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Jean Laborde. Portraits, biographies, vie et oeuvre. Portrait, biographie, repères biographiques

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Personnages : biographies
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Laborde (Jean)
« bienfaiteur de Madagascar »
(D’après « La Quinzaine coloniale », paru en 1930)
Publié / Mis à jour le vendredi 29 novembre 2013, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
Né à Auch le 16 octobre 1805 et après des études sommaires, Jean Laborde apprend le métier paternel, charron ; mais l’horizon de l’atelier est trop étroit pour son imagination vagabonde : inventif, chercheur, curieux de l’inconnu, il complète donc son instruction première et se décide à courir le monde, et devient une figure illustre de Madagascar

A vingt-deux ans, muni d’un certificat par lequel M. Vic, maire d’Auch, atteste, à la date du 9 juillet 1827, « que le sieur Laborde Jean, étudiant, habitant cette ville, s’y est toujours conduit d’une manière irréprochable », il part pour les Indes, emportant avec lui un ballot de pacotille, cadeau paternel qui doit lui permettre de tenter la fortune.

Trois ans s’écoulent. Le jeune Gascon, intelligent, actif, confiant dans son étoile et très doué pour les affaires, vend habilement ses marchandises, fonde une maison de commerce et met de côté une petite fortune. Vers la fin de 1830, il rencontre à Bombay un Français, Savoie, capitaine au long cours sans commandement et sans ressources, qui lui propose d’acheter un navire et de partir à la conquête d’un fabuleux trésor qui dort sur un récif du canal de Mozambique ; il a vu lui-même le dangereux écueil sur lequel dix navires perdus laissent voir leurs carcasses béantes d’où s’échappent leurs riches cargaisons. Il suffit d’atterrir sur le récif pour y ramasser toutes ces richesses. Si l’opération réussit, la fortune des deux associés est faite, sinon le navire sera revendu sans perte sur la côte d’Afrique.

Jean Laborde

Jean Laborde

Cette proposition séduit Jean Laborde. L’expédition est décidée. Mais après un voyage mouvementé et sept mois de recherches vaines, le navire, pris par un coup de vent, est obligé de doubler le cap Sainte-Marie, et, le 8 novembre 1831, manquant de vivres et d’eau, vient s’échouer sur la côte est de Madagascar. Les canots ayant disparu dans la tempête, Laborde risque sa vie pour sauver l’équipage, sautant à la mer au bout d’une longue corde et atteignant le rivage où tous débarquèrent ensuite sans danger.

Il dut à un riche planteur de la côte Est, M. de Lastelle, de rencontrer plusieurs envoyés de la reine Ranavalona Ière, intéressée dans les bénéfices de la sucrerie et souhaitant savoir si Laborde serait capable de créer des manufactures. Séduite par quelques produits de l’industrie européenne, elle voulait en effet apprendre aux Malgaches l’art de les fabriquer.

Par sa perspicacité, par l’aménité de son caractère, les multiples ressources de son esprit, Laborde s’imposa promptement à la souveraine et devint un personnage important. N’ayant aucune connaissance approfondie de mécanique, d’industrie, ni de chimie, il fit venir des livres et, tout en se formant lui-même, devenant ingénieur, architecte et chimiste, il forma des ouvriers et créa de toutes pièces la ville industrielle de Mantasoa, à 40 kilomètres environ de Tananarive.

Pour avoir une force motrice, il capta les eaux de sept vallées dans d’immenses réservoirs. Pour avoir la chaux dont il avait besoin, il créa des fours à chaux. Il dressa, pour la construction, des charpentiers, des menuisiers, des ébénistes. Pour exploiter le minerai de fer, commun à Madagascar, il monta un haut fourneau, des broyeurs, des forges. Il fabriqua de la fonte et en fit des machines, des outils, voire des marmites et des poêles pour les Hovas. Il installa des fours à réverbère pour réduire le minerai de cuivre. Il réussit à faire de l’acier et se mit à confectionner des couteaux, des sabres, etc. Il parvint même à fabriquer des fusils, à fondre des canons de fonte et de bronze, à organiser une poudrerie.

Cette prodigieuse puissance créatrice ne connut pas de bornes. M. Laborde apprit aux Hovas à fabriquer la faïence, le verre et même le papier, à tanner, à filer des cordes. Il fit planter la canne à sucre à Loasaha, en tira du sucre et du rhum. Il introduisit le ver à soie, tissa des étoffes et fit du cordonnet. En même temps il fabriqua certains produits chimiques utiles à l’industrie.

C’est également lui qui, dans cette contrée fertile en orages, mit le premier paratonnerre sur une maison. Son activité s’étendit à l’agriculture. Les bœufs malgaches furent rapidement dressés au labour et au charroi. Il fit venir des vaches normandes et bretonnes, et même un troupeau d’antilopes. Sur son initiative, on importa des arbres à fruits d’Europe.

Place Jean Laborde, à la fin du XIXe siècle

Place Jean Laborde, à la fin du XIXe siècle

Cependant Ranavalona Ière était devenue d’une cruauté effrénée. Les Hovas vivaient sous un régime de terreur. Le fils de la reine, Kakoto, qui devint plus tard roi sous le nom de Radama II, se trouva, sans être révolté, à la tête d’un parti d’opposition et sollicita l’intervention pacifique de la France contre les ministres de la reine. Ces intrigues furent dénoncées par le parti anglais, et tous les Européens furent chassés de l’île. C’était en 1857. M. Laborde dut partir comme les autres, malgré ses excellents résultats.

Il revint à Madagascar en 1861, après l’avènement du jeune Radama II. Mais il ne fut pas question de ranimer les usines de Mantasoa. Cette seconde partie de la carrière de Jean Laborde fut consacrée à la diplomatie. Il devint consul de France à Madagascar et consacra à cette nouvelle tâche son activité et son influence. Il avait autrefois jeté les bases de la Compagnie française de Madagascar. Il réussit à l’établir et fit accorder à cet effet une charte à M. Lambert.

Tombeau de Jean Laborde, à Mantasoa, vers la fin du XIXe siècle

Tombeau de Jean Laborde, à Mantasoa,
vers la fin du XIXe siècle

En avril 1862, il fut nommé par Napoléon III Consul et Agent de la France à Tananarive. Son influence devint dès lors prépondérante. Mais au moment où, riche de promesses, s’ouvrait pour la France une ère de pénétration pacifique à Madagascar, éclata la Révolution de Tananarive entraînant l’assassinat de Radama II.

Le bouleversement des vieux usages et des traditions par le jeune roi, élevé à l’européenne, ainsi que l’action des méthodistes anglais jaloux de l’influence personnelle de Laborde sur le Roi et des avantages qu’en retirait la France, expliquent la Révolution de Tananarive en 1863. Les incidents provoqués par les mécontents exaspèrent la foule. Au cours d’une émeute, le Roi Radama II, ami des Français, est étranglé avec son écharpe.

Lorsque, après l’assassinat de Radarna II, le 12 mai 1863, le parti hostile à la France revint au pouvoir, il révoqua la charte accordée à Lambert. Laborde assiste, impuissant, à l’augmentation continue de l’influence anglaise. Les relations amicales qui s’étaient nouées entre la France et la Cour malgache ne se rétabliront plus. Vers la fin de 1878, Laborde tombe malade, son état étant aggravé par une dysenterie. Il meurt le 27 décembre 1878, et est enterré dans un tombeau qu’il s’est lui-même fait bâtir à Mantasoa.

 
 
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