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25 mars 1914 : mort de l'écrivain, poète et lexicographe Frédéric Mistral

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25 mars 1914 : mort de l’écrivain,
poète et lexicographe Frédéric Mistral
(Extrait du « Petit Parisien » du 26 mars 1914)
Publié / Mis à jour le samedi 25 mars 2023, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 

L’impitoyable mort, rapporte Le Petit Parisien dans son édition du 26 mars 1914, a clos pour jamais cette bouche harmonieuse, fermé ces yeux de loyauté, de bonté, de claire intelligence, couché ce grand corps droit et ferme que les ans n’avaient pas courbé et qui semblait emprunter leur majesté aux chênes.

Le poète avait vu le jour, le 8 septembre 1830, dans cette petite maison de Maillane qu’il ne voulut jamais quitter et où il s’est éteint, parmi la paix et la sérénité. Ce grand lettré, cet artiste de race était un sage et l’amour de la poésie pure lui tint lieu de toute ambition. Il débuta dans la littérature en publiant quelques poèmes, en langue provençale ; œuvres fines, jolies, tendres, d’une originalité rare et qui, du coup, attirèrent sur lui l’attention des lettrés.

A vingt-neuf ans, il publia sa Mireïo, cette adorable et pure idylle, ce frais roman d’amour, dans lequel il jeta l’éblouissante splendeur de son lyrisme méridional et que Lamartine, le premier, signala dans une chronique qui conféra au jeune écrivain ses lettres de noblesse et son brevet de grand poète... Mireille ! Mistral l’aimait du plus tendre amour... C’était d’ailleurs un peu de sa vie intime qu’il offrait aux foules... Et, miracle ! les foules comprirent et aimèrent cette œuvre, parce que, sous le vêtement resplendissant de la poésie, sous l’harmonie de la langue, elles discernèrent l’accent humain, véridique, profond, éternel comme l’amour et la mort...

Frédéric Mistral

Frédéric Mistral

Mistral avait la vision large, éclatante, pure. Il publia, après sa Mireille, d’autres œuvres qui ne connurent point une telle vogue. Elles lui étaient, lyriquement, supérieures. Calendal et les Iles d’Or sont d’admirables poèmes héroïques, d’une intensité de vie et de couleur extraordinaires. Plus tard, il publia la Reine Jeanne, Nerto, les Olivades, un volume de Mémoires et récits, dans lesquels se révélait toujours plus pure, plus saine, plus haute son âme amoureuse du beau verbe, éprise d’un seul et resplendissant idéal.

Avec Roumanille, Aubanel, Jean Brunet, Anselme Mathieu, Alphonse Tavan et Paul Giera, Mistral recréa la langue provençale, fit reconnaître en elle une fille méconnue, mais de belle race, de la latinité...

C’était toute sa gloire, et celle qui lui tenait le plus à cœur... Quiconque voulait franchir son seuil n’avait qu’à se réclamer de son amour pour la Provence... L’accueil à l’ordinaire si bienveillant, si bon du poète se faisait plus bienveillant et meilleur encore... Dans son jardin, sous la vigne vierge, on buvait à ses côtés un muscat parfumé, un beau vin pur et généreux, dont il faisait volontiers honneur à ses hôtes... Et sa voix chaleureuse sonnait, haute et claire, pour célébrer les bons poètes.

Autour de ce grand vieillard s’inclinait l’admiration du monde : les plus fiers poètes de France, les meilleurs, tinrent à honneur d’être ses hôtes... Sous la treille de Maillane, devant les coupes de muscat parfumé, vinrent s’asseoir Catulle Mendès, Anatole France, Jean Richepin, François Coppée, Sully-Prudhomme... Hugo lui-même, après Lamartine et Musset, salua le chantre de Mireille. Tolstoï aimait à lire les beaux vers épiques de Calendal, et il me souvient d’avoir vu, écrit encore le chroniqueur du Petit Parisien, sur la table du solitaire de Yasnaïa-Poliana, un exemplaire de ce poème, dont les marges étaient couvertes de repères et de notes abrégées.

Jamais Mistral ne consentit à quitter Maillane. Il déclina l’honneur que voulait lui faire l’Académie française en l’élisant parmi ses membres. Son titre de « fondateur du félibrige » lui suffisait. Et il tirait le meilleur de sa gloire d’avoir fondé le Muséo Arlaten, ce musée des antiquités provençales dans lequel il engloutit la presque totalité de sa fortune.

L’an dernier, il avait eu la joie suprême de recevoir, sous son toit, le Président de la République, qui venait lui apporter, à l’occasion de l’achèvement du Muséo Arlaten, la cravate de commandeur de la Légion d’honneur. Quelque temps auparavant il avait assisté, à Arles, à l’inauguration de sa propre statue.

Mistral a succombé, à quatre-vingt-quatre ans, aux suites d’une grippe infectieuse, au moment où il venait de revoir et de compléter son Dictionnaire provençal-français, qu’il considérait comme le couronnement de son œuvre.

La perte de ce grand poète, conclut le chroniqueur, sera, dans le monde entier, douloureusement ressentie, car sa renommée avait dépassé nos frontières. Sa vie, son œuvre, d’une pureté, d’une unité admirables, contiennent en elles le plus haut, le plus magnifique exemple. Celle-ci est toute beauté, celle-là fut tout amour...

 
 
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