Quelques événements du 27 NOVEMBRE

27 novembre 397
Fin tragique de Rufin, ministre de l'empereur Arcadius. Rufin, né de parents obscurs, avait reçu de la nature un esprit souple et délié. Il sut tellement s'insinuer dans l'esprit de Théodose-le-Grand, qu'il parvint à des emplois considérables. L'empereur lui donna la charge de grand maître du palais, le fit entrer dans tous ses conseils, et le nomma consul avec son fils Arcadius. Après la mort de Théodose, ce ministre ambitieux, jaloux du crédit du général Stilicon, résolut de s'élever jusque sur le trône. Il appela les Goths et d'autres barbares dans l'empire, afin qu'au milieu du désordre universel, il pût s'en emparer ou le partager avec eux ; mais l'armée, excitée par un officier de Stilicon, nommé Gaynas, s'étant soulevé, Rufin fut massacré, et sa tête portée au bout d'une lance, servit de jouet à la populace irritée contre ce ministre lâche, avare et insolent.

27 novembre 511
Mort de Clovis Ier. Il est regardé ordinairement comme le véritable fondateur de la monarchie française. Il est aussi le premier roi de France qui ait été catholique. Pendant qu'il livrait bataille aux Allemands à Tolbiac, près de Cologne, ses troupes commençant à plier, il fit voeu d'aborder le dieu de Clotilde, sa femme, s'il le rendait vainqueur. Son voeu ayant été suivi de la victoire, il fut baptisé le jour de Noël 496, par saint Remi, archevêque de Reims, avec trois mille personnes de son armée. L'année d'après, les peuples renfermés entre les embouchures de la Seine et de la Loire, se donnèrent à lui. Ayant tourné ses armes contre Alaric, roi des Goths, qui était alors en possession de presque tout le midi de la France, il gagna contre lui la bataille de Vouillé, où il le tua de sa propre main ; il soumit ensuite tout le pays qui s'étend depuis la Loire jusqu'aux Pyrénées. Le désir d'agrandir sa domination, lui fit exercer des cruautés contre les princes ses parents, entre autres contre Sigebert qui régnait à Cologne, contre Cararic, roi des Morins, contre Ranacuire qui régnait à Cambrai, et contre Renomer, roi du Mans, dont il envahit les Etats. Il fut enterré à Paris, dans l'église de Ssainte-Geneviève, qui était alors sous l'invocation de saint Pierre et de saint Paul. C'est sous ce prince qu'on apporta des Indes l'usage des vers à soie.

27 novembre 602
Mort de l'empereur Maurice. Né en Cappadoce d'une famille distinguée, il donna tant de marques de bravoure et de capacité dans la guerre contre les Perses, que l'empereur lui donna sa fille en mariage, et le fit couronner empereur en 582. S'étant obstiné à vouloir que ses troupes hivernassent au-delà du Danube, elles se mutinèrent, et le centurion Phocus s'étant mis à leur tête, marcha droit à Constantinople. Maurice fut arrêté avec sa femme et ses enfants par le chef des rebelles, qui avaient décoré celui-ci du titre d'empereur. Après avoir vu le massacre de cinq de ses fils, pendant lequel il répétait souvent ces paroles de David : Vous êtes juste, Seigneur, et votre jugement est équitable, il fut égorgé lui-même. « Ainsi périt, dit le Beau, ce malheureux empereur, grand capitaine avant de régner, monarque médiocre, héros à la mort. »

27 novembre 1382
Bataille de Rosebecq en Flandre. Le comte de Flandre ayant imploré l'assistance du Roi Charles VI contre ses sujets révoltés, Charles marcha lui-même à son secours. Les rebelles furent complètement battus à Rosebecq, et leur capitaine Philippe Artevelle y fut tué. Boucicaut, depuis maréchal de France, combattit à cette journée, étant encore fort jeune ; un chevalier flamand, qui abattait à coups de sabre tout ce qui se rencontrait devant lui, le voyant approcher, la hache levée, lui décharge un coup qui lui fait tomber sa hache des mains, en lui disant d'un ton de mépris : Enfant, vas totter ; et ne daignant pas achever, il lui tourne d'un autre côté. Le jeune Boucicaut, outré de dépit, tire son épée, et la lui passe au travers du corps.

27 novembre 1412
Mort de la reine Marguerite de Valdemar. Fille de Valdemar III, roi de Danemark, et femme de Haquin, roi de Norvège, elle unit d'abord ces deux royaumes dans sa personne, après la mort de son père et de son mari. Elle profita du mécontentement des Suédois contre leur roi Albert, pour dépouiller ce prince, et mettre sur sa tête une troisième couronne. Marguerite, surnommée dès lors la Sémiramis du Nord, résolut de rendre perpétuelle l'union des trois royaumes. Les états généraux de Danemark, de Suède et de Norvège, convoqués à Calmar en 1367, portèrent une loi solennelle qui des trois royaumes ne formait qu'une seule monarchie. Cet acte célèbre, connu sous le nom d'union de Calmar, portait sur trois bases. La première, que le roi continuerait d'être électif ; la seconde, que le souverain serait obligé de faire tour à tour son séjour dans les trois royaumes ; la troisième, que chaque Etat conserverait son sénat, ses lois, ses privilèges. Les Suédois ayant été obligés dans la suite de rappeler à Marguerite ses serments, elle leur demanda s'ils en avaient les titres ; on lui répondit en les lui montrant. Gardez-les donc bien, répliqua-t-elle, et moi je garderai encore mieux les places fortes et les citadelles.

27 novembre 1674
Supplice du chevalier de Rohan et autres conjurés. Il n'y eut sous le règne de Louis XIV, qu'une seule conspiration contre l'état, imaginée par la Truaumont, gentilhomme normand, perdu de débauches et de dettes, et embrassée par un chevalier de la maison de Rohan, grand veneur de France, qui avait beaucoup de courage et peu de prudence. La hauteur et la dureté du marquis de Louvois, l'avaient irrité au point qu'en sortant de l'audience, il entra tout ému et hors de lui-même, chez M. de Caumartin, et se jetant sur un lit de repos : « Il faudra, dit-il, que ce b... de Louvois meure, ou moi. »
Caumartin ne prit cet emportement que pour une colère passagère ; mais le lendemain, ce jeune homme lui ayant demandé s'il croyait les peuples de Normandie affectionnés au roi, il entrevit des dessous dangereux. Les temps de la fronde et de la ligue sont passés, lui dit-il, croyez-moi, vous vous perdrez, et vous ne serez regretté de personne. Le chevalier ne le crut pas, il se jeta à corps perdu dans la conspiration de la Truaumont. Il n'entra dans ce complot qu'un chevalier de Préaux, neveu de la Truaumont, qui séduit par son oncle, séduisit sa maîtresse, la marquise de Villiers. Les conjurés s'associèrent aussi un maître d'école, nommé Vanden-Ende, dont le fameux Spinosa avait été disciple. Leur but était de livrer aux Anglais Honfleur, le Havre et Quilleboeuf. Cette trame mal ourdie ayant été découverte, tous les coupables furent décapités à la Bastille, à l'exception du maître d'école Vanden-Ende, qui fut pendu, et de la Truaumont, qui s'était fait tuer par ceux qui vinrent l'arrêter. On dit que le bourreau, fier d'avoir coupé la tête d'un Rohan, d'une marquise et d'un chevalier, dit à ses valets, en leur montrant le maître d'école : Vous autres, pendez celui-là.

27 novembre 1688
Entré du prince d'Orange à Londres. Détrônement du roi Jacques II.
Jacques II, fils de l'infortuné Charles I et de Henriette fille de Henri IV, avait succédé à son frère Charles II en 1685. L'extrême indifférence de Charles sur toutes les religions n'avait pas peu contribué à le faire régner paisiblement en Angleterre. Jacques au contraire, attaché depuis sa jeunesse à la communion romaine par persuasion, joignait à sa croyance un trop grand esprit de parti et de zèle. Dans le dessein de ramener tous ses sujets à l'unité du Saint-Siège, il s'y prit si maladroitement, qu'il ne fit que révolter tous les esprits. Il agit d'abord comme s'il fût venu à bout de ce qu'il avait envie de faire ; ayant publiquement à sa cour un nonce du pape ; mettant en prison sept évêques anglicans, qu'il aurait pu gagner ; renversant avec hauteur des lois qu'il fallait saper en silence ; enfin, se conduisant avec si peu de ménagement, que les cardinaux de Rome disaient en plaisantant : qu'il fallait l'excommunier comme un homme qui allait perdre le peu de catholicisme qui restait en Angleterre.
Les principaux membres du parlement se réunirent en secret contre les dessin du roi : ils disputèrent vers le prince d'Orange, Guillaume III de Nassau, gendre de Jacques II. Leur conspiration fut tramée avec une prudence et un secret qui endormirent la cour.
Le prince d'Orange équipa une flotte, en faisant publier que cette armement était destiné contre la France. Louis XIV n'y fut pas trompé ; il offrit des secours à son allié, qui les refusa d'abord avec sécurité, et les demanda ensuite quand il n'était plus temps, et que la flotte du prince, son gendre, était à la voile. Tout lui manqua à la fois, comme il se manqua à lui-même. Il écrivit en vain à l'empereur Léopold, qui lui répondit : Il ne vous est arrivé que ce que nous avions prédit. Il comptait sur sa flotte, mais ses vaisseaux laissèrent passer ceux de son ennemi. Il pouvait au moins se défendre sur terre, il avait une armée de vingt mille hommes, et s'il les avait menés au combat sans leur donner le temps de la réflexion, ils eussent combattu ; mais il leur laissa le loisir de se déterminer. Plusieurs officiers généraux l'abandonnèrent, entre autres ce fameux Churchil, si illustre sous le nom de Marlborough : il était favori de Jacques, sa créature, le frère de sa maîtresse, son lieutenant général dans l'armée. Le prince de Danemark, frère de Jacques ; enfin sa propre fille, la princesse Anne (depuis reine d'Angleterre), l'abandonnèrent aussi.
Alors l'infortuné monarque, attaqué et poursuivi par un de ses gendres, quitté par l'autre, ayant contre lui ses deux filles, ses propres amis, haï d'une partie de ses sujets, désespéra de sa fortune ; la fuite, dernière ressource d'un prince vaincu, fut le parti qu'il prit sans combattre. Après avoir été arrêté dans sa fuite par la populace, maltraité par elle, reconduit à Londres ; après avoir reçu paisiblement les ordres du prince d'orange, dans son propre palais ; après avoir vu sa garde relevée, sans coup férir par celle du prince ; prisonnier à Rochester, il profita de la liberté qu'on lui donnait d'abandonner son royaume, et alla chercher un asile en France.
Ce fut alors que la nation anglaise, représentée par son parlement, fixa les bornes si longtemps contestées des droits du roi et de ceux du peuple ; et ayant prescrit au prince d'Orange, les conditions auxquelles il devait régner, elle le choisit pour son roi, conjointement avec sa femme Marie, fille du roi Jacques. Dès lors ce prince ne fut plus connu dans la plus grande partie de l'Europe, que sous le nom de Guillaume III, roi légitime d'Angleterre, et libérateur de la nation ; mais en France, il ne fut regardé que comme le prince d'Orange, usurpateur des Etats de son beau-père.
Le roi fugitif vint avec sa femme et le prince de Galles, encore enfant, implorer la protection de Louis XIV. Ce grand monarque le reçut à Saint-Germain avec une magnificence vraiment royale ; il lui donna bientôt des flottes et des armées pour reconquérir ses États ; mais la conduite toujours faible et imprudente du roi détrôné, rendit tous ces grands secours inutiles.

Fermer cette fenêtre