre : Nouvelles conjectures sur l’origine de la peste.

Le docteur Le Fèvre, d’Uzès, était un savant distingué : il était membre correspondant de l’Académie des sciences de Paris, et donna à cette Société quelques communications, de 1728 à 1734, relatives à la chimie et à la physique. Il mourut le 3 avril 1734.

Grâce à son activité, Pierre Baux mena son entreprise à prompte terminaison. Mettant à profit les notes de son grand-père sur les épidémies de 1640 et 1641, les données fournies par ses lectures et le résultat de ses réflexions, il écrivit un ouvrage qui, s’il ne dissipe pas toutes les obscurités, jette du moins une vive clarté sur certains points : Traité de la peste, où l’on explique d’une manière nouvelle les principaux phénomènes de cette maladie, et où l’on donne les moyens de s’en préserver et de la guérir (1722).

Pour donner une idée du style de l’auteur, voici le préambule : « De toutes les maladies qui affligent l’homme, il n’y en a pas de plus redoutable que la peste, puisqu’il n’en est point qui cause tant de trouble dans la société civile ni tant de mortalité. Au seul nom de peste, la terreur et la crainte s’emparent des esprits, tout est en alarme, tout fuit, tout est en trouble, tout est en confusion.

« Les liens du sang et de l’amitié ne sont pas assez forts pour retenir les sains auprès des malades. On voit des enfants qui ne reconnaissent plus leurs pères, et des pères dont la tendresse s’évanouit pour leurs enfants. L’époux s’éloigne de son épouse et l’épouse n’ose plus aborder son époux. Il n’y a plus de communication, ni entre les concitoyens, ni avec les étrangers. Le commerce suspendu, la plupart vivent dans l’inaction, et ceux qui devraient maintenir l’ordre dans une ville, souvent saisis d’un esprit de vertige et d’étourdissement, travaillent beaucoup et ne font rien, tandis que les plus mutins du peuple, profitant du désordre, pillent et volent de toutes parts ».

Gravure (colorisée) extraite du Traité de la peste par le Dr Manget (1720)

Gravure (colorisée) extraite du Traité de la peste par le Dr Manget (1720)

L’ouvrage est distribué en huit chapitres : 1° De la nature de la peste ; 2° de l’origine de la peste ; 3° du levain pestilentiel ; 4° des causes éloignées de la peste ; 5° des symptômes et de l’analogie de la peste avec la petite vérole ; 6° du pronostic ; 7° des préservatifs (chapitre comptant 29 pages) ; 8° de la cure de la peste.

L’autorité dont il jouissait parmi ses confrères le désigna pour intervenir dans le procès opposant les médecins aux chirurgiens : il se révéla comme un polémiste habile et savant. Pierre Baux a encore laissé des Observations sur divers points de la médecine théorique et pratique, de la physique et de l’histoire naturelle ; mais cet ouvrage n’a point été imprimé.

Tels furent les ouvrages de ce médecin éminent : quant à l’homme privé, on a peu à en dire, si ce n’est qu’il fut bon confrère, affable envers tous et d’un caractère obligeant. Marié, le 30 avril 1707, avec Mlle Marie Ruzier, il eut toutes les joies de la famille — ayant deux filles et un fils —, sans en connaître les amères tristesses. Il eut la satisfaction de voir son fils marcher sur ses traces, et le bonheur de voir le grand-père assister, le 27 octobre 1728, à l’agrégation du petit-fils. Cette joie fut, il est vrai, de courte durée : mais à sa mort, survenue à Saint-Dionizy, le 3 septembre 1732, il put penser du moins qu’il ne mourrait pas tout entier, et que le fils continuerait l’œuvre brusquement interrompue.

 
 
Même section >

Suggérer la lecture de cette page
Abonnement à la lettre d'information La France pittoresque

Saisissez votre mail, et appuyez sur OK
pour vous abonner gratuitement
Éphéméride : l'Histoire au jour le jour. Insertion des événements historiques sur votre site

Vos réactions

Prolongez votre voyage dans le temps avec notre
encyclopédie consacrée à l'Histoire de France
 
Choisissez un numéro et découvrez les extraits en ligne !