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Histoire de la mode. Diktat de la maigreur. Minceur et régimes alimentaires

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Mode, Costumes
Variations des costumes depuis les Gaulois jusqu’au XIXe siècle. Histoire du costume, vêtement, coiffures, chaussures. Mode vestimentaire
Conseils alimentaires de 1934 visant à
s’affranchir du diktat de la maigreur
(D’après « Antoine-Document », paru en 1934)
Publié / Mis à jour le dimanche 26 avril 2015, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
En 1934, cependant qu’a vécu la mode des « omoplates saillantes », que sont finies « les salières creuses, finies les jambes en fil de fer, les hanches à l’état de souvenir et la poitrine dans le dos », un journal de beauté du temps n’est pas avare de conseils en matière de règles à respecter pour troquer le diktat de la maigreur au profit de la « ligne pleine mais non débordante de l’esthétique moderne »

Le règne du manche à balai a vécu, peut-on lire dans le numéro 9 du journal Antoine, qui « conseille sur les soins de beauté : la coiffure, la couture, la mode et toute la parure de la femme moderne ». Le « cabi­net squelettique » est renversé, mais rassurez-vous, la présidence de l’esthétique ne va pas être assurée par l’obésité. Peu à peu, et nous l’avions annoncé dans notre dernier numéro, affirme le journal, on revient à l’équilibre. Martine Delhorbe le confirme elle-même d’une plume spirituelle. N’a-t-elle pas écrit : « La mode veut que nous redevenions dodues. Bien manger, bien boire et faire la sieste. »

Elle affirme d’ailleurs que c’est le moyen le plus certain pour avoir de l’esprit et c’est peut-être exact, mais le but de cette chronique n’étant pas de rendre l’intelligence à celles qui l’ont perdue en même temps que l’appétit, nous irons chercher nos références à Hollywood où un producer bien connu vient de donner quinze jours à ses stars pour avoir des seins et des hanches. Ces demoiselles, habituées au jus de citron et aux ronds de tomates, se sont, paraît-il, jetées sur des tranches de roastbeef sai­gnant et des pommes rissolées, si bien qu’au bout de douze jours, il y avait ma foi, un petit renfle­ ment des plus photogéniques.

Il est certain que l’écran est chargé depuis long­temps de faire la pluie et le beau temps sur l’es­ thétique féminine : on nous a montré des femmes extra-plates, vite nous nous sommes passées au laminoir ; on nous a présenté des blondes « platine », vite le flacon de teinture, et, aujourd’hui voici Maë West qui roule une croupe avantageuse et que le « régime d’Hollywood », ancienne manière, est démodé, il faut penser à autre chose de plus consis­tant.

Évidemment, il ne s’agit plus de retrouver les charmes opulents et périmés du début du siècle qu’une mode avantageuse rendait imposants, mais un certain confort musclé sans excès que la culture physique bien dosée et l’alimentation équi­librée vont développer ou ramener à de justes pro­ portions.

Cette fois nous allons nous occuper non pas des régimes — mot qui rentrera d’ici peu dans le voca­bulaire médical d’où il n’aurait pas dû sortir — ­ mais seulement de la composition des repas tels qu’ils doivent exister pour assurer à la femme, en même temps qu’une ligne harmonieuse et un brin étoffée, l’aspect de santé physique et morale dont elle n’aurait jamais dû se départir.

Petit-déjeuner ou jeûne matinal ?
Les deux écoles s’affrontent. Si l’on peut supporter le jeûne jusqu’à treize heures, tant mieux, c’est un repos pour le tube digestif, mais tout dépend des occupations matinales. Les efforts mus­culaires, intellectuels, les sorties par le froid, les sports, nécessitent une alimentation légère mais substantielle : thé ou café additionné d’un peu de lait et d’un morceau de sucre, pain grillé ou bis­ cotte beurrée — pourquoi pas ? — ou tout simple­ ment pour toutes celles qui l’aiment une petite assiette de porridge. Le séjour au lit prolongé (jamais conseillé), commande jeûne et abstinence. L’époque du chocolat onctueux et des brioches tièdes, pris entre deux sommes, sur le coup de dix heures du matin n’a plus cours.

Pour les autres — les vrais amateurs de jeûne ­ — il n’est pas défendu de croquer, au cours de la matinée, un ou deux morceaux de sucre, excellent soutien mais à déconseiller à toutes celles que guette le véritable embonpoint.

Grand déjeuner, lunch ou simple tasse de thé

Équilibre ? Équilibre. Pas de repas trop confortable qui vous laisse l’esprit lourd et le cœur barbouillé ; pas la tasse de café isolée qui vous plonge dans un état nerveux incompatible avec la vie que mène la vraie femme moderne, mais une grillade ou un poisson, un légume vert, un fromage frais, un ou deux fruits et, cette fois, du café pour conclure, semble bien être le repas standard.

De temps à autre, ne pas bouder sur un bon déjeuner, c’est d’une part, fort agréable et d’autre part permet des comparaisons digestives. Il est évident que le repas léger, dit lunch, ne vous alourdit pas comme le grand déjeuner d’apparat.

Thé ? Cocktail ? Apéritif ?
Une tasse de thé au citron et peu sucrée est une source de rafraîchissement en même temps qu’elle apporte à l’organisme un coup de fouet bien souvent indispensable à toutes celles dé­vorées par l’écrasante existence moderne. Un petit gâteau, un sandwich l’accompagneront et éviteront, en grande partie, l’insomnie procurée par le thé pris isolément. Ce qui est néfaste pour la ligne, c’est de répéter ces gestes trois ou quatre fois par après-midi.

Le cocktail agonise, et c’est tant mieux, il était souvent une cause d’embonpoint en bloquant les fonctions du foie. L’apéritif ? personne n’ose plus choisir que le quart Vichy ou Vittel, à la ri­gueur un porto sec ou à l’eau est à la limite des choses permises par les convenances et pour la ligne, à condition qu’il ne soit pas quotidien et à peine hebdomadaire.

Comment se comporter de 4 à minuit ?
Voilà bien un des ennemis redoutables de la ligne. Sous prétexte qu’il n’est pas un thé et qu’on ne dînera pas, on picore à toutes les heures. Oh ! un rien, mais cette fois cinquante rien, finissent par faire un tout im­posant. Il faut avoir la sagesse, surtout si on a l’occasion d’assister plusieurs fois par semaine à ce genre de réception, de se limiter et d’organiser mentalement un repas avant de passer à l’action.

Il y a trop de bonnes choses, le choix est embarrassant, c’est une question d’entraînement que de savoir refuser avec le sourire, vingt fois dans la soirée, les assiettes qu’on vous tend. En dehors de la ligne, il y a le tube digestif qui pourrait en souffrir. L’une est souvent fonction de l’autre.

Dîner ou souper ?
Souvent il arrive que sortant d’une après-midi, il ne vous reste exactement que le temps matériel de s’habiller pour le théâtre ou la soirée. Pas de dîner, mais, dans ce cas, un léger souper s’impose. Il vous aidera à supporter vaillamment les fatigues de la veille : des huîtres, consommé, viande froide, salade, fruits, etc. Quant au dîner pris sagement au foyer, il se composera d’un potage facultatif, d’un légume ou, de temps à autre, d’un œuf très frais, d’une compote et d’un yaourt.

Et surtout de la variété dans les menus : il y a quatre viandes, la volaille, les poissons, les légumes, les œufs, de tout un peu avec modération. Rien n’est défendu à un corps sain et surtout il faut de la régularité. Le « Ce soir, je ne dîne pas, car j’ai trop mangé à midi » ne doit plus être prononcé.

Pain ou biscotte ?
Moitié, moitié. Il est des plats qu’on peut manger sans pain et d’autres qui perdent 100 % de leur agrément avec des biscottes. Alors pour déguster pourquoi s’en passer sans raison de santé, simplement par snobisme ?

Faut-il, oui ou non, boire en mangeant ?
Si on peut y parvenir sans trop de gêne, ne pas boire est à recommander à toutes celles qui, non gênées par l’embon­point, se plaignent néanmoins de ballonnements après les repas. Du point de vue de la ligne, cela n’a qu’une « maigre » importance. De toutes façons, il est indispensable d’ingurgiter une certaine quantité de liquide pour chaque repas : pendant ou après, comme on voudra.

Telle doit être l’hygiène alimentaire d’une femme normale, saine, qui possède cette ligne pleine mais non débordante de l’esthétique moderne. Pour les autres : les maigres et les grasses, nous en parlerons une autre fois. Chacune son tour dans la recherche de la beauté.

 
 
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