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26 octobre 1440 : exécution de Gilles de Rais

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26 octobre 1440 : exécution de
Gilles de Rais
(D’après « Biographie universelle ancienne
et moderne » (Tome 37), paru en 1824)
Publié / Mis à jour le jeudi 26 octobre 2023, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 
 
 
Devant hélas davantage sa célébrité aux extravagances, vices et crimes le menant à la potence qu’à ses exploits militaires durant la guerre de Cent Ans aux côtés de Jeanne d’Arc, Gilles de Rais, fréquemment confondu avec le personnage de « Barbe Bleue » du conte de Perrault, ne laisse pas, aujourd’hui encore, de susciter les controverses quant à sa culpabilité. Nous nous bornons ici à relater la version officiellement retenue de ses pérégrinations.

Également célèbre sous le nom de maréchal de Retz, Gilles de Retz (orthographié de nos jours de Rais cependant qu’il signait de Rays), né vers 1405, était l’aîné des fils de Guy de Laval, deuxième du nom, seigneur de Retz, cadet de la maison de Laval, et de Marie de Craon de La Suze. Il perdit son père en 1415 et servit d’abord le duc de Bretagne, son souverain ; et l’on voit son nom cité dans l’histoire en 1420 et 1425.

Etant passé au service du roi de France Charles VII en pleine guerre de Cent Ans, il emporta d’assaut, en 1427, le château du Lude, dont il tua le commandant. Il reprit encore aux Anglais la forteresse de Rennefort, et le château de Malicorne, dans le Maine. En 1429, il fut un des principaux capitaines qui aidèrent Jeanne d’Arc à faire entrer des vivres dans Orléans, et se distingua à la prise de Gergeau. Il était, ainsi que son frère René, sire de Laval, l’un des chefs de l’armée qui accompagna le roi à Reims, cette année, pour y être sacré. Le sire de Laval fut fait comte dans cette occasion, et il est probable que le sire de Retz fut nommé aussi maréchal de France.

Gilles de Laval, seigneur de Retz. Illustration publiée dans Costumes historiques de la France d'après les monuments les plus authentiques (Tome 3) de Paul Lacroix (1852)

Gilles de Laval, seigneur de Retz. Illustration publiée dans Costumes historiques de la France
d’après les monuments les plus authentiques
(Tome 3) de Paul Lacroix (1852)

En l’élevant si jeune à cette dignité, peu prodiguée alors, on ne considéra pas moins son mérite et ses services que sa naissance. Il est certain qu’il était décoré de ce titre au sacre de Charles VII et que ce fut lui qui apporta la sainte ampoule, de l’abbaye de Saint-Remi à l’église métropolitaine. Il était de plus conseiller et chambellan du roi. Il se signala, en 1430, à la prise de Melun, et l’année suivante, à la levée du siége de Lagny par les Anglais. En 1433, il commandait, avec le maréchal de Rieux, l’avant-garde de l’armée française, sous les ordres du connétable de Richemont : cette armée étant arrivée devant Sillé dans le Maine en présence des Anglais, les deux partis se séparèrent sans combattre. Ici paraît finir la carrière militaire et honorable du maréchal de Retz.

Héritier, à vingt ans, d’un patrimoine considérable, et marié, quatre ans après, à Catherine de Thouars (26 juin 1422), qui lui avait apporté plusieurs terres en dot, il était devenu l’un des plus riches seigneurs du royaume, en 1432, par la mort de son aïeul maternel, Jean de Craon, seigneur de La Suze, de Champtocé, d’Ingrandes, etc. On évaluait sa fortune à trois cent mille livres de rente, sans compter les profits de ses droits seigneuriaux, les émoluments de ses charges, et un mobilier de cent mille écus d’or.

Mais il en eut bientôt dissipé la plus grande partie par ses prodigalités, son faste et ses débauches. Il eut d’abord une garde de deux cents hommes à cheval, dépense que les plus grands princes pouvaient à peine soutenir dans ce temps-là ; et il traînait en outre à sa suite plus de cinquante individus, chapelains, enfants de chœur, musiciens, pages, serviteurs, etc., la plupart agents ou complices de son libertinage, et tous montés et nourris à ses dépens. Sa chapelle était tapissée de drap d’or et de soie. Les ornements, les vases sacrés, étaient d’or et enrichis de pierreries. Il avait aussi un jeu d’orgues, qu’il faisait toujours porter devant lui. Ses chapelains, habillés d’écarlate doublé de menu vair et de petit gris, portaient les titres de doyen, de chantre, d’archidiacre, même d’évêque ; et il avait de plus député au pape, pour obtenir la permission de se faire précéder par un porte-croix.

Il donnait, à grands frais, des représentations de Mystères, les seuls spectacles connus alors. Pour se livrer à ces profusions, il aliéna une partie de ses terres à l’évêque de Nantes, aux chapitres de la cathédrale et de la collégiale de cette ville. En 1434, il vendit à Jean V, duc de Bretagne, les places de Mauléon, Saint-Étienne de Malemort, le Loroux-Bottereau, Pornic et Champtocé. Sa famille, alarmée, obtint un arrêt du parlement de Paris défendant au maréchal d’aliéner ses domaines. Le roi n’ayant pas voulu approuver les ventes déjà faites, le duc de Bretagne s’opposa à la publication de ces défenses et refusa d’en donner de semblables dans ses états. Les parents du maréchal, irrités de ce refus, tâchèrent de conserver ces places dans leur maison et résistèrent au duc : mais il les reprit, ôta au comte de Laval, son gendre, la lieutenance-générale de Bretagne et en revêtit Gilles de Rais, avec lequel il consomma tous ses marchés, en 1437.

Ces ressources ne suffisant pas au maréchal, il avait depuis longtemps cherché d’autres moyens pour s’en procurer. Assez instruit pour son siècle, il eut recours à l’alchimie. De prétendus adeptes lui apprirent le secret de fixer les métaux ; mais il manqua le grand œuvre. Dégoûté de l’art d’Hermès, il se jeta dans la magie. Un Anglais, nommé Messire Jean, et l’Italien François Prelati, furent successivement ses maîtres, et l’aidèrent dans ses conjurations. On dit qu’il promettait tout au diable, excepté son âme et sa vie. Mais tandis qu’il prodiguait l’encens au démon, et qu’il faisait l’aumône en son honneur, il continuait ses exercices pieux avec ses chapelains, alliant ainsi une extrême superstition aux pratiques les plus impies, et à la dépravation de mœurs la plus criminelle.

En effet, ce fut à cette époque, qu’il commença — selon les témoignages consignés lors de son procès en 1440 — d’immoler des enfants, soit pour mettre plus de raffinement dans ses plaisirs abominables, soit pour employer leur sang, leur cœur, ou quelques autres parties de leurs corps, dans ses charmes diaboliques. Ses gens attiraient dans ses châteaux par quelques friandises des jeunes filles, mais surtout des jeunes garçons du voisinage, et on ne les en voyait plus sortir. D’autres agents, qui accompagnaient ce seigneur dans ses tournées en Bretagne, persuadaient aux artisans pauvres qui avaient de beaux enfants de les confier au maréchal, qui les admettrait parmi ses pages et se chargerait de leur sort.

Procès de Gilles de Rais. Enluminure extraite d'un manuscrit réalisé pour Jean Bouhier (1673-1746), président à mortier au parlement de Dijon

Procès de Gilles de Rais. Enluminure extraite d’un manuscrit réalisé
pour Jean Bouhier (1673-1746), président à mortier au parlement de Dijon

Des parents, des amis du sire de Rais, un Gilles de Sillé, un Prinçay, un Roger de Briqueville, semblent même avoir été les complices de ses horribles débauches, soit en lui procurant des victimes, soit en maltraitant ou en menaçant les parents pour étouffer leurs plaintes. Enfin le scandale fut si public, et les réclamations si nombreuses, que Gilles de Laval fut déféré à la justice.

Arrêté au mois de septembre 1440, il fut renfermé dans le château de Nantes ; et le duc de Bretagne chargea son commissaire, Jean de Toucherond, de commencer une enquête. Deux de ses gens furent arrêtés : Henri et Étienne Corillaut, dit Pontou ou Poitou. Prelati ne vivait plus. La mort ou la fuite avaient dérobé les autres au supplice. Confronté avec ses deux complices, Gilles de Rrais les désavoua pour ses serviteurs, et dit qu’il n’avait eu que d’honnêtes gens à son service : mais la menace de la torture le fit changer de langage, et il confirma leurs déclarations par un aveu général et circonstancié de tous ses crimes.

Les pièces du procès nous apprennent que ses forfaits eurent lieu, presque sans relâche, dans ses châteaux de Machecoul, de Chanptocé, de Tiffauges, dans son hôtel de La Suze, à Nantes, et dans la plupart des villes où il passait ; et qu’ils durèrent huit ans, suivant ses propres aveux, ou quatorze ans, suivant la déclaration d’un de ses complices. Pour dérober les traces de ses forfaits, il faisait précipiter les cadavres dans les fosses d’aisances quand il était en voyage : mais, dans ses châteaux, il les brûlait, et en jetait les cendres au vent. Bien qu’on ait évoqué, au XIXe siècle, l’exhumation de restes humains — quarante-six corps à Champtocé et de quatre-vingts à Machecoul —, les pièces du procès ne mentionnent pas de découvertes macabres dans les demeures et lieux de passage du maréchal.

Gilles de Rais s’était en outre rendu coupable du crime de félonie. Après avoir vendu à son souverain la place de Saint-Étienne de Malemort, il s’en était remis en possession, en menaçant le gouverneur d’égorger son frère s’il ne la lui livrait pas.

Convaincu de tant de forfaits, Gilles de Laval fut jugé et condamné à mort avec ses deux agents, par un tribunal que présida Pierre de l’Hôpital, sénéchal de Bretagne. Pour satisfaire, avant de mourir, un de ses goûts favoris, il demanda et obtint d’être conduit en procession, par l’évêque de Nantes, jusqu’au lieu du supplice. Le maréchal témoigna un repentir sincère, demanda pardon aux parents des enfants qu’il avait immolés, exhorta ses complices à la mort et à la pénitence, leur dit adieu, et promit de les rejoindre en paradis.

L’exécution eut lieu le 26 octobre 1440 dans la prairie de Biesse, remplacée depuis par une rue portant ce nom, à l’entrée du pont de la Madeleine. Le criminel fut étranglé ; mais, par considération pour sa naissance , ses services et son repentir, le duc de Bretagne permit que son corps, qui devait être brûlé et jeté au vent, ne demeurât qu’un instant sur le bûcher, et fût rendu à sa famille, qui le fit porter dans l’église des Carmes, où il fut enterré. Le maréchal de Retz ne laissa qu’une fille, Marie de Laval, mariée deux fois, et morte sans enfants, en 1458. Son oncle René de Laval, hérita de la seigneurie de Retz, que sa fille unique, Jeanne de Laval, légua par testament, en 1481, à François II, duc de Bretagne.

 
 
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