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3 mars 1802 : instauration des visites sanitaires pour les filles de joie

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3 mars 1802 : instauration des visites
sanitaires pour les filles de joie
(D’après « Journal des économistes : revue de la science
économique et de la statistique », paru en 1870)
Publié / Mis à jour le dimanche 3 mars 2019, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 
 
 
Au milieu du XVIIIe siècle, les lieutenants de police se préoccupaient de la démoralisation générale et des maux qu’elle entraînait ; mais aucun projet sanitaire n’aboutit, parce que « de pareilles mesures, dit le rapport de police, fourniraient matière à des risées pour le public »

Ainsi du projet élaboré en 1746 par Berryer ; ainsi, également, du système complet proposé par un certain Aulas en 1762, et qui fut rejeté. En 1770, Restif de la Bretonne, dans son Pornographe, mêle aux très sérieuses et très pratiques améliorations qu’il conseille de telles divagations qu’on passe outre sans l’écouter.

Toute idée de surveillance paraît abandonnée, et lorsque le 6 novembre 1778, le lieutenant de police Lenoir publie la fameuse ordonnance réglant les garnis, les cabarets, les auberges et autres maisons où les femmes de mauvaise vie peuvent facilement trouver asile, il n’y fait même pas la plus légère allusion. L’ordonnance interdisait le racolage sous toutes ses formes. La répression s’abattit à nouveau sur les filles publiques, et tous les mois, trois ou quatre cents femmes étaient arrêtées à Paris.

De tous les projets avortés qu’on a pu mettre au jour à cette époque, il semblerait ressortir qu’on voulait punir non pas la débauche elle-même, mais le mal physique qui en résulte ; cette idée apparaît très nettement dans une ordonnance du 2 mai 1781, en vertu de laquelle tout militaire atteint de contagion pour la troisième fois sera condamné à servir deux années au delà du terme fixé par son engagement. Une telle prescription atteignait diamétralement le but opposé à celui que l’on cherchait : pour éviter le châtiment on cachait le mal que des mesures ne faisaient qu’aggraver.

La désolation des filles de joie suite à l'ordonnance du 6 novembre 1778. Estampe de Jean-Baptiste Huet

La désolation des filles de joie suite à l’ordonnance
du 6 novembre 1778. Estampe de Jean-Baptiste Huet

La Révolution avait amené une licence de mœurs effrénées : toutes les plaies morales s’étalaient en public ; les jardins, les promenades, étaient envahis par la débauche, les gravures apposées aux vitres des marchands faisaient détourner les yeux des honnêtes gens ; les livres les plus infâmes s’entassaient chez les libraires, et bien des gens parlant de « leur âme sensible, » retournaient à l’état de brute. Il faut que le mal ait été bien grand pour que la commune, faisant trêve à ses préoccupations politiques, ait fait afficher, à la date du 4 octobre 1793, une proclamation qui tente de refréner tous les débordements dont Paris avait à souffrir. Il faut croire que la proclamation et les considérants emphatiques qui l’accompagnaient ne produisirent qu’un effet médiocre, car le 20 ventôse an IV (1796), la Convention prescrivit un recensement général des femmes vivant exclusivement de désordre.

Cette fois encore le règlement fut nul, et ce n’est que vers 1798 qu’on s’arrêta enfin à l’idée si simple de restreindre le mal produit par la débauche, en soumettant les femmes de mauvaises mœurs à des visites sanitaires, régulières, obligatoires et en les inscrivant. On mit la question à l’étude, et l’on peut croire qu’on procéda avec une extrême lenteur, car il faut attendre quatre années avant que l’arrêté du 12 ventôse an X (3 mars 1802) soit rendu et mette enfin en vigueur le système des visites périodiques et préventives.

A cette époque deux officiers de santé en étaient chargés : c’était bien insuffisant et presque dérisoire ; mais le principe était posé, et il n’allait pas tarder à recevoir un développement nécessaire. Un arrêté du 1er prairial an XIII (21 mai 1805) installa un véritable dispensaire de salubrité, rue Croix-des-Petits-Champs, sous le nom de Salle de Santé. Chaque fille devait s’y présenter quatre fois par mois, et acquitter mensuellement une taxe de 12 livres ; cette dernière mesure était déplorable, car éloignait ces malheureuses généralement fort pauvres, et comme les médecins, que nul contrôle n’entravait, ne se gênaient guère pour exiger six francs par visite, le dispensaire presque abandonné ne remplissait plus aucune des conditions de garantie qui l’avaient fait ouvrir.

Savary, en arrivant à la police, fut frappé de ces inconvénients, qu’il fallait arrêter au plus vite sous peine de voir tomber en désuétude une institution qui, dans son germe, était excellente et pouvait facilement devenir féconde en bons résultats. Il créa une comptabilité spéciale pour le dispensaire, et, enlevant ainsi aux médecins le droit de percevoir eux-mêmes la taxe, fit cesser des abus qui n’avaient que trop duré. Un commissariat particulier, nommé au dispensaire le 20 août 1822, devint l’origine du service des mœurs, que Debelleyme organisa d’une façon définitive et sérieuse en 1828.

À cette même époque, comprenant que l’intérêt public seul était en question, que la taxe imposée aux filles fermait la porte du dispensaire, qu’il fallait par tous les moyens les y attirer, que la multiplicité des visites serait un bienfait pour la population, il abolit la rétribution exigée depuis 1802, et greva son budget à partir du 1er janvier 1829, de tous les frais de ce service spécial. En 1830, le dispensaire quitta la rue Croix-des-Petits-Champs, et fut installé dans les bâtiments mêmes de la préfecture de police.

 
 
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