Quelques événements du 30 AVRIL

30 avril 1524
Mort du chevalier Bayard, surnommé le Chevalier sans peur et sans reproche. Ses exploits militaires remplissent toute l'histoire de son temps. Il avait commencé à se signaler sous Charles VIII, à la célèbre journée de Fornoue. Sa gloire militaire illustra le règne entier de Louis XII, et les neuf premières années du règne de François Ier. Depuis, qu'à l'exemple d'Horatius Coclès, il avait défendu seul contre les Espagnols, un pont sur le Gariglian, et sauvé l'armée française, en retardant la marche de l'ennemi vainqueur, il avait pour devise un porc-épic, avec ces mots faits pour lui seul : Vires agminis unus habet. Bayard était d'un sang respectable, toujours dévoué à la patrie, toujours versé pour elle. Avant la réunion du Dauphiné à la France, ses ancêtres mouraient pour les dauphins du Viennois dont ils étaient sujets ; ils moururent pour leurs rois depuis la réunion. Le trisaïeul du chevalier fut tué sous les yeux du roi Jean, à la bataille de Poitiers ; son bisaïeul, à la bataille d'Azincourt ; son aïeul à celle de Montlhéry ; son père fut mis hors de combat à la journée de Guinegaste, par une blessure dangereuse ; et notre chevalier mourut à la retraite de Romagnane.
Le connétable fut tué à l'assaut de Rome. La retraite des Français ayant laissé Bayard entre les main des Impériaux, le marquis de Pescaire le secourut mourant, le pleura mort, et les regrets dont les ennemis honorèrent la cendre de Bayard égalèrent ceux des Français.

30 avril 1574
Exécution de Boniface de La Mole. L'amant de la reine Margot avait conspiré avec le duc d'Alençon contre le roi. « Ce gentilhomme, écrivait à son sujet le chronique Pierre de l'Estoile, était meilleur champion de Vénus que de Mars... Il écoutait trois ou quatre messes tous les jours. Le reste du jour et de la nuit, il l'employait à l'amour, ayant cette persuasion que la messe ouïe dévotement expiait tous les péchés et paillardises qu'on eût pu commettre ; de quoi, le feu roi, bien averti, a dit souvent en riant que, qui voulait tenir registres des débauches de La Mole, il ne fallait que compter ses messes ! »
On dit que la reine Margot assista, dans l'embrasure d'une fenêtre, au supplice de son amant. Après sa mort, elle prit un deuil public extrêmement spectaculaire. Brantôme rapporte que ses vêtements étaient couverts de « têtes de mort et toutes sortes de trophées de mort ». Et certains chroniqueurs affirment même qu'elle fit embaumer la tête de La Mole et qu'elle la conserva très longtemps dans un meuble de sa chambre.

30 avril 1653
Cromwell dissout le Parlement et prend le pouvoir. Il envahit la salle des séances avec une trentaine d'hommes armés. Il commença par écouter les débats, puis, brusquement, il se leva et cria : « Assez de bavardages ! Disparaissez ! Qu'on n'entende plus parler de vous ! » Les soldats obligèrent alors les députés à sortir. Cromwell, debout au milieu de la salle, saluait chaque député au passage, d'une épithète sonnante, les traitant d'ivrognes, de pourris, de corrompus... Lorsque tout le Parlement fut évacué, on raconte que Cromwell posa sur la porte un écriteau : « Maison à louer, non meublée ».

30 avril 1655
Mort de Lesueur, peintre français né en 1617 à Paris. Il avait porté l'art de la peinture au plus haut point, lorsqu'il mourut à l'âge de trente-huit ans. On connaît les peintures dont il avait orné le petit cloître des Chartreux, et dont quelques-unes furent horriblement défigurées par des envieux.

30 avril 1749
Renvoi du comte de Maurepas, secrétaire d'Etat à la Maison du roi. Ce renvoi fait suite à la demande de la Pompadour, qui le soupçonne d'être complice des attaques portant atteinte à son honneur.

30 avril 1792
Mort de John Montagu, comte de Sandwich, qui inventa le premier mets portant son nom. Il était né en 1718, et mena une brillante carrière d'homme d'état. Il fut ainsi Premier Lord de l'Amirauté et occupa le poste de Secrétaire d'État aux affaires étrangères. Il inventa le sandwich, tranche de rôti servie entre deux tranches de pain, afin d'assouvir sa passion pour le jeu qui l'amenait parfois à rester 24 heures éveillé.

30 avril 1803
Les Etats-Unis achètent la Louisiane pour plus de 75 millions de francs. Le peuplement de la Louisian s'était fait au XVIIIe siècle d'une façon peu banale. Ce n'était alors qu'un pays sableux et malsain où régnaient l'anarchie et la famine. Pour peupler la nouvelle colonie, on arrêta sur les grandes routes ou dans les ruelles de Paris des vagabonds. On s'adressa à l'hôpital Bicêtre qui ne fut que trop heureux de « purger Paris des gueux, libertins, filous, insignes voleurs et criminels de tout acabit ». Cinq mille hommes furent ainsi arrêtés et expédiés.
Mais il s'agissait à présent de trouver des femmes pour ce troupeau hétéroclite formé d'honnêtes colons, mais aussi de « polissons ramassés au coin des rues ». On demanda au ministre d'envoyer de « jolies filles raisonnables et bien faites ». Pontchartrain expédia vingt-trois jeunes filles garanties pour leur vertu. Aussitôt arrivées en Louisiane, on les maria du mieux qu'on put, mais le ministre avait fait une grosse faute : il avait pris de jeunes Parisiennes qui, habituées à un certain luxe, ne parvinrent pas à s'adapter. Aussi, le second contingent de femmes fut-il bien différent du premier. C'étaient dix Bretonnes de Lorient, « si laides et si mal faites que les coureurs des bois assurèrent qu'ils aimaient encore mieux les sauvagesses. »
La situation devenait donc pressante et Law pensa que le rebut féminin de la capitale pourrait peut-être faire de bonnes épouses pour les colons de la Louisiane. Il s'adressa donc à la Salpêtrière, et, en juin 1719, le premier envoi se composant de « seize drôlesses » presque toutes marquées d'une ou deux fleurs de lys prit le chemin du Nouveau Monde. Chacune possédait une fiche signalétique : débauchée parfaite, tireuse de couteau, empoisonneuse. Avant de s'embarquer, beaucoup de ces femmes se révoltèrent, griffant ou mordant les soldats. On en arriva donc à l'expédient de leur faire épouser avant leur départ du gibier de potence. Pour débuter, on maria cent quatre-vingt filles à cent quatre-vingt condamnés de droit commun. La cérémonie accomplie, on les mit en route pour leur voyage de noces en Louisiane, pourvus, en guise d'anneaux de mariage, d'une petite chaîne qui les liait deux à deux, le mari avec sa femme. Le résultat, on le devine, fut pour le moins médiocre.

30 avril 1804
Un membre du Tribunat, nommé Curée, dépose sur le bureau une proposition tendant à ce que Bonaparte soit nommé empereur.

30 avril 1877
Charles Cros remet à l'Académie des sciences un rapport sur ce qui devait être le phonographe. Suivant les mots mêmes de l'inventeur, il s'agissait d'un « procédé qui consiste à obtenir le tracé du va-et-vient d'une membrane vibrante et à se servir de ce tracé pour reproduire le même va-et-vient. » Cros proposait comme nom, le Paléophone, c'est-à-dire Voix du passé. C'est quelqu'un d'autre qui, plus tard, trouvera le nom de phonographe. Hélas, ce rapport ne fut lu par l'Académie que huit mois plus tard et, en Amérique, Edison avait déjà pris un brevet de son invention.

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