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L'île des Faisans française six mois par an

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Lieux d’Histoire
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Île (L’) des Faisans française
six mois par an
(Source : Ouest France)
Publié / Mis à jour le jeudi 6 septembre 2018, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
Conséquences de plusieurs traités passés entre la France et l’Espagne, l’île des Faisans, petite île fluviale du Pays basque, située sur la frontière, change de nationalité tous les six mois, entraînant une légère modification de la surface nationale

Lorsque l’on passe la frontière franco-espagnole, marquée par la rivière Bidassoa, entre Hendaye et Irun, on distingue quelques îlots dans l’estuaire. Difficile d’imaginer que parmi ce chapelet de petites îles boisées inhabitées, se trouve le plus petit condominium au monde ! L’île des Faisans, 3 000 m2, appartient en effet à la France et à l’Espagne. Plus précisément, elle est gérée par l’Espagne du 1er février au 31 juillet, et repasse sous législation française entre le 1er août et le 31 janvier de l’année suivante, déplaçant ainsi légèrement les frontières des deux pays.

Interdit au public — le territoire a été placé sous l’autorité des forces armées des pays respectifs — ce petit lopin de terre boisé est officiellement dirigé par deux vice-rois, qui sont le commandant de la Marine nationale à Bordeaux côté français, et son homologue basé à Saint-Sébastien côté espagnol. Si la passation se fait le plus souvent par notes diplomatiques, elle se déroule bien tous les six mois depuis plus de 160 ans.

Iles des Faisans

Iles des Faisans

« Le traité de Bayonne de 1856 entre la France et l’Espagne, qui règle les tensions de navigation et de pêche entre les deux rives, place la frontière dans le canal principal de la Bidassoa, à partir d’Endarlatza (Navarre), à 13 km de l’embouchure, et fait de l’île des Faisans un condominium franco-espagnol », explique Pedro Sanchez-Blanco, historien espagnol et Hendayais d’adoption.

« Ce texte s’inscrit peu de temps avant les festivités du bicentenaire du traité des Pyrénées, passé entre Louis XIV et Philippe IV d’Espagne. La célébration de cet événement entre le Second Empire français et le Royaume d’Espagne, porté notamment par l’Impératrice Eugénie, d’origine espagnole, entraîne l’inauguration d’une stèle commémorative en 1859, encore visible aujourd’hui depuis la rive. »

Un échange au milieu du fleuve
Avant la venue des couples impériaux et royaux en 1856, pour l’inauguration de cette stèle, la petite île des Faisans a vu passer au fil des siècles sur son sol ou à son large de nombreuses têtes couronnées. Il faut dire que le contrôle de l’estuaire de la Bidossoa est un enjeu stratégique dès le Moyen-Âge, car il permet l’accès à l’océan Atlantique : cela entraîne des tensions de part et d’autre de cette frontière, et des rivalités entre la place fortifiée de Fontarabie côté espagnol, et le village d’Hendaye, côté français.

« En 1526, François Ier est libéré par l’Empereur Charles Quint de sa prison madrilène en échange de deux des enfants du roi de France. L’échange a lieu au milieu du fleuve, entre deux barques, au niveau du guet, à quelques dizaines de mètres de l’île des Faisans. Quatre ans plus tard, deux barques se croisent de nouveau au milieu de la Bidassoa : celle qui se dirige vers l’Espagne amène la rançon — 500 000 écus d’or, l’autre ramène les deux enfants de François Ier », raconte Pedro Sanchez-Blanco. En 1615, a lieu au même endroit l’échange entre l’Infante Anne d’Autriche, fille de Philippe III d’Espagne, qui va épouser Louis XIII, et Élisabeth de Bourbon, fille d’Henri IV, qui doit se marier, elle, avec le prince des Asturies.

Entrevues sur l'île des Faisans. Estampe du temps

Entrevues sur l’île des Faisans. Estampe du temps

Une ligne imaginaire
Mais c’est à partir de 1659 que l’île des Faisans entre dans la grande histoire ! « À cette époque, les royaumes de France et d’Espagne, usés par deux siècles de rivalités et de guerres, décident de faire la paix, précise l’ancien professeur à l’université de Saint-Sébastien. Pour discuter des modalités, les diplomates des deux nations choisissent, comme il en est coutume, un endroit aux confins des deux pays. Le lieu choisi est donc cette petite île, neutre car située sur la frontière, au milieu de la Bidassoa. »

« L’îlot est donc divisé symétriquement en deux par une ligne imaginaire, sur laquelle sont construites les structures devant recevoir les délégations. Même la table des négociations se trouve sur cette ligne, afin que les ministres agissent chacun sur leurs terres ! »

Entre août et novembre 1656, les réunions se succèdent, entre le cardinal de Mazarin, Premier ministre de Louis XIV, et don Luis de Haro, Premier ministre de Philippe IV d’Espagne. Ces négociations aboutissent à la signature du traité des Pyrénées et à l’élaboration des termes du mariage entre l’Infante Marie-Thérèse et le jeune roi français. Quelques mois plus tard, les diplomates font place aux rois : Louis XIV rencontre Philippe IV sur l’île des Faisans.

« Le 5 juin 1660, le roi de France rencontre son homologue espagnol, mais chacun reste de son côté de la ligne imaginaire, pour prêter serment et promettre de respecter le nouveau traité. Louis XIV reçoit alors son épouse, avec qui il est marié officiellement depuis deux jours. L’union a été célébrée à Fontarabie, côté espagnol, par procuration, puisque le roi de France ne peut quitter son royaume », poursuit l’historien. Le 11 juin, l’union des deux époux est bénie en l’église de Saint-Jean-de-Luz.

Entrevue de Louis XIV et de Philippe IV d'Espagne sur l'île des Faisans en 1659. Peinture de Jacques Laumosnier

Entrevue de Louis XIV et de Philippe IV d’Espagne sur l’île des Faisans en 1659.
Peinture de Jacques Laumosnier

Avec ce mariage, Louis XIV reçoit en dote les provinces du Roussillon et de l’Artois, une partie du duché de Lorraine et plusieurs places fortes, jusque-là propriétés des Habsbourg. L’une des clauses du traité prévoit également que l’infante renoncerait à ses droits sur la couronne d’Espagne, en échange de 500 000 écus payés par Madrid.

Une île à l’état sauvage
Concernant l’île, elle retombe peu à peu dans l’oubli. Les constructions mises en place pour la négociation du traité, dont on peut imaginer le faste grâce aux tableaux des artistes de l’époque, furent démontées, et l’île a peu à peu retrouvé son état sauvage. Jusqu’à la visite éphémère, deux cents ans plus tard, de l’impératrice Eugénie et de la reine d’Espagne Isabelle II, afin de célébrer le traité des Pyrénées.

Aujourd’hui, l’île des Faisans reçoit parfois des visiteurs, lors des journées du patrimoine. Et exceptionnellement des officiels, pour le transfert de pouvoir entre les vice-rois, comme le 1er février 2012, avec le capitaine de frégate Boris Solin et son homologue espagnol Jaime de la Puente Mora-Figueroa.

Gautier Demouveaux
Ouest France

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