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Quinze ans sur une île déserte : l'histoire oubliée des esclaves de Tromelin

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Patrimoine : Expos, Fêtes
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Quinze ans sur une île déserte :
l’histoire oubliée des esclaves de Tromelin
(Source : France 24)
Publié / Mis à jour le lundi 9 novembre 2015, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
Naufragés sur un îlot de l’océan Indien, abandonnés par l’équipage d’un navire français, des esclaves malgaches ont survécu 15 ans seuls, sur ce tout petit territoire balayé par les vents. Le château de Nantes leur consacre une exposition.

Survivre pendant 15 ans, coupés du monde, sur un îlot désert de l’océan Indien d’1 km2. C’est ce qu’on réussi à faire une poignée d’esclaves malgaches au XVIIIe siècle. Dans une exposition qui débute samedi 17 octobre, le château des ducs de Bretagne à Nantes retrace cette incroyable épopée, celles des esclaves oubliés de l’île Tromelin.

Tout commence le 17 novembre 1760 à Bayonne, lorsque l’Utile, un navire négrier de la Compagnie française des Indes orientales, appareille avec 142 hommes d’équipage à son bord. « Au hasard d’une mission à Madagascar, au lieu-dit Foulpoint, il a pris dans sa cargaison des vivres mais aussi, de manière tout à fait illicite, une cargaison d’esclaves pour les emmener discrètement vers les plantations des Mascareignes, l’archipel formé par la Réunion, l’île Maurice et Rodrigues », raconte Pierre Chotard chef de projet de l’exposition au musée d’histoire de Nantes. « Pour éviter de se faire repérer, le capitaine a eu l’imprudence de s’engager sur une route un peu plus hostile. Cette erreur l’a amené à s’échouer sur un îlot qui s’appelait alors l’île des Sables et qui se trouve au nord de la Réunion ».

Une promesse tenue 15 ans plus tard
Sur les 160 esclaves qui avaient été achetés en fraude, seuls 80 réchappent à ce naufrage du 31 juillet 1761, aux côtés des 122 membres d’équipage encore en vie. Pendant deux mois, ils cohabitent tous ensemble sur ce minuscule terrain sablonneux balayé par les vents. « Un petit nombre d’entre eux a réussi à construire un navire de secours. Ils ont alors embarqué seulement l’équipage blanc en laissant les esclaves sur place avec la promesse d’aller les chercher un jour », décrit Pierre Chotard.

Ile Tromelin

Ile Tromelin. © Crédit photo : François Lepage

Après avoir regagné Madagascar, le commandant en second de l’Utile, Barthélémy Castellan du Vernet tente à de nombreuses reprises de tenir sa parole en lançant des missions de sauvetage. En vain : « Le gouverneur de l’Île de France [l’Île Maurice actuelle] s’est montré hostile à cette idée. Les autorités ont considéré que les esclaves avaient été perdus corps et biens et qu’il n’y avait aucune chance de les retrouver vivants ».

Il faudra attendre 1773 pour qu’un navire repère les survivants de l’île de Sable. Deux opérations de secours sont lancées, mais elles échouent tour à tour : « On sait notamment qu’un marin a essayé de débarquer mais il s’est lui-même retrouvé coincé pendant un an avec les naufragés. Il a réussi à reconstruire un nouveau de bateau de secours sur lequel il est parti avec les derniers hommes ». L’embarcation de fortune disparait malheureusement en mer. Ce n’est que le 29 novembre 1776, 15 ans après le naufrage de l’Utile, que le chevalier de Tromelin, qui donnera son nom à l’île, récupère finalement les tous derniers survivants à bord de La Dauphine : sept femmes et un enfant de huit mois.

Les conditions de vie des survivants
Grâce aux résultats de quatre missions archéologiques effectuées entre 2006 et 2013 sur ce petit bout de terre, l’exposition « L’île des esclaves oubliés » explique comment ces naufragés se sont adaptés et comment ils ont survécu. Les objets retrouvés lors de fouilles sous-marines et terrestres permettent de comprendre leur quotidien. Dans des conditions particulièrement difficiles et en utilisant les restes du navire l’Utile, les naufragés ont réussi à recréer un hameau avec quelques bâtiments et à fabriquer des outils et des ustensiles de cuisine. Pour la nourriture, ils se sont aussi débrouillés avec la faune environnante : « Il y avait des tortues en abondance et aussi des oiseaux qui étaient attrapés puis grillés », détaille Pierre Chotard. « Ce qui était le plus compliqué, c’était l’approvisionnement en eau. Les Français avaient creusé un puits au départ, et ils ont réussi à conserver ce point d’eau ».

Pour que les visiteurs visualisent encore un peu plus leurs conditions de vie extrêmes, l’exposition s’appuie également sur la bande dessinée Les esclaves de Tromelin de Sylvain Savoia, un artiste qui a participé à l’une des expéditions archéologiques sur l’île. À travers ces dessins, il redonne lui aussi la parole à ces hommes et ces femmes abandonnés en plein océan Indien. Une poignée d’esclaves oubliés.

Depuis une vingtaine d’années, le château des ducs de Bretagne de Nantes, l’un des principaux ports négriers de France, s’efforce de réconcilier la ville avec cette période sombre de son passé en organisant régulièrement des événements sur ce thème. Cette nouvelle exposition ne parle pas directement du commerce triangulaire ni de l’activité dans les plantations, mais elle met en lumière une « histoire universelle dans laquelle n’importe quel individu peut se projeter », estime Pierre Chotard. Pour le responsable du musée d’histoire, l’aventure des naufragés du Tromelin a avant tout une dimension romanesque. Car, aussi tragique soit-elle, cette histoire recèle aussi une part d’humanité : « Il faut imaginer le commandant en second, secoué par sa conscience, continuer des années après de plaider la cause d’esclaves sans doute morts. C’est intéressant de voir que sa parole l’engage au-delà des certitudes de son époque. C’est très émouvant ».

Renseignements pratiques : Le château-musée de Nantes

Stéphanie Trouillard
France 24

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