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Le goûter : repas nécessaire à nos ancêtres mais aujourd'hui nuisible ?

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Anecdotes insolites
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Goûter (Le) : repas nécessaire à
nos ancêtres mais aujourd’hui nuisible ?
(D’après « Le Plaisir de vivre », paru en 1926)
Publié / Mis à jour le lundi 5 novembre 2018, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 
 
 
En 1926, deux ans après avoir débuté la publication de sa série Les Causeries médicales de Dioscoride, le docteur en médecine Raoul Blondel (1864-1944), ancien chef de laboratoire des hôpitaux de Paris qui à l’âge de 23 ans avait publié un Manuel de matière médicale, plaide en faveur de l’abandon du célèbre goûter de fin d’après-midi, héritage aujourd’hui néfaste que les heures des repas d’autrefois rendaient à l’époque nécessaire

Le goûter est, par définition, un petit repas supplémentaire pris dans le courant de l’après-midi, pour faire patienter l’estomac entre le déjeuner et le dîner. C’est une pratique très ancienne. Mais, écrit le médecin Raoul Blondel, voyez comme nos pères, par les désignations qu’ils employaient à l’occasion de nos repas, laissaient percer de sagesse. Car, si déjeuner et dîner ne sont que deux formes — la dernière plus contractée — d’un même mot, qui signifie « cesser de jeûner », donc satisfaire à sa faim, goûter veut dire déguster, se contenter de prendre connaissance de la saveur des aliments, et, pour cela, quelques bouchées, une gorgée de liquide, peuvent suffire.

Le goûter était justifié, jadis, quand un grand intervalle séparait les deux principaux repas, et surtout quand il n’y en avait pas d’autres. Nos aïeux ne connaissaient primitivement que le repas pris dès le réveil et celui du soir. Ils ignoraient le petit-déjeuner du matin. Une fois celui-ci institué, le repas principal se trouva reporté à 10 heures, heure qui a été conservée pieusement, chez nous, depuis Louis XIV, dans les casernes et dans les hôpitaux. On dînait à 5 ou 6 heures. Une collation légère, vers 3 ou 4 heures était donc admissible.

Aujourd’hui, nous déjeunons assez solidement après notre réveil, plus solidement encore entre midi et 1 heure, et nous dînons vers 7 heures et demie, rappelle Raoul Blondel. Le goûter n’a donc plus aucune raison d’être, du moins chez les gens de type normal. Il n’est plus justifié que chez les enfants et les vieillards, aussi chez quelques malades, lorsque l’estomac, prompt à se fatiguer, ne doit recevoir qu’une faible quantité de nourriture à la fois. En réalité, la ration alimentaire quotidienne se trouve ainsi répartie, par prudence, en quatre petites séances.

Encore suffit-il, pour les enfants, d’un croûton de pain avec un fruit ou une tablette de chocolat, ou d’une tartine de beurre ou de rillettes, et, pour les vieillards, d’une tasse de cacao avec quelques gâteaux secs, recommande le médecin.

Mais pour l’adulte bien portant, sorti de table, bien rassasié, vers 1 heure et demie, et qui va dîner à 7 heures et demie, ce repas supplémentaire, pris vers environ 5 heures, est tout à fait inutile. Le five o’clock tea nous vient des Anglais, qui déjeunent solidement vers 8 heures du matin, prennent un luncheon léger vers 1 heure, et dînent plus tard encore que nous, car c’est entre l’heure de la sortie de leurs bureaux et celle de leur dîner que se place leur vie mondaine en hiver et la pratique des sports dès le printemps. Les Français, qui organisent leur existence autrement, n’ont que faire du goûter. Il représente un surcroît inutile d’alimentation qui ne sert qu’à favoriser l’engraissement et à couper l’appétit pour le dîner, tranche Raoul Blondel.

Maintenant, reconnaissons que les usages, dans certains milieux, ont fait du goûter un des rites consacrés de la vie mondaine. Les maîtresses de maison considèrent comme un de leurs devoirs essentiels de tenir un petit buffet à la disposition de leurs visiteurs. Il y a même, aujourd’hui, de grands goûters « privés » qui permettent de recevoir d’un seul coup et à moindres frais, un beaucoup plus grand nombre de personnes, qu’un grand dîner, devenu exagérément coûteux.

La mode du goûter ne semble donc pas près de disparaître, bien loin de là. Pour beaucoup de femmes du monde, l’assistance à un goûter, à plusieurs goûters successifs même, dans le courant d’un après midi, est devenue une nécessité de leur état. Mauvaise pratique, du point de vue de l’hygiène, car l’estomac, de cette façon, n’est presque jamais vide. Il ignore le repos et, dès lors, la dyspepsie le guette, déplore notre docteur en médecine.

Le goûter. Chromolithographie pour le cacao Van Houten

Le goûter. Chromolithographie pour le cacao Van Houten

Dans ces conditions, conclut-il, mon devoir doit se borner à vous guider de façon que vous vous en tiriez avec le moindre mal. Assistant à un goûter inévitable, si vous n’avez la sagesse de vous abstenir, craignant de vous faire remarquer, ou ne voulant pas quitter une charmante interlocutrice un peu gourmande, choisissez, au buffet, ce qui encombrera le moins votre estomac.

Fuyez les sandwichs et les pains au foie gras, dont la mie, mal cuite, produira ensuite d’aigres fermentations, le chocolat, trop lourd, les pâtisseries à la crème ou au beurre, plus lourdes encore. Contentez-vous d’une tasse de thé très léger, très peu sucrée si vous ne voulez engraisser, d’un doigt de champagne ou de Porto, et de quelques gâteaux secs, genre biscuit, gaufrette ou petit-beurre. Ce sont des féculents cuits au four, donc plus facilement digérés que les autres.

Et surtout, rentré chez vous, dînez aussi sobrement que possible. D’ailleurs si le programme de votre journée comporte un dîner important, le plus sage est encore de ne point goûter du tout.

 
 
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