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20 janvier 1648 : fondation de l'Académie royale de peinture et de sculpture

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20 janvier 1648 : fondation de l’Académie
royale de peinture et de sculpture
(D’après « Mémoires pour servir à l’histoire de l’Académie royale
de peinture et de sculpture depuis 1648
jusqu’en 1664 » (Tome 1), paru en 1853)
Publié / Mis à jour le samedi 20 janvier 2024, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 10 mn
 
 
 
L’acte de naissance de cette institution correspond à la requête adressée au conseil du jeune roi Louis XIV par l’amateur d’art Martin de Charmois, porte-parole d’artistes — parmi lesquels le célèbre Le Brun — désireux d’échapper à un statut d’artisan qui les soumettait à de simples entrepreneurs

Le commencement de la minorité du roi Louis XIV fut signalé, de la part des jurés, par une procédure la plus téméraire et la plus insolite qui fut peut-être jamais. Depuis longtemps ils roulaient le projet d’attaquer et d’anéantir les droits des privilégiés brevetaires du roi. Ce rempart élevé contre eux par la munificence royale les choquait. Ils comptaient que, s’ils pouvaient venir à bout de le renverser et de subjuguer ceux de cette classe, la réduction des autres défenseurs des arts ne tiendrait plus à rien.

Pleins de cette fougue qui flattait leur passion, ils entament l’affaire. lls se transportent chez deux de ces privilégiés — les sieurs Lévêque et Bellot —, procèdent à la saisie de leurs ouvrages, et les font assigner au Châtelet pour y voir déclarer ces saisies valables. Ceux-ci emploient pour leur défense le contenu aux brevets du roi dont ils sont pourvus, concluent, etc., et le Châtelet, sans aucune difficulté, leur adjuge leurs conclusions. Appel interjeté tout aussitôt de cette sentence au Parlement par les jurés, et requête présentée à cette Cour le 7 février 1646, pour lui demander un arrêt en règlement sur le fait de ces privilégiés.

Rien de plus extraordinaire et de plus inouï que cette requête ; rien en même temps qui caractérise mieux l’esprit qui animait et faisait agir les jurés. Il paraît indispensablement nécessaire d’en insérer ici la teneur, du moins en substance. Elle tendait « à ce qu’il fût ordonné que le nombre des peintres dits de la maison du roi fût réduit à quatre ou à six tout au plus, et que ce même nombre ne pût être excédé par ceux qui se qualifiaient peintres de la reine ; qu’il fût enjoint à ces peintres ainsi réservés, lorsqu’ils ne seraient point employés aux ouvrages pour le service de Leurs Majestés, de travailler en chambre pour les maîtres de la communauté, avec défense d’en entreprendre ou d’en exécuter aucuns de leur art, soit pour les églises ou pour d’autres destinations non consenties par lesdits maîtres, à peine de confiscation desdits ouvrages, de cinq cents livres d’amende, et même de punition exemplaire, s’il y échéait, et ladite amende payable sans déport, etc. ;

« que, sous les mêmes peines, il fût pareillement fait défense à tous lesdits peintres prétendus privilégiés, réservés ou non réservés, d’avoir ni tenir aucunes boutiques ouvertes, et y exposer en vente aucun tableau ou autres ouvrages de peinture ; que, pour prévenir les abus qui se pourraient commettre sous prétexte ou à l’occasion de ladite qualité, il fût statué qu’il n’y aurait à l’avenir que six desdits peintres privilégiés d’employés dans chacun des deux états dûment registrés à la Cour des aides, l’un pour la maison du roi, l’autre pour celle de la reine ; et, au cas qu’il y eût été fait emploi d’un plus grand nombre desdits privilégiés, qu’il fût permis aux jurés, de leur seule autorité, de saisir les tableaux et autres ouvrages desdits surnuméraires, pour être de même confisqués au profit de la communauté, et que ces derniers fussent en outre condamnés en trois cents livres d’amende ;

« qu’il fût loisible aussi auxdits jurés de faire les visites requises par les statuts et règlements de leur communauté, à la charge d’en faire leur rapport pardevant M. le lieutenant civil, en la manière accoutumée ; que, à l’égard des peintres de la maison de la reine, il fût ordonné qu’arrivant le décès d’icelle dame reine, lesdits peintres demeureraient interdits de toutes fonctions dudit art de peinture, hormis toutefois qu’ils fussent maîtres de la communauté : aux offres que faisaient lesdits jurés de travailler aux ouvrages qui seraient à faire pour les maisons du roi et de la reine, toutes fois et quand il plairait à Leurs Majestés de le leur commander. »

Vue perspective du salon de l'Académie royale de peinture et de sculpture au Louvre. L'exposition de l'Académie s'y tient régulièrement à partir de l'année 1737

Vue perspective du salon de l’Académie royale de peinture et de sculpture au Louvre.
L’exposition de l’Académie s’y tient régulièrement à partir de l’année 1737

Chose non moins étonnante que cette requête même, elle fut admise au Parlement. Elle y donna lieu à une procédure des plus chargées, et où tous les détours de la chicane la plus raffinée semblaient se trouver rassemblés. Elle est relatée dans ll’arrêt du Parlement qui intervint en cette cause en août 1647, et qui constatera à jamais jusqu’où allait le génie litigieux et processif de la cabale des jurés.

Par cet arrêt il fut ordonné « qu’avant de procéder au jugement définitif, etc., ceux qui prenaient la qualité de peintres et de sculpteurs du roi ou de la reine seraient assignés en ladite Cour pour prendre communication dudit procès, déduire leurs raisons et moyens, produire contredits et salvations, etc., pour, ce fait, et le tout vu et communiqué au procureur général du roi, être ordonné ce qu’il appartiendrait ; dépens réservés. »

Les jurés firent signifier cet arrêt à tous les privilégiés sans exception, même à ceux qui, étant logés dans le Louvre, étaient censés être domestiques et commensaux du roi. Le seul à qui ils crurent devoir faire grâce de cette formalité fut Le Brun. Pour éluder et se sauver le désagrément d’être reçu maître, il avait fait présent à leur communauté d’un tableau, ouvrage de sa jeunesse. Ils voulurent faire passer pour une espèce de retour de politesse le ménagement dont ils usèrent envers lui dans cette occasion. Mais, au fond, ils redoutaient le crédit que la supériorité de son génie et de ses talents et la politesse de ses mœurs lui avaient dès lors acquis auprès des magistrats et des grands, et crurent faire beaucoup pour eux de ne se point attirer un tel adversaire.

Le Brun pensait trop dignement et chérissait trop l’honneur de son art pour n’être pas plutôt blessé que touché d’une distinction aussi bizarre, et avait trop de pénétration pour en être la dupe un seul instant. Il agit en conséquence, et, comme s’il se fût vu attaqué personnellement, recourut au seul remède capable de mettre fin à tant de maux, qui était l’institution d’un corps académique. Depuis longtemps il en méditait et la forme et le plan : il les jeta alors sur le papier. Les deux frères Testelin étaient ses intimes amis. Outre qu’ils étaient d’une assez haute habileté dans l’art, c’étaient des hommes d’un excellent esprit et d’un très grand sens. Le Brun leur fit part de ses vues, de ses idées et de son travail, et il eut la satisfaction, dans plusieurs conférences qu’il eut sur ce sujet avec eux, de les trouver, mais de la manière la plus complète et la plus parfaite, réunis avec lui dans le même sentiment.

Ce fut, comme par une espèce d’inspiration, celui de tout ce qui s’appelait gens d’art, privilégiés du roi et autres. La signification du dernier arrêt avait servi de signal de ralliement indistinctement à tous. Nul d’entre eux ne songea à y défendre par les voies de droit. Le projet de l’établissement d’une académie occupa chacun en particulier, et se trouva le vœu général et unanime de tous, avant même que personne se fût communiqué. Aussi les conférences et les délibérations ne roulèrent-elles bientôt plus que sur le choix des moyens qui pourraient conduire à cet heureux événement. Plusieurs habiles maîtres de la communauté, qui y avaient été reçus en leur bas âge, ou qui, pour éviter les chicanes et les persécutions des jurés, avaient été contraints de s’y enrôler plus tard, s’en séquestrèrent avec joie, et vinrent se ranger sous la nouvelle association, au premier bruit qui perça qu’elle pût avoir lieu.

Celles de toutes ces conférences cependant qui opérèrent d’une manière plus efficace furent celles qui se tenaient chez Juste d’Egmont. Elles n’étaient rien moins qu’éclatantes et tumultueuses, n’étant composées que de lui, de Sarrazin et de Corneille. Mais Martin de Charmois y assistait très régulièrement, ou, pour mieux dire, il y présidait et en était l’âme. Il était alors secrétaire du maréchal de Schomberg, qu’il avait suivi en cette qualité dans son ambassade à Rome. Il avait fait un long séjour dans cette capitale du monde. L’amour extrême qu’il y avait apporté pour la peinture et la sculpture l’avait mis en état d’y acquérir des connaissances exquises et très supérieures dans ces deux beaux arts. Même il avait quelque pratique dans le premier, dont il se servait pour son amusement, et qui passait de beaucoup la portée ordinaire de la nation bornée et incommode de nos amateurs.

Ce fut là l’homme à qui paraît avoir été réservée la gloire d’être en quelque sorte le premier fondateur de l’Académie. Il saisit avec empressement cette occasion qui s’offrait de faire éclater son zèle pour les arts et l’estime singulière qu’il faisait de tant d’excellents hommes qui en illustraient alors la profession. Après avoir pris une connaissance exacte de l’état du procès en question et de cette longue suite de persécutions et de vexations qui l’avait précédé, il se fixa et se confirma dans la pensée de n’en chercher la fin qu’à l’ombre et au pied du trône même ; et, pour effectuer ce dessein, il minuta avec beaucoup de force et d’habileté une requête au roi, qu’il résolut d’aller présenter lui-même à Sa Majesté et à son conseil.

Martin de Charmois avait trop de prudence et de discernement pour négliger en cette occurrence les suffrages et le concours de Le Brun. Indépendamment du rang que ce grand homme tenait déjà dans la peinture, de l’étendue de ses connaissances et de la solidité de son jugement, il était honoré avec une distinction particulière de la bienveillance du chancelier, l’illustre Pierre Séguier. Le Brun adopta avec transport un projet dont il aurait pu se faire les premiers honneurs, et l’embrassa avec une chaleur digne de la noblesse de ses sentiments et d’une aussi bonne cause. Errard, Van Mol, Guillain et Le Sueur ne tardèrent pas à suivre son exemple et à se ranger sous les lois de cette nouvelle union.

Encouragé par ce premier succès, de Charmois mit tous ses soins à la fortifier promptement et à l’enrichir de tout ce qu’il connaissait dans Paris d’hommes célèbres dans les deux arts. Le Brun agit de son côté. Ils eurent d’autant moins de peine à se les acquérir qu’en acquiesçant à cette association proposée, tous ne faisaient que suivre le penchant de leur cœur et remplissaient leurs plus sensibles vœux. Peu de jours suffirent pour former un corps d’artistes considérable.

Les choses en cet état, Martin de Charmois crut qu’il était temps de mettre la dernière main à son ouvrage et de donner une véritable consistance à ce corps. Pour cet effet, il invita tous les peintres et tous les sculpteurs brevetaires du roi de se trouver, au jour marqué, à l’hôtel de Schomberg. Ce fut pour mieux donner le change aux jurés qu’il s’attacha à ne rechercher ainsi en apparence que ces artistes qualifiés. Ceux-là triomphaient de l’embarras où ils avaient mis ces autres par le dernier arrêt, et même des mouvements qu’ils les voyaient se donner pour vaincre ces embarras, assurés et fiers de la supériorité de leurs ressources du côté de la chicane, et de l’issue que, selon eux, ne pouvait manquer d’avoir au Parlement un procès où il s’agissait, quoique assez indirectement, de mater la Cour.

Il est certain qu’ils ne prirent aucun ombrage de cette assemblée. Elle fut cependant assez nombreuse. Plusieurs des grands maîtres de l’art non privilégiés s’y trouvèrent avec les brevetaires, comme par pur hasard. De Charmois y fit la lecture de la requête qu’il déclarait vouloir présenter au roi. Il en parcourut ensuite et en discuta toutes les diverses parties, expliqua de chacune et l’objet et l’utilité, et la liaison qu’elle avait avec les autres, exposa et mit dans tout son jour le plan de l’Académie et celui des exercices publics, dont il démontra tous les avantages présents et futurs, et parla sur tout avec tant de lumière, de solidité et d’agrément, que la compagnie en demeura saisie d’admiration. En effet, elle ne répondit et à la requête et au discours qui lui avait servi de commentaire que par une acclamation générale. Chacun sembla n’être animé que du désir de contribuer à qui mieux à l’accomplissement d’un si noble dessein, et la requête fut signée de tous avec un empressement inexprimable.

A la tête de ceux qui la souscrivirent en cette assemblée l’on vit les noms de Le Brun, Sarrazin, Perrier, de La Hire, Errard, Corneille, d’Egmont, Van Opstal, Bourdon, Du Guernier, Ance, les deux Beaubrun, les deux Testelin. Ces noms étaient suivis de ceux de la plupart des autres célèbres peintres et sculpteurs de ce temps. L’un de ceux qui composaient cette assemblée prit sur lui d’y représenter la situation où se trouvait un homme de la profession, habile et plein de mérite, qu’une fatalité inopinée avait réduit à l’indigence. A cet exposé tous les cœurs s’émurent d’une généreuse sensibilité. Chacun des assistants s’écria que ce jour était trop heureux pour les arts pour qu’il fût permis de laisser dans la souffrance un confrère dénué des secours de la fortune, et que l’Académie ne se pouvait former sous des auspices plus favorables que sous ceux de l’humanité et de la miséricorde. L’émulation avec laquelle on se mit à contribuer à cette bonne œuvre alla jusqu’à la profusion, et valut à celui qui en fut l’objet une somme d’argent considérable.

Cependant Martin de Charmois prenait toutes les mesures que son habileté et son expérience dans la conduite des affaires pouvaient lui suggérer pour assurer la réussite de l’entreprise dont il se voyait maintenant chargé en chef. Il eut soin d’en prévenir les plus considérables d’entre les seigneurs qui composaient le conseil de régence et chez lesquels il avait un libre accès, et de leur en faire concevoir la justice, la nécessité et l’utilité. En même temps il détacha Le Brun vers le chancelier pour engager ce suprême magistrat à jeter les yeux sur la requête en question et sur le projet d’arrêt que lui, de Charmois, se proposait d’y joindre lorsqu’il la présenterait au conseil. Le chancelier examina et approuva le tout, et assura Le Brun qu’au conseil il voulait appuyer cette affaire de tout son pouvoir, et qu’en toute autre rencontre l’Académie le trouverait toujours rempli d’estime pour elle, et prêt à lui donner des marques de sa protection.

Tout étant ainsi disposé, de Charmois présenta la requête au roi. Elle fut proposée au conseil de régence tenu au Palais-Royal le 20 janvier 1648. A ce conseil se trouvèrent, avec le roi et la reine-mère régente, le duc d’Orléans, le prince de Condé, le chancelier et les seigneurs et ministres qui y avaient entrée et séance. De Charmois y fut appelé pour y faire lui-même la lecture de la requête. Comme elle était composée avec beaucoup d’art et de soin, elle fut écoutée avec une forte et très favorable attention.

Elle représenta d’abord « l’abus qui s’était glissé parmi ceux qui professaient la peinture et la sculpture, par l’ignorance du plus grand nombre, qui avait prévalu sur les remontrances des plus capables, pour réduire en maîtrise des arts si relevés par leur essence même, que chez tous les peuples les plus éclairés et les plus policés ils ont toujours été exercés noblement. Ensuite elle dépeignit avec les plus vives couleurs les suites fâcheuses de cet abus, et cette audace avec laquelle des doreurs, des étoffeurs, des marbriers, s’étaient arrogé la qualité de peintres et de sculpteurs, et s’en étaient fait un titre pour vexer et pour opprimer ces arts libéraux, et, sous prétexte de leur maîtrise, donner journellement toutes sortes d’empêchement et de troubles à ceux qui les professaient avec le plus d’honneur et de capacité. »

Là elle entra légèrement dans le détail de tous les procès que les arts avaient essuyés depuis près d’un demi-siècle, jusque et y compris celui qui pendait actuellement au Parlement, rapporta cette étonnante requête présentée par les jurés le 7 février 1646, et mit dans tout son jour l’attentat que ces hommes vils et abjects avaient osé former contre la puissance royale même, en poursuivant au Parlement la limitation des peintres et des sculpteurs du roi et de la reine régente.

Elle appuya singulièrement sur les dangereuses conséquences de cet attentat pour l’honneur et la liberté des arts, et sur cette ignominieuse alternative qui tendait à assujettir les privilégiés du roi, avec les autres excellents hommes de l’une et de l’autre profession, tant français qu’étrangers, ou à se faire passer maîtres à Paris, ou à travailler sous des broyeurs de couleurs ou sous des polisseurs de marbre qui n’avaient jamais eu d’autre mérite pour arriver à la maîtrise que l’argent qu’ils avaient fourni pour y être reçus.

Charles Le Brun, premier peintre du roi. Peinture de Nicolas de Largillière (1686)

Enfin la requête exposa avec beaucoup de force l’éminent degré de perfection où la peinture et la sculpture étaient portées en France, montra que ces arts fleurissaient à Paris avec autant d’éclat qu’en aucun lieu de l’Europe, fit valoir le nombre de ces hommes célèbres qui en soutenaient si dignement la splendeur, et celui des véritables gens d’art d’entre les maîtres qui, fuyant l’opprobre de la maîtrise, désiraient et méritaient d’être admis dans le nouveau corps académique, et elle se termina par une déduction succincte, mais bien touchée, des règles et des maximes qui devaient servir de base à l’établissement proposé, et en assurer la décence, l’union et la durée, et par une idée précise du plan des études publiques qu’elle représentait comme l’objet capital et essentiel de son institution, et semblable au plan des académies de Rome et de Florence.

Charles Le Brun, premier peintre du roi. Peinture de Nicolas de Largillière (1686)

Charles Le Brun, premier peintre du roi. Peinture de Nicolas de Largillière (1686)

Elle conclut par demander que les arts de peinture et de sculpture fussent soustraits à la domination de la jurande et réunis en une société libre, sous le nom d’Académie, dont la forme et l’administration déterminées et autorisées par Sa Majesté, etc.

La reine fut extrêmement frappée du contenu en cette requête et eut la bonté de déclarer qu’elle était pénétrée, ainsi que tout le conseil, de la justice et du mérite de l’établissement proposé, en même temps qu’elle se montra vivement indignée de cette témérité avec laquelle les jurés avaient osé entreprendre de limiter le pouvoir du roi et le sien. Son ressentiment alla même jusqu’à vouloir éteindre la maîtrise et la supprimer sans retour. Mais, quelqu’un du conseil lui ayant représenté les inconvénients dont une telle punition pouvait être susceptible, elle voulut bien s’en départir. Il ne fut donc plus question que de consommer l’ouvrage de l’institution académique. Comme l’arrêt se trouva tout dressé, il fut signé à l’heure même, sans la moindre apparence de contradiction, et sans qu’il fût question d’y faire aucun changement.

Par cet arrêt, le roi faisait « très expresses inhibitions et défenses aux maîtres et jurés peintres et sculpteurs de donner aucun trouble et empêchement aux peintres et sculpteurs de l’Académie, soit par visites, saisie de leurs ouvrages, confiscations, soit en les voulant obliger à se faire passer maîtres, ni autrement, en quelque sorte et manière que ce pourrait être, à peine de deux mille livres d’amende. » Et afin que les arts de peinture et de sculpture pussent être exercés plus noblement, le roi « ordonnait que tous peintres et sculpteurs, tant français qu’étrangers, comme aussi ceux qui, ayant été reçus maîtres, s’étaient volontairement départis, ou se voudraient à l’avenir séquestrer dudit corps de métier, seraient admis à ladite Académie sans aucuns frais, s’ils en étaient jugés capables par les douze anciens d’icelle. »

Et, par un trait de justice distributive qui montre l’exacte équité du rédacteur, le même arrêt fait réciproquement « défenses, sous semblables peines, aux peintres et sculpteurs de l’Académie de donner aucun trouble ni empêchement aux maîtres et jurés peintres et sculpteurs. »

 
 
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