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Brevets industriels délivrés par Louis XIV

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Inventions, Découvertes
Inventions et découvertes dans les domaines des sciences et des arts. Origine des travaux de recherche ou des trouvailles fortuites.
Brevets industriels délivrés par Louis XIV
(D’après « Le vieux-neuf : histoire ancienne des inventions
et découvertes modernes » (Tome 2), paru en 1859)
Publié / Mis à jour le dimanche 19 juin 2016, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
L’attribution de privilèges liés à des brevets préoccupa particulièrement Louis XIV, qui s’intéressa notamment au chocolat, à l’hypocras, aux plus surprenants « sachets contre la vermine » garantis sans mercure, à une voiture sur ressort, un combustible moins cher que le charbon ou encore un four révolutionnaire consommant moins de bois, que le monarque expérimenta lui-même, une invention dont la célèbre marquise de Maintenon sut tirer quelque bénéfice...

Le chocolat était déjà, sous Louis XIV, l’objet d’un très important commerce ; depuis trois quarts de siècle il était entré dans la consommation, et c’était à qui, sûr de s’enrichir par là, se ferait privilégier du roi pour en fabriquer ou pour en vendre.

David Chaillou, premier valet de chambre du comte de Soissons, avait été l’un des plus heureux : dès mai 1659, il avait obtenu un privilège très étendu pour la fabrication et le débit du chocolat « dans toutes les villes et autres lieux du royaume. » Sur l’expédition du privilège, le parlement avait ordonné qu’il serait exécuté selon sa forme et teneur. Et le roi avait signé. Qu’on ne s’étonne pas de voir le seing royal en pareille affaire : Louis XIV en signa bien d’autres.

Fabrication du chocolat

Fabrication du chocolat

Ainsi, le monarque donna brevet à un médecin de Dijon pour qu’il établît à Paris un débit d’hypocras, de limonade et d’orangeade ; et un autre en 1701 à Louis de Beaumont pour la vente de la glace et de la neige, par tout le royaume au taux de 18 deniers la livre. Comment conserverait-il sa fondante marchandise ? Cela n’est pas explicité. Les anciens en tout cas auraient pu lui donner leçon : « Atheneus, dit P. de la Noue dans sa traduction du Livre Ier des Antiquités perdues de Pancirole (1617), escrit qu’il y avoit jadis des boutiques à Rome, où l’on contregardoit de le neige toute l’année. Ils la mettoient en terre dans de la paille, et se vendoit à qui en vouloit, et par elle le vin se rendoit fort frais. »

Georges-Bernard Depping, dans sa Correspondance administrative sous le règne de Louis XIV, a donné le détail de quelques-uns des brevets industriels qui furent alors accordés, celui de Chaillou et de son chocolat n’étant pas le moins sérieux. On en trouve un, par exemple, au nom du duc de Bouillon, qui se fait breveter pour des sachets contre la vermine. La mention de l’expédition de ce brevet se trouvait, dit Depping, sur le registre du secrétariat de la maison du roi ; mais ce qu’il n’ajoute pas est qu’on le voyait partout affiché dans Paris ; nous le savons par le Journal de Locke.

« Voici, dit-il, une étrange affiche que je viens de copier sur un des murs de Paris :

« PAR PERMISSION ET PRIVILÈGE DU ROI

« Accordé à perpétuité, à M. le duc de Bouillon, grand chambellan de France, par lettres patentes du 7 septembre 1667, vérifiées en Parlement, par arrêt du 13 décembre audit an, le public sera averti :

« Que vend à Paris un petit sachet de la grandeur d’une pièce de 15 sols pour garantir toutes sortes de personnes de la vermine et en retirer ceux qui en sont incommodés, sans mercure.

« II est fait défense à toutes personnes de le contrefaire, à peine de trois mille francs d’amende. »

Nous trouvons également le privilège accordé à Charles Rivière du Fresny pour « une chaise roulante suspendue sur un ressort de fer ». Cette première voiture sur ressort, dont le brevet date de 1686 est peut-être la même à laquelle Regnard, l’ami de Du Fresny et son confrère en comédie, fait allusion dans la pièce du Joueur, quand il fait vanter par Hector les voitures à ressorts bien liants ; et la même aussi qu’on appelait phaéton en 1715, selon le Voyageur fidèle dans Paris, de Liger. Au chapitre des Équipages, on apprend que les voitures françaises avaient alors une grande supériorité, notamment sur celles qui se fabriquaient à Londres. On trouve dans les œuvres de Davenant, publiées en 1673, un dialogue entre un Parisien et un Anglais sur les mœurs des deux villes, et c’est au sujet des voitures lourdes et mal construites de son pays que le Parisien raille surtout l’Anglais.

L’Orléanais Bernard Perrot, en 1666, obtint un brevet pour la confection combustible moins cher que le charbon, « et fait d’une terre qui abonde en France », sans doute la houille. A vingt ans de là, en 1688, un autre brevet lui est accordé comme maître de la verrerie d’Orléans, pour « fabrication de verre, soit colorié, soit en relief », et « pour le coulage des métaux à table creuse, avec des figures ».

Passons vite sur d’autres brevets, sur celui qui fut octroyé en 1682 à Picot pour une machine capable d’élever les eaux sans pompe, ressort ni soufflet ; sur celui qu’obtient Lagarouste pour sa machine à mouvoir et élever les plus lourds fardeaux ; enfin sur celui même accordé à Teinturier et Vivien en 1675 pour leur procédé d’impression des gravures coloriées, ce qui les pose avec avantage en précurseurs de Le Blon ; mais arrivons au plus imprévu de tous ces brevets.

Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon

Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon

Celle qui le postule, celle qui l’obtient n’est autre que la veuve Scarron qui, avant qu’il soit peu, s’appellera la marquise de Maintenon. Elle est déjà grande dame, ne vit plus d’industrie, mais elle n’est ainsi que mieux à même de tirer profit de celle des autres. Deux sujets du roi ont, « par une longue recherche, grande dépense et beaucoup de travail », trouvé « un secret qui s’appliquera aux fours des boulangers et autres ; (...) et des foyers de cheminées aussi d’une nouvelle invention (...), dans lesquels, par le moyen d’un secret appliqué, il se consomme beaucoup moins de bois, charbon et autres matières à brûler. »

Il semble que dès la campagne de 1673, le roi fit par lui-même bon usage de la nouvelle invention, et fut d’autant mieux disposé à en accorder le privilège à la favorite, qu’il avait reconnu quelle en était l’excellence. On lit dans ses Mémoires militaires (publiés en 1806) à l’année 1673 : « Je portais avec moi mes vivres en pain et en farine, et des fours faits d’une manière, qu’en un jour de séjour, je faisais cuire ce qui m’était nécessaire pour plusieurs. Ils étaient montés en six heures, et si l’on s’était avisé plus tôt de cette invention, j’aurais fait des choses l’année précédente, en Hollande, que le manque de pain (qui ne pouvait aller si vite que moi) m’empêcha d’entreprendre. » Ces bienheureux fours, encore une fois, sont peut-être ceux dont Madame de Maintenon obtint le brevet.

Quoi qu’il en soit, ces braves gens qui inventent les fours évoqués plus haut et qui n’ont parviennent à connaître on ne sait comment, en aura pour eux, mais plus à son profit qu’au leur. Elle qui devra dire plus tard : « Il faudrait des récompenses pour ceux qui s’avisent de quelque chose », commence par se faire attribuer la plus belle part dans le privilège si bien mérité par le travail des deux artisans. C’est en son nom qu’il fut accordé : « Aujourd’hui, dernier septembre 1674, le roi étant à Versailles, voulant gratifier et traiter favorablement dame Françoise d’Aubigny (sic), veuve du feu sieur Scarron, S. M. lui a accordé et fait don du privilège et faculté de faire faire des âtres et des fourneaux, fours et cheminées d’une nouvelle invention, sans pouvoir néanmoins obliger les particuliers à s’en servir et prendre plus grande somme que celle dont il aura été convenu, ni prétendre aucun droit de visite. Fait S. M. défense à toutes personnes de faire ni contrefaire lesdits âtres à peine de 1500 livres d’amende ; m’ayant S. M. commandé d’expédier à ladite dame veuve Scarron toutes lettres à ce nécessaires, et cependant le présent brevet qu’elle a signé de sa main, et fait contresigner par moi... COLBERT »

 
 
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