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10 janvier 1724 : l'empereur de la Chine, Young-Tching, proscrit la religion chrétienne dans tous ses états

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10 janvier 1724 : proscription de la religion chrétienne en Chine.
Publié / Mis à jour le mercredi 18 novembre 2009, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

Les sciences et les arts de l’Europe avaient fait admettre la religion chrétienne dans l’empire de la Chine ; les querelles et les intrigues de l’Europe l’en firent chasser. La jalousie divisa les missionnaires, qui, par intérêt seulement, auraient dû s’entendre ; la hauteur et la folie de la cour de Rouie achevèrent de tout ruiner. Comment le souverain d’un vaste empire eût-il souffert chez lui des hommes dont le chef lointain prétendait lui imposer des lois, juger, condamner, réformer sa croyance, quand surtout les sujets de ce chef ne pouvaient s’accorder entre eux et formaient vingt sectes différentes ?

Longtemps avant l’édit célèbre par lequel l’empereur Khang-Hi donna au christianisme une existence publique dans ses états (voy. 22 Mars 1692 ), la discorde avait éclaté entre les jésuites et les dominicains ; ceux-ci accusaient les jésuites de tolérer l’idolâtrie en prêchant l’Evangile, et d’en autoriser le mélange coupable. Ce n’était pas sur des dogmes de foi chrétienne, mais sur des points de théologie chinoise, que s’engageait la controverse, dont il fallait soumettre le jugement à un tribunal siégeant en Europe, et n’entendant rien ni à la langue, ni aux mœurs, ni à la religion des Chinois.

Le système politique de ce peuple a pour base la vénération profonde qu’il porte aux chefs de la famille et au fondateur de sa morale ; à de certaines époques, on se réunit pour rendre hommage, soit aux ancêtres, soit à Confucius ou Koung-Tsèe ; on se prosterne, on adore, suivant l’usage universel dans l’Orient. On brûle des bougies et des pastilles ; des calaos ou mandarins égorgent deux fois par an, autour de la salle où l’on vénère Koung-Tsèe des animaux dont la chair sert ensuite au repas. Y a-t-il ou non idolâtrie dans ces pratiques ? les Chinois regardent-ils leurs ancêtres et Koung-Tsèc comme des dieux ou comme des hommes ? Voilà ce qu’il était difficile à des habitants de Rome de décider.

En 1645, le Saini-Office, établi dans cette ville, condamna cet usage national et le défendit aux lettrés. En i656, sur les représentations des jésuites, l’Inquisition leva la défense, en protestant contre la superstition s’il y en avait. Notez que tous ces jugements contradictoires n’étaient nullement connus des parties intéressées.

Quelques années plus tard, le pape Innocent XII voulut avoir des renseignements précis sur cette cause toujours pendante. II envoya en Chine le missionnaire Maigrot, qu’il nomma évêque de Conon, petite ville de la province de Fo-Kien. Maigrot, après plusieurs années d’étude, lança un mandement contre les cérémonies chinoises : ce mandement ne produisit que trouble et sédition.

Pour soutenir l’évêque, Clément XI créa un patriarche : c’était le cardinal de Tournon, qu’il nomma son vicaire apostolique aux Indes et à la Chine. Le patriarche ne fut admis à Pékin que par l’influence des jésuites ; l’évêque de Conon y vint conférer avec lui.

Alors, et pour la première fois peut-être, l’empereur de la Chine apprit que les chrétiens se mêlaient de juger sa doctrine, et que le pontife romain donnait des évêchés dans son empire, en l’accusant à la fois d’athéisme et d’idolâtrie. L’empereur voulut entendre l’évêque et le patriarche ; tous les deux le blessèrent par la fierté de leur langage et par leur ignorance. D’après les lois de son pays, il pouvait les punir de mort ; il se contenta de les bannir.

Kang-Hi mourut en 1722 (voy. 20 décembre) ; son fils Young-Tching, qui fut le modèle des princes, traita les chrétiens plus rigoureusement que ne l’avait fait son père : il les chassa de tous ses états par un édit, en date du 10 janvier 1724 ; le tribunal des rites confirma cet édit, et donna aux chrétiens six mois pour sortir de l’empire. Dans l’arrondissement de la seule ville de Foungan on démolit dix-huit églises élevées à grands frais par les jésuites. Voici ce que l’empereur leur disait pour justifier sa conduite, et ce que les jésuites rapportent eux-mêmes dans les Lettres édifiantes : « J’ai dû pourvoir au désordre excité dans le FoKien ;... c’est une affaire de l’Empire.... Que diriez-vous si j’envoyais dans votre pays une troupe de lamas ?... Si vous avez su tromper mon père, n’espérez pas me tromper de même.... Vous voulez que tous les Chinois se fassent chrétiens, et votre loi le demande, je le sais ; mais alors que de viendrons-nous ? les sujets de vos rois. Les gens que vous captivez ne reconnaissent que vous ; dans un temps de trouble ils n’écouteraient pas d’autre voix que la vôtre... Ne vous imaginez pas que j’aie de l’inimitié contre vous, ou que je veuille vous opprimer... ce que je fais, c’est en qualité d’empereur. Mon unique soin est de bien régler l’Empire.... »

Young-Tching persista dans les dispositions qu’il annonçait par ses sages paroles. Cependant il garda près de lui quelques jésuites, et notamment le père Parennin, que ses qualités et ses talents lui rendaient nécessaire.

Sous le successeur de Young-Tching d’autres jésuites essayèrent de rentrer dans l’empire. Ils payèrent de leur vie cette illégale tentative, et entraînèrent dans leur perte deux princes du sang. En 1747 cinq dominicains éprouvèrent le même sort.

Tel fut dans cette fameuse contrée de l’Asie le triste résultat de deux fléaux, dont la doctrine chrétienne eut partout à souffrir, l’abus du prosélytisme et la rivalité jalouse des ordres religieux.

 
 
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