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Épouvantails pour enfants parisiens : moine bourru, Croquemitaine et Bras de Fer

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Coutumes, Traditions
Origine, histoire des coutumes, traditions populaires et régionales, fêtes locales, jeux d’antan, moeurs, art de vivre de nos ancêtres
Épouvantails pour enfants parisiens :
moine bourru, Croquemitaine
et Bras de Fer
(D’après « Revue des traditions populaires », paru en 1891)
Publié / Mis à jour le dimanche 9 février 2020, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
Où l’on apprend qu’au moine bourru succéda le célèbre Croquemitaine, capable de débusquer un enfant qui pleure et de pénétrer dans une maison portes et fenêtres closes, et aidé de son geôlier Bras de Fer, lequel tenait une maison de correction dotée de plusieurs salles destinées à accueillir, suivant la nature de leurs délits, les enfants coupables afin qu’ils fassent pénitence...

Avant Croquemitaine, les bonnes et les nourrices épouvantaient les enfants de la menace du moine bourru. Ce fantôme imaginaire parcourait les rues de la capitale pendant la nuit et tordait le cou à ceux qui mettaient la tête à la fenêtre ; dès le XVIIe siècle, il ne faisait plus peur aux grandes personnes, mais, ainsi que le dit le Parnasse satyrique, il était redouté des enfants de Paris :

Moine bourru, dont on se moque,
Effroi des petits enfants.

Il se permettait aussi un grand nombre de tours de passe-passe comme les méchants lutins.

Croquemitaine
Au moine bourru succéda Croquemitaine ; c’était une espèce d’ogre dont les Parisiens menaçaient les enfants indociles ; on leur disait que ce terrible personnage n’avait plus de dents et ne pourrait les manger, mais qu’il leur donnerait le fouet et les renfermerait dans un cachot jusqu’à ce qu’ils fussent devenus sages. Voici, du reste, sa légende, telle qu’on la racontait encore au milieu du XIXe siècle aux enfants :

« Croquemitaine, fils de Gargantua et de Madame Lavaloire, sa seconde femme, est loin de ressembler à son père. Il a le nez fait comme le bec d’un perroquet, et surmonté d’une énorme verrue, la bouche fendue jusqu’aux oreilles, le menton terminé par une petite pointe retroussée s’avançant au niveau du nez, les yeux rouges et à peine visibles, tant ils sont enfoncés ; des cheveux crépus comme ceux des nègres et couleur carotte, ombragent un front petit et tout ridé. Sa taille répond à sa figure : le dos voûté, une bosse devant l’estomac, des jambes torses et des mains crochues le rendent assez semblables à Polichinelle.

« Gargantua, irrité d’avoir un fils si peu fait pour soutenir sa réputation, l’a nommé, dans son dépit, Croquemitaine ; il lui a interdit à jamais sa table comme indigne d’y figurer et a décidé qu’il n’aurait d’autre emploi que celui de châtier les petits enfants. Toutefois, comme il était un grand magicien, le géant a doué son fils de plusieurs avantages.

« Sans sortir de chez lui, Croquemitaine peut entendre pleurer un enfant, en quelque endroit qu’il soit ; il sait aussi distinguer si ces pleurs sont de souffrance ou de méchanceté ; il entend la voix des pères et des mères, et, par un pouvoir surnaturel, il peut se montrer tout à coup à leurs yeux. Les portes fermées, les fenêtres bien closes ne l’empêchent pas d’entrer, parce qu’il descend par la cheminée comme les ramoneurs ; souvent même il en prend l’habit et se sert de son grand sac noir pour emporter les petits enfants.

« Lorsque Croquemitaine va en voyage, il se sert d’un rhinocéros qui court comme le vent et fait des enjambées d’une demi-lieue. Avec cet animal sans pareil, Croquemitaine n’a besoin ni de selle, ni de bride ; il le prend par la corne qu’il a sur le nez, s’élance dessus et lui dit où il veut être conduit ; cela suffit.

« Dès que Croquemitaine est appelé, il part, et, s’il lui plaît, pour ne pas salir ses habits en descendant par la cheminée, d’entrer par la porte, il donne un coup de poing qui fait trembler toute la maison, jette la serrure en dedans, envoie les verrous les plus solides au milieu de la chambre. C’est qu’il faut dire que Croquemitaine, très brutal de son naturel, ne se donne pas la peine de tirer la sonnette.

« Quand un papa ou une maman a dit à Croquemitaine d’emmener un petit mutin, malheur à celui qui voudrait s’y opposer. »

Bras de Fer
Bras de Fer est l’aide et le geôlier de Croquemitaine ; c’est lui qui achète les verges, les bonnets d’âne pour les ignorants, les langues rouges pour les rapporteurs et les menteurs ; les carcans, les robes de bure et les calottes de cuir pour les désobéissants ; le pain noir rempli de paille pour les gourmands, et, en général, tous les instruments de pénitence.

La maison de correction, placée sous la garde de Bras de Fer, est distribuée en plusieurs salles et contient des cachots souterrains.

Dans la première salle Bras de Fer met les enfants qui ne veulent pas marcher à la promenade pour qu’on les porte. Une méchante femme, qui tient à la main un martinet fait de lanières de cuir avec des nœuds, les fait courir de force autour de la chambre et les fouette lorsqu’ils s’arrêtent. Cet exercice a lieu matin et soir, deux heures chaque fois.

Dans la seconde salle, les entêtés, vêtus d’une robe sale et d’un bonnet de nuit, doivent rester quatre heures à genoux, ensuite avoir le fouet.

Dans la troisième salle, les gourmands restent huit jours sans manger autre chose que du pain noir.

Dans la quatrième salle, les rapporteurs ont une langue de drap rouge qui tombe jusqu’à terre. On leur donne le fouet deux fois par jour pendant une semaine.

Dans la cinquième salle sont les ignorants qui ne veulent pas apprendre leurs leçons, on les tient à genoux coiffés d’un bonnet d’âne et ils reçoivent le fouet d’heure en heure jusqu’à ce qu’ils aient récité sans fautes.

Dans ces salles il y a, pour lits, des paillasses et des fagots d’épines pour les plus méchants. Mais, dans les souterrains, les punitions appliquées par Bras de Fer aux fainéants, aux désobéissants, aux menteurs, aux impertinents, aux orgueilleux, à ceux qui sont d’un caractère violent, emporté, enfin à tous ceux qui annoncent des inclinations dangereuses, sont beaucoup plus rigoureuses.

 
 
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