Quelques événements du 26 FÉVRIER

26 février 1154
Mort de Roger, premier roi de Sicile, arrière-petit-fils de Tancrède de Hauteville, père de ces héros normands qui, au commencement du douzième siècle, enlevèrent la Sicile et les états de Naples aux Sarrasins. Il accrut par de nouvelles conquêtes les domaines qu'il avait reçus en héritage. Il eut à combattre, et il combattit presque toujours avec avantage les papes et les empereurs d'Allemagne et de Constantinople.
Honorius II, après l'avoir combattu par les armes et les excommunications, fut forcé de lui donner l'investiture de la Pouille, de la Calabre et de Naples. L'anti-pape Anaclet, dont il prit la défense, lui donna en reconnaissance le titre de roi de Sicile. Ce titre lui fut confirmé par le pape Innocent II, qu'il fit prisonnier dans un combat que ce pape guerrier lui avait livré.
Roger, dans ses guerres contre l'empereur grec, porta le fer et le feu dans les faubourgs de Constantinople ; il poussa ses conquêtes jusqu'en Afrique, s'empara de Tripoli et d'autres places maritimes, et battit la flotte de l'empereur Manuel. Cette continuité de succès fut un moment interrompue par Lothaire, empereur d'Allemagne, qui eut sur lui des avantages rapides ; mais l'intrépide Roger eut bientôt reconquis tous ses états.
Ce fut sous le règne de ce prince que des marchands siciliens apportèrent de l'Asie des cannes à sucre, qu'ils plantèrent dans leurs pays. Elles y réussirent et se multiplièrent. De là le sucre fut transplanté dans les provinces méridionales de l'Espagne, d'où l'on en porta aux Canaries, aux îles de Madère et enfin dans le Nouveau Monde.
La famille de Roger garda le trône de Sicile jusqu'en 1194. Elle en fut dépouillée par l'empereur d'Allemagne, Henri Ier.

26 février 1229
Traité de Paris qui met un terme aux troubles religieux du Languedoc par l'annexion au domaine royal des terres de Nîmes, Beaucaire, Béziers et Carcassonne. Le mariage d'Alphonse de Poitiers, frère du roi, avec Jeanne, fille de Raymond de Toulouse, est décidé.

26 février 1266
Bataille de Bénévent, entre Charles d'Anjou, frère de Saint-Louis, et Mainfroi, roi des Deux-Siciles. La famille de Roger, premier roi de Sicile, avait été dépouillée en 1194 par l'empereur Henri Ier. La famille de celui-ci fut dépouillée à son tour en 1266, par un prince français, Charles d'Anjou.
Après la mort de l'empereur Conrad IV, roi de Naples et de Sicile (1255), ce royaume devait appartenir à son fils Conradin. Le pape Innocent IV, qui avait excommunié l'empereur Frédéric II, aïeul de Conradin, prétendit que ses descendants ne pouvaient lui succéder, et se déclara lui-même roi des Deux-Siciles. Il envoya une armée commandée par un légat, pour prendre possession de son nouveau royaume. Mais le tuteur du jeune Conradin, Mainfroi, son oncle, défit entièrement le légat et l'armée pontificale.
Le pape se tourna alors vers le comte d'Anjou, frère de Saint-Louis, et lui offrit une couronne dont il n'avait aucun droit de disposer, et à laquelle le comte d'Anjou n'avait nul droit de prétendre. Mais Innocent mourut dès le commencement de cette négociation. Cependant Mainfroi, plus ambitieux que fidèle, et lassé d'être régent, fit courir le bruit de la mort de son pupille, et se fit déclarer roi de Sicile et de Naples.
Le nouveau pape Alexandre IV fit publier une croisade contre Mainfroi : elle fut prêchée jusqu'en Angleterre, où le légat du pape, suivant Mathieu Pâris, leva cinquante mille livres sterling. L'argent fut dissipé, et la croisade n'eut pas lieu. Urbain IV, nouveau pontife, voulut, comme son prédécesseur, arracher à Mainfroi Naples et la Sicile, et dépouiller à la fois le tuteur coupable et l'orphelin. Il proposa à Saint-Louis, roi de France, d'armer Charles d'Anjou, son frère, pour cette conquête. Le vertueux Saint-Louis hésita ; mais Béatrix, femme de Charles, jalouse d'avoir le titre de reine, comme ses trois soeurs, la reine de France, la reine d'Angleterre, et la troisième, femme de Richard, frère du roi d'Angleterre élu des Romains, obligea son époux à accepter les offres du pape, et elle vendit toutes ses pierreries pour l'aider à lever des troupes.
En 1265, Charles arriva à Rome, et le 28 juin fut déclaré roi de Sicile en deçà et au delà du détroit, en présence de quatre cardinaux, que lui avait envoyés le nouveau pape Clément IV, qui résidait à Pérouse ; mais il fut préalablement obligé de faire serment, entre les mains de ces quatre cardinaux, qu'il paierait annuellement au saint-siège huit mille onces d'or, avec une belle haquenée blanche, et qu'il n'accepterait jamais l'empire romain, ni celui de la Lombardie ou de Toscane.
Les conditions auxquelles Charles d'Anjou s'était soumis furent si religieusement observées par ses successeurs, que Charles Quint, roi d'Espagne et des Deux-Siciles, n'accepta la couronne impériale qu'après s'y être fait autoriser du pape Léon X, par une dispense solennelle.
L'armée de Charles d'Anjou, forte de trente mille hommes que la comtesse Béatrix, sa femme, avait rassemblés, étant arrivée avec elle devant Rome où ce prince l'attendait, les deux époux furent couronnés roi et reine de Sicile, dans l'église de Saint-Pierre, après avoir fait serment de fidélité, et hommage lige au pape, par cinq cardinaux qu'il avait députés pour cette cérémonie. C'est alors que le roi de Naples offrit, pour la première fois au pape une haquenée blanche avec huit mille onces d'or et qu'il s'engagea par serment à payer annuellement au saint-siège le même tribut. Mainfroi fit proposer à son rival un accomodement : « Retournez à votre maître, dit Charles aux députés, et dites-lui que dans peu je l'aurai mis en enfer, ou qu'il m'aura mis au paradis. »
Les deux armées se rencontrèrent près de Bénévent, dans une plaine romaine nommée le Champ-Fleury. Toute la valeur de Mainfroi ne put soutenir ses troupes contre l'impétuosité française. Après avoir combattu avec le plus grand courage, il fut tué dans la mêlée par un chevalier picard. Comme il était mort excommunié, on l'enterra dans une fosse creusée près du pont de Bénévent, sur laquelle chaque soldat, par pitié de son sort et par estime de sa valeur, se fit un devoir de jeter une pierre. Plus tard, l'archevêque de Cosence, irréconciliable ennemi de Mainfroi, fit déterrer son corps, et le fit transporter au bord de la rivière de Verde, nommée depuis Marino, où il demeura exposé à l'injure du temps et de l'air, en sorte que les habitants du voisinage n'en purent retrouver aucun vestige.

26 février 1598
Naissance de Voiture. L'oracle du Salon de Mme de Rambouillet et de la Société des Précieuses était un homme plein d'esprit, de facilité, de charme et de don d'à-propos. Un jour où Voiture lui avait envoyé un petit sonnet qu'il venait de faire et dont il était très content, Mme de Rambouillet le fit imprimer puis relier dans un livre déjà très ancien. Elle laissa négligemment traîner ce livre sur une table, ouvert bien sûr à la bonne page. Lorsque Voiture arriva dans le salon, il aperçut le livre, lut le sonnet et resta stupéfait la bouche ouverte, pendant cinq minutes, ne comprenant plus rien. N'est-ce pas un tour abominable à jouer à un poète ?

26 février 1761
Mort à Paris de Joseph-François-Edouard de Corsembleu Desmahis, né à Sully-sur-Loire en 1722. Il était destiné par ses parents à la robe. Son goût précoce pour la poésie les alarma en vain. Ce penchant irrésistible triompha des oppositions de sa famille. Ce fut sous les auspices de Voltaire qu'il débuta dans la carrière des lettres. La droiture de son coeur ne le sauva pas des épines qu'on y rencontre trop souvent, et sa sensibilité fort vive devint pour lui une source d'amertumes. Plus à ses amis qu'à lui-même, il prévenait leurs désirs et oublier ses propres peines, dès qu'ils avaient besoin de ses consolations. « Lorsque mon ami rit, disait-il, c'est à lui à m'apprendre le sujet de sa joie. Pleure-t-il ? C'est à moi de découvrir les causes de son chagrin. »
Un de ses rêves les plus doux était qu'un jour l'harmonie règnerait parmi les gens de lettres. Si l'Impertinent ne l'a pas placé au rang des auteurs comiques, on ne peut nier au moins qu'il ne s'y trouve de jolis portraits, des saillies heureuses, et que le caractère principal n'y soit assez bien peint.
Modeste avec ses maîtres, il disait : « Content de vivre avec les grands hommes de mon siècle dans le cercle de l'amitié, je n'ambitionne point d'être placé auprès d'eux dans le temple de mémoire. ». Il pouvait prétendre à de plus brillants succès lorsqu'un vomissement de sang l'enleva, dans sa trente-deuxième année, à une carrière que semblait lui tracer la gloire et la fortune. Il s'est peint dans ces vers :
A peu de frais, en vérité,
Les Dieux peuvent me satisfaire,
Qu'ils m'accordent de la santé,
Je fais du reste mon affaire.

26 février 1808
Naissance d'Honoré Daumier, à Marseille. Ce caricaturiste de génie excellera dans la lithographie et s'appliquera à faire la satire de la vie politique et sociale de son temps. A partir de 1848, il se consacrera à la peinture et à la sculpture.

26 février 1823
En France, le député libéral Jacques Manuel est expulsé de la Chambre pour son opposition à l'intervention en Espagne.

26 février 1830
Au lendemain de la bataille d'Hernani, la Gazette de France écrit : « Une fable grossière... »

26 février 1848
La peine de mort pour raison politique est abolie, mais la liberté d'expression est encore réduite.

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