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Le parfum, quelle histoire ! Origine et usages. Musée de Grasse

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Patrimoine de France
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Le parfum, quelle histoire !
(Source : Le Dauphiné Libéré)
Publié / Mis à jour le mardi 15 mai 2018, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
Le parfum n’a pas toujours été destiné à sentir bon ou à séduire ou les deux à la fois. Au cours des siècles, il a eu bien d’autres fonctions parfois surprenantes.

Les mille et un secrets du parfum ont un écrin : le Musée International que la ville de Grasse lui consacre depuis 2008 dans sa nouvelle version labellisée Musée de France. Cette ville perchée des Alpes-Maritimes doit sa réputation mondiale à un microclimat généreux pour la culture des fleurs. C’est ainsi que le savoir-faire local d’abord tourné vers la tannerie a trouvé dans le ciel azuréen un sérieux auxiliaire.

C’est au Ciel justement, le divin, que le parfum doit son existence. Le premier exemple d’utilisation d’odeur parfumée remonte à l’Antiquité : la mise au jour d’un défunt allongé sur un lit de pétales de roses en Irak d’aujourd’hui a interpellé les chercheurs qui n’ont pas traîné pour interpréter cette mise en scène comme une volonté de communiquer avec les dieux. Plus tard, dans la préhistoire, les Égyptiens faisaient brûler de l’encens matin, midi et soir toujours dans le souci de se rappeler au bon souvenir de leurs dieux.

À l’époque l’hommage au dieu Râ tenait de l’épopée : les bois précieux et parfumés d’Éthiopie faisaient le voyage jusqu’en Égypte pour que les peuples de ce bas monde soient dans les petits papiers des divinités. Les soldats grecs, eux, se parfumaient avant le combat non pas dans le but de faire fuir l’ennemi mais pour chatouiller les narines divines. Aujourd’hui plus personne ne prendrait comme une obligation de se parfumer avant de se rendre au culte ou de faire la guerre. Il y a belle lurette que le parfum a une tout autre fonction, d’abord séduire.

Louis XIV invente la lingette
Le parfum séduction justement date de l’Empire romain. Pas fous ces Romains, ils vont jusqu’à mettre au point un parfum par divinité. À chacun son odeur et les dieux seront bien gardés. Plus terre à terre, Cléopâtre utilise le parfum pour ravir le cœur de Marc-Antoine : elle apparaît étendue langoureusement sur un lit de 30 centimètres d’épaisseur de roses à l’empereur romain qui chavire aussitôt.

Bien plus tard, la fameuse eau de la reine de Hongrie restée dans les mémoires pour être le premier exemple de parfum alcoolique entretient aussi la légende aphrodisiaque. La souveraine plus très vaillante du haut de ses 72 ans aurait séduit et épousé un jeune premier de 25 ans en s’aspergeant du précieux liquide.

Louis XIV réfractaire au bain, même entièrement vêtu comme souvent à l’époque, ne se négligeait pas pour autant. Sa majesté pratiquait les « essuiements « avec des bouts de tissus parfumés. Il venait d’inventer la lingette. Sous son règne, on se parfumait largua manu, la Cour ne chipotait pas sur la marchandise. Son successeur Louis XVI s’était même fait un devoir d’offrir chaque 1er janvier de l’eau de fleur d’oranger à toutes les femmes de Versailles, peut-être dans l’espoir de leur faire tourner la tête. Mais l’histoire sait se montrer cruelle, il perdit la sienne avant ces dames.

Au Moyen-Age, toutes les croyances s’entrechoquent autour du parfum. Se parfumer, c’est contrarier la nature pense-t-on. Les produits odorants qui garnissent les étagères de l’apothicaire ne sont que des médicaments. Et si les ordonnances des docteurs sont couvertes de noms de « parfums », c’est parce que la médecine moyenâgeuse croit dur comme fer que respirer des mauvaises odeurs rend malade. Se parfumer est une assurance-vie.

Cachalot et castor pour les messieurs
De nos jours, les mauvaises odeurs n’envoient pas forcément aux urgences et pourtant elles se glissent partout. Y compris dans les parfums. Les sécrétions de cachalot ou de la glande ventrale du castor ne sont pas a priori des mixtures très attirantes. Ce sont néanmoins des pépites pour les fabricants qui les utilisent comme fixateur dans tous les parfums pour hommes. Sous Louis XIV les odeurs animales, viriles, sont à la mode jusqu’à ce qu’elles soient peu à peu rejetées aux XVIIe et XVIIIe siècles au bénéfice d’un peu plus de légèreté et de naturel. Pourtant c’est aux femmes que le parfum doit ses vraies lettres de noblesse.

Catherine de Médicis sera la première célébrité à porter des gants qui sentent bon la lavande de Grasse. C’est à cette époque que l’on parfume à tout-va, les chapeaux, les vêtements et les housses qui servent à leur transport ou leur protection, les éventails, les perruques, les gants.

Une autre femme a beaucoup œuvré pour l’évolution des parfums, c’est Marie-Antoinette. Elle a un goût prononcé pour les fleurs, particulièrement la rose de mai. Elle en fera un usage sans limite... Mais dans cette saga féminine, c’est à la reine Victoria que Grasse doit son décollage. En résidence sur la Côte d’Azur, elle demande à visiter une usine. Son initiative surprend. Mais par son geste elle crée une mode et les usines et les emplois grassois se multiplient comme des petits pains.

Aujourd’hui les fleurs et plantes vedettes ne sont pas toujours celles que l’on croit. L’oranger bigaradier donne à lui seul trois odeurs naturelles. Les épices (vanille, cannelle) tiennent toujours le haut du pavé et le beurre d’iris est sans doute le plus cher (150 000 euros le kilo). La rose de mai, très prisée, contient 300 molécules mais seulement trois sentent. Quant à la jacinthe, le muguet ou la violette, elles portent le surnom de fleurs muettes car une fois qu’elles ne sont plus en terre, qu’elles sont coupées, elles ne sentent plus rien du tout...

Georges Bourquard
Le Dauphiné Libéré

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