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Haro sur la mode des hauts talons. Méfaits décriés par un médecin

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Brèves d’Histoire
Brèves d’Histoire de France : bribes et miettes historiques utiles à une meilleure connaissance de notre passé
Haro sur la mode
des hauts talons !
(Extrait du « Figaro » du 19 avril 1914)
Publié / Mis à jour le jeudi 17 juin 2021, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 
 
 
En 1914, François Poncetton tente de porter un coup fatal à une mode initiée en son temps par Catherine de Médicis et revenant en force : les hauts talons qui, discours médical à l’appui, seraient source de mille méfaits et surtout l’antichambre de graves problèmes de santé...

L’extraordinaire mobilité de la mode se satisfait, à l’ordinaire, en recréant sous un nom nouveau, ou, à la faveur d’un stratagème, en déguisant une mode ancienne sinon lointaine, écrit François Poncetton en 1914 dans Le Figaro. Et si par hasard cette mode nouvelle est disgracieuse et incommode, on peut être assuré qu’elle a toute chance de durer. Elle connaîtra le succès. On la qualifiera d’originale et l’on saura souffrir.

La mode des talons hauts, qui vient si heureusement compléter les robes de carnaval de tant de jolies femmes, par ailleurs charmantes, nous offre, pour l’heure, une preuve nouvelle de cette vérité s’il est besoin. Et par là, celles qui, libres, sont la grâce même, et que le devoir a transformées, comme le remarquait avec surprise hier Abel Bonnard, en « majuscules contournées d’un étrange alphabet », acquièrent encore cette qualité singulière de sautiller par brusques saccades en marchant à la manière des fourmis dans les herbes.

Une faute si sensible contre la grâce est par elle-même assez regrettable pour qu’on ne s’avise pas de l’excuser. Une femme qui perd ce rythme divin que commande le balancement du corps et le jeu libre des pieds sur le sol, déjà elle nous peine et nous voudrions la conseiller, à la faveur de notre désintéressement. Un esprit curieux de précisions et un peu vif dans ses imaginations ne saurait la voir traverser les chantiers parisiens, sans prévoir que son talon va se prendre dans un rail et qu’elle peut être misérablement écrasée. Mais bien davantage, si nous apprenons que cette dame souffre pour la satisfaction d’être haut perchée et qu’elle ruine sa santé, notre inquiétude ne connaît plus ses bornes.

Le très averti docteur Pierre Quiserne, qui répare chaque année à Bagnoles-de-l’Orne les veines affaiblies de tant de nos contemporaines les plus notoires, a étudié avec une compétence parfaite les méfaits du talon haut, dans une conférence qu’il donna à l’Ecole des annales, à Strasbourg et à Colmar. Voilà un rude adversaire du talon Louis XV. Et si je dis Louis XV, c’est pour m’en tenir à une terminologie courante et commerciale.

Il vaudrait mieux écrire « à l’italienne », car, à ce qu’assurent le docteur Quiserne et les auteurs, c’est Catherine de Médicis, reine illustre, qui donna cette mode, laquelle parut gracieuse à souhait, succédant aux souliers en raquette dont l’empeigne de cuir ou de velours était si serrée qu’il fallait y pratiquer des crevés pour faciliter le mouvement du pied. Admirons cependant qu’on passât d’une mode mauvaise à une plus détestable, par souci d’élégance, car hommes et femmes semblent avoir eu le plus souvent souci de fuir le confort, et sans doute par crainte de s’amollir.

Ces méfaits des hauts talons, nous les connaissons enfin. Le docteur Quiserne ne farde point la vérité. Et d’abord les déformations anatomiques que de telles chaussures apportent à la station du corps et à l’ossature du pied sont énormes.

« Au lieu de marcher sur la plante du pied, marche naturelle et saine, nos élégantes ne peuvent plus marcher que sur les orteils. Aussi quelle déformation dans les articulations du pied, quel trouble dans le jeu des muscles de la jambe ! La contracture, la raideur musculaire font place à la souplesse. Perchées sur leurs hauts talons, comme sur des échasses, les femmes s’avancent à pas prudents, car l’équilibre est difficile à conserver, le ventre saillant, la nuque raidie, pour qu’un faux pas, facile à faire, ne compromette pas radicalement cet équilibre si difficile, non pas à conserver, mais à acquérir. Une telle méconnaissance des lois naturelles apporte mille troubles aux fonctions naturelles des organes, et d’abord la hideuse varice avec son cortège de troubles et d’accidents ! »

Arrêtons-nous ici. Madame, cela suffit. Acceptons ces conseils pleins de compétence. Ne portez plus, madame, de hauts talons, ou nous craindrons pour votre santé. Un cothurne léger sera charmant, et nous plaira, ou quelque autre mode. Songez que votre nuque y gagnera en souplesse. Ce n’est déjà plus une question de santé, mais de coquetterie...

 
 
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