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1799 : l'école est prioritairement affectée à l'enseignement des valeurs républicaines

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L’Histoire éclaire l’Actu
L’actualité au prisme de l’Histoire, ou quand l’Histoire éclaire l’actualité. Regard historique sur les événements faisant l’actu
1799 : l’école est prioritairement
affectée à l’enseignement
des « valeurs républicaines »
(D’après « Revue populaire. Organe de vulgarisation scientifique
et d’éducation sociale », paru en 1901)
Publié / Mis à jour le dimanche 30 octobre 2022, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
Datant de l’époque révolutionnaire, et plus précisément du 17 fructidor an VII (3 septembre 1799), une circulaire adressée aux instituteurs du canton d’Essay, en Normandie, illustre la direction que le gouvernement entend alors donner à une instruction jugée pour l’heure « partout nulle ou vicieuse » car encore empreinte des préceptes de l’Ancien Régime : l’école ne devra pas tant s’occuper de préparer les jeunes esprits à la vie future que de leur inculquer les idéaux républicains.

Voici la circulaire du 3 septembre 1799 adressée aux instituteurs du canton d’Essay, dans l’Orne :

« Citoyens, en vous chargeant de l’éducation de la jeunesse, vous vous êtes imposé une tâche en même temps honorable et intéressante. Par vos soins la patrie doit voir s’élever une génération dans laquelle elle ne comptera que des enfants dignes d’elle ; par vos soins, la philosophie doit s’attendre à voir disparaître le prestige des préjugés honteux et avilissants qui avaient enfanté chez nous l’ignorance et l’esclavage.

« Mais si au lieu de former des républicains, en suivant le plan d’instruction que vous avez dû vous prescrire, vous alliez malheureusement suivre les routes ténébreuses de l’ancien système d’éducation dans lequel nous retrouvons la source ou la cause de tous nos maux, combien vous seriez alors indignes du nom d’instituteurs républicains dont vous ne feriez que déshonorer les respectables fonctions. Combien vous seriez coupables de n’avoir pas abandonné une entreprise pour laquelle vous ne vous seriez senti ni assez de courage pour attaquer en face la superstition et l’ignorance sa digne compagne, ni assez de zèle pour soutenir contre les deux ennemis de la saine raison les combats qu’elles ne cessent de lui livrer.

Le maître d'école

Le maître d’école

« Nous ne pouvons vous dissimuler, citoyens, que jusqu’ici nous n’avons remarqué dans presque aucun de vous ces qualités éminentes qui distinguent le vrai instituteur patriote. En effet, si nous vous demandons ce que vous avez fait pour inculquer dans les jeunes cœurs de vos élèves cet amour de la patrie qui dans un âge plus avancé forme les héros, ces principes sublimes du gouvernement démocratique dans lequel le citoyen trouve la Liberté et l’Egalité, et qui déterminent irrésistiblement son choix sur tous les autres genres de gouvernement, ah ! vous êtes obligés de répondre que vous n’avez rien fait.

« Si nous vous demandons ce que vous avez fait pour vaincre les obstacles qui se sont présentés à l’introduction des livres républicains élémentaires qui doivent succéder aux bouquins de la bêtise routinière, vous avouerez ingénument que nous n’avez encore rien fait.

« Mais si l’on vous disait que vos élèves savent prier Dieu soir et matin, qu’ils répètent le benedicte, l’agimus tibi gratias et toute la kyrielle, qu’ils savent que c’est aujourd’hui samedi, demain dimanche, et dans huit jours la Nativité de la Sainte Vierge, tandis qu’ils ne connaissent ni les droits ni les devoirs du citoyen, ni les principaux articles de la constitution, tandis qu’ils ignorent tous les jours où ils vivent selon le calendrier républicain, et qu’ils ne se doutent même pas qu’ils existent dans une République. Ah pour le coup, vous demeurez confus et ne répondez rien.

« Pénétrez-vous donc bien, citoyens, que vous êtes les instituteurs de la République et non ceux de la religion catholique, ni de toute autre secte religieuse.

« Pénétrez-vous aussi de cette vérité que la patrie exige de vous que vous lui formiez des hommes qui sachent d’abord aimer et chérir les lois de leur pays avant de s’occuper du dogme d’une vie future, qui, selon nous, n’est qu’une chose accessoire à l’éducation, dépendant absolument de la volonté des parents, et dont nous ne voyons point que vous soyez chargés par le mandat de ceux qui vous ont nommés à la place que vous occupez. Nous voudrions bien n’avoir que des éloges à vous distribuer et nous n’avons que trop de motifs de vous adresser des reproches.

« Les articles 3 et 4 de la loi du 17 thermidor an VI [4 août 1798] concernant des mesures pour coordonner les jours de repos avec le calendrier républicain, portent que les écoles publiques vaquent les décadis et les jours de fêtes nationales, et qu’elles ne peuvent vaquer aucun autre jour de la décade, que le quintidi ; et, au mépris de ces dispositions formelles, quelques-uns d’entre vous se sont permis de tenir leurs écoles ouvertes les jours de repos, et de vaquer les jours-de ci-devant dimanche, ou autres jours fériés du calendrier grégorien.

« L’article 6 de la loi du 13 fructidor de la même année [30 août 1798], relative à la célébration des décadis prescrit, aux instituteurs de conduire leurs élèves chaque jour de décade ou de fête nationale au lieu de la réunion des citoyens ; cette loi n’a pas encore reçu son exécution.

« La plupart d’entre vous ne se sont point acquittés de leurs devoirs, et ceux qui ont cru les avoir remplis ne l’ont pourtant fait que très imparfaitement. En effet, il ne s’agit pas que l’instituteur se rende seul ou accompagné de deux ou trois élèves pensionnaires au temple décadaire dans lequel ces élèves parlent haut, courent, vont et viennent, sortent et rentrent, et se comportent comme dans la place publique.

Carte humoristique : chiens humanisés dans une salle de classe

Carte humoristique : chiens humanisés dans une salle de classe

« Tous les élèves doivent être réunis le décadi matin chez l’instituteur qui leur donne à cet égard une recommandation à laquelle ils se soumettent d’autant plus docilement qu’ils ont été accoutumés de bonne heure à obéir aux ordres de leur maître. L’instituteur qui viendrait à cette occasion dire que ses élèves se seraient refusés à obéir, dirait en d’autres termes qu’il serait un mauvais instituteur, et la conduite qu’il aurait à tenir serait assurément de quitter le gouvernail du vaisseau qu’il n’aurait ni le courage, ni l’habileté de conduire.

« L’instituteur doit conduire ses élèves au lieu des séances de l’administration, sur les 9 heures du matin, et se réunir au cortège qui se rend ensuite au temple décadaire ; il doit leur prescrire le silence et un maintien décent. C’est dans le temple décadaire surtout que cette règle doit être plus ponctuellement observée ; il est bon d’apprendre de bonne heure aux jeunes gens à se pénétrer d’un profond respect pour tout ce qui concerne les lois qui deviennent sacrées et inviolables, lesquelles sont l’expression de la volonté générale. Et, pourquoi les hommes n’éprouveraient-ils pas les sentiments d’un respect religieux devant le livre de la loi, quand on est parvenu à les faire agenouiller devant l’image du premier saint venu ?

« Nous vous invitons à prendre en considération l’objet de la présente ; nous vous engageons aussi à bien vous pénétrer de l’étendue et de l’importance de vos devoirs, et à vous consulter présentement pour savoir, la main sur la conscience, si vous vous sentez capables de les remplir. Vous seriez coupables en vous obstinant à conserver des fonctions pour lesquelles vous ne seriez pas propres. Vous donneriez des preuves de délicatesse et de désintéressement en abandonnant un poste dont la défense vous exposerait à mettre continuellement en contradiction votre conduite et vos principes.

« Salut et fraternité.

« Signé : LEMAITRE, MOUTIER, René MARCHAND, ESNAULT, LOISON, MOIRIÈRE, LEVESQUE.

« Vu : GRÉGOIRE, commissaire. »

 
 
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