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Escrocs de la finance au début du XXe siècle. Placements véreux

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Anecdotes insolites
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Escrocs de la finance
au début du XXe siècle
ou les rois du placement véreux
(D’après « Le Petit Journal illustré », paru en 1924)
Publié / Mis à jour le jeudi 5 février 2015, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 
 
 
Figures emblématiques de l’escroquerie financière au début du XXe siècle, les alors célèbres mais aujourd’hui oubliés Mary Renaud et Boulaine durent leur succès à la façon de jouer habilement sur la candeur des volés. Car l’escroc de la finance était avant tout un psychologue. Il connaissait ses clients dont il savait, avant qu’il ne les transforme en victimes, pouvoir s’en faire en quelque sorte des complices...

L’escroc n’hésite pas à promettre à ses clients monts et merveilles : du 20, du 25, du 50%... Il sait bien que personne ne se demandera par quel mystérieux génie il peut faire produire à l’argent qu’on lui confie de pareils intérêts. L’essentiel est de les persuader qu’ils font la bonne affaire. Quelques dividendes bien placés, au début, y suffisent.

Alors le futur gogo marche à fond, nous explique en 1924 Ernest Laut du Petit Journal. C’est en somme toujours le même truc ; et ça prend toujours. On a dit de Simon qu’il avait reçu des leçons du célèbre Mary Reynaud, un de ceux qui, parmi ces financiers véreux, firent le plus de dupes... Certes, il ne pouvait trouver meilleur maître. Mary Reynaud possédait à fond l’art de vider les porte-monnaie et les bas de laine. Sa méthode était invariable. Il louait un bureau, se déclarait banquier, et annonçait qu’il faisait mieux que personne fructifier les capitaux.

— Apportez-moi cent francs, disait-il, et je vous verserai dix francs d’intérêts par mois.

De fait, il versait, deux, trois, quatre mensualités. La nouvelle se répandait ; les capitaux affluaient. Alors Mary Reynaud levait le pied.

On l’arrêta, et il eut des clients qui le défendirent devant le tribunal, tant il avait l’art d’enjôler son monde. Il fut condamné, sortit de prison, recommença et retourna à l’ombre. Toujours il ouvrait une banque et faisait de nouvelles dupes... Il était incorrigible... mais ses clients ne l’étaient-ils pas ?...

L'escamoteur. Dessin de Gill paru en 1875

L’escamoteur. Dessin de Gill paru en 1875

Il reparut pour la dernière fois durant la Première Guerre mondiale. On le croyait mort ou retiré des affaires, jouissant paisiblement des revenus acquis au cours d’une carrière plutôt agitée... Il n’en était rien. Mary Reynaud avait alors soixante-douze ans, et, pourtant, il était toujours sur la brèche. Profitant de la guerre qui avait entraîné quelque relâchement dans la surveillance des personnages de son espèce, il avait installé, rue Mogador, un nouveau piège à gogos : la Banque de la Nation.

Comme son nom jouissait dans les annales judiciaires d’une célébrité un peu gênante, il le changea en celui du baron de Roquelaud ; et, pour commencer, il promit 150 francs d’intérêts mensuels à tous ceux qui lui verseraient mille francs pour un prétendu syndicat d’actions de la Banque de France. Les clients affluaient déjà. Mais quelqu’un troubla la fête : ce fut un commissaire de police qui vint un beau matin, saisit les livres, ferma la Banque de la Nation, et mit le banquier au clou.

Et Boulaine ?... Celui-ci fut le maître du genre. Jamais personne ne pratiqua l’escroquerie à l’émission avec une aussi merveilleuse dextérité. La chronique du début du XXe siècle est pleine des tours de passe-passe de ce Cartouche moderne, que ses camarades de la Bourse avaient surnommé Boulaine-les-Trous.

Entre autres émissions, Boulaine s’était fait une spécialité de lancer des mines d’or et d’argent. Il ne lui manquait le plus souvent qu’une chose : c’était la mine. Mais comme Boulaine avait maintes ressources dans son sac, cela ne l’empêchait pas de montrer aux gogos les échantillons les plus beaux et les plus variés provenant de pseudo-sondages en cours d’exécution.

Un jour, pourtant, surpris par l’affluence des visiteurs qui demandaient des échantillons, Boulaine se trouva pris de court. Il n’y en avait pas pour tout le monde. L’escroc ne fut pas embarrassé pour si peu. Afin d’éviter toute indiscrétion, Boulaine courut en personne chez le pharmacien le plus voisin. Il en revint avec des rognures d’or, d’argent et de cuivre qu’il mélangea avec de la terre. Coquettement présentées en de jolies sébiles, ces préparations enthousiasmèrent les actionnaires. Il n’y eut pas non plus assez d’actions pour tout le monde ce jour-là.

Cet excellent Boulaine ne se contentait pas de s’enrichir aux dépens des gogos ; il voulait encore passer pour un bienfaiteur de l’humanité. L’escroc rêvait du prix Montyon. Sa dernière escroquerie consistait dans l’organisation d’une grande société financière intitulée Phalanstère de l’Afrique Centrale. C’était une sorte « clairière » destinée à assurer le bonheur des Africains. Les titres étaient à l’impression lorsque, malheureusement, la police arriva et conduisit Boulaine en prison.

Il ne faudrait pas nous imaginer que toutes ces escroqueries de la finance véreuse sont uniquement choses d’aujourd’hui, conclut notre chroniqueur. Nos pères en furent aussi les lamentables victimes. Nous en trouvons la preuve dans d’innombrables épigrammes décochées jadis à messieurs de la finance. Citons celle-ci pour finir :

Si l’on remontait à la source
Des biens nouvellement acquis,
On retrouverait à la Bourse
Ceux qui nous la coupaient jadis.

 
 
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