Quelques événements du 5 NOVEMBRE

5 novembre 462
Mort du pape saint Léon-le-Grand. Ce fut lui qui, en l'année 452, se présenta devant Attila, arrivé aux portes de Rome, et parvint à l'empêcher d'y entrer.

5 novembre 1414
Ouverture du concile de Constance. Ce concile est célèbre, surtout pour avoir mis fin au schisme d'Occident, qui depuis 1389, divisait la chrétienté et la livrait à l'anarchie. Il déposa les trois papes rivaux, et fit nommer Othon Colonne, qui fut reconnu sous le nom de Martin V. Ce concile s'occupa aussi de la réforme de l'Eglise, et condamna Jean Hus, un des précurseurs de Luther.

5 novembre 1605
Découverte de la conspiration des poudres. Durant les dernières années du règne d'Elisabeth, les protestants ayant acquis une influence extraordinaire dans le gouvernement se trouvèrent évidemment à l'origine des lois très rigoureuses contre les catholiques. Cependant, lorsque Jacques Ier monta sur le trône, ceux-ci eurent une lueur d'espoir. Ce nouveau roi, bien que protestant, était né de parents catholiques et avait été baptisé par un archevêque. Mais la déception suivit. Un an après son avènement, Jacques Ier déclara qu'il redoublerait de sévérité envers les catholiques. Cette déclaration produisit l'effet d'une bombe et fit naître une haine violente contre ce roi.
Quelques gentilshommes issus des plus grandes familles décidèrent de mettre au point un procédé radical. Il s'agissait de faire sauter, le jour même de l'ouverture, tout le Parlement au moyen de barils de poudre. Ainsi le roi et tous les chefs protestants se volatiliseraient. Un soulèvement catholique suivrait et aurait bien des chances de réussir. Les conjurés, après avoir fait appel à un homme qui connaissait bien l'art des sapes et des explosifs, Guy Fawkes, louèrent la maison la plus proche du Parlement et s'y installèrent dans le plus grand secret. Ils creusèrent une mine mais se trouvèrent devant d'innombrables difficultés. Pour percer les murs de près de trois mètres d'épaisseur, ils faisaient un bruit infernal. En outre, le lieu était très humide et l'eau suintait de partout. Ils atteignirent enfin une cave située juste au-dessous de la Chambre des Lords et y transportèrent vingt gros barils de poudre. Afin que l'explosion provoque le plus de ravages possible, ils placèrent tout le matériel ayant servi aux travaux au milieu des barils, puis ils fermèrent les portes. Fawkes savait mettre le feu aux poudres au moyen d'une longue mèche prévue pour brûler un quart d'heure. Ainsi il aurait le temps de prendre du champ.
Le Parlement fixa sa date d'ouverture au 5 novembre. Les conjurés furent alors aux prises avec un cas de conscience. Devaient-ils prévenir certains membres du Parlement qui étaient non seulement catholiques, mais parfois des parents ou des amis des conspirateurs ? Cependant, alerter un si grand nombre de personnes comportait de gros risques, aussi fut-il décidé de dissuader ceux que l'on voulait sauver de se rendre au Parlement ce jour-là. Cependant, au mois d'octobre, un des pairs, Lord Mounteagle, reçut une lettre anonyme, dévoilant tout le complot. Emanait-elle d'un des conjurés ? Lord Mounteagle prévint immédiatement le roi. Les membres du complot s'affolèrent. Certains quittèrent Londres, les autres se cachèrent. Seul Guy Fawkes demeura dans la cave, fidèle à son poste. Le roi ordonna de fouiller toutes les caves avoisinnantes et, dans la nuit du 4 au 5 novembre, Fawkes, découvert, fut arrêté. Il avoua, mais refusa de dénoncer ses complices. Lorsque Jacques Ier lui demanda comment il avait pu accpeter d'entreprendre un acte aussi sanguinaire, Fawkes répondit : « Les maladies dangereuses exigent des remèdes désespérés. »

5 novembre 1735
Mort de Peterborough, général et ambassadeur anglais, sous le règne de la reine Anne. Il était célèbre par sa bravoure, ses aventures et ses bizarreries.

5 novembre 1757
Bataille de Rosbach. Cette bataille fut un des plus grands exploits de Frédéric II, roi de Prusse, et contribua le plus à le maintenir sur son trône, attaqué par la France, la Russie et l'Autriche.

5 novembre 1773
Mariage à Versailles. Le troisième petit-fils de Louis XV, le comte d'Artois, futur Charles X, conduit à l'autel Marie-Thérèse de Savoie, seconde fille du roi de Sardaigne. Sa soeur aînée avait déjà épousé le comte de Provence, frère du futur Louis XVI et du comte d'Artois ; ainsi se retrouvait-on en famille. Malheureusement, les deux soeurs savoyardes rivalisaient de manque de charme. La nouvelle comtesse d'Artois, nous dit l'ambassadeur d'Autriche, avait « le visage maigre, le nez fort allongé et désagréablement terminé, les yeux mal tournés, la bouche grande... en tout une physionomie irrégulière, sans agréments, et des plus communes. » Paraissant, en outre, « ne prendre intérêt à rien », déplaisant « à l'excès » et cherchant à se faire oublier. Chacun lui donna satisfaction sur ce point - et le premier fut assurément son mari qui s'empressa d'aller retrouver sa maîtresse, la ravissante Rosalie Duthé - ce qui permit à un mot de courir Versailles : « Le prince, ayant eu une indigestion de gâteau de Savoie, vient prendre du Thé à Paris. »

5 novembre 1793
Marie-Joseph Chénier propose à la Convention que les fêtes religieuses soient remplacées par des fêtes civiques et révolutionnaires.

5 novembre 1821
Troubles au Théâtre-Français, pour la reprise du Mariage de Figaro. Le public réclame la pièce sans coupures, siffle les acteurs et le commissaire, et se fait expulser par la force armée.

5 novembre 1889
Le gouvernement lance l'armée contre les monastères. Sous le Second Empire, les congrégations religieuses s'étaient multipliées. Les jésuites, en particulier, éduquaient une partie de la jeunesse aristocratique et bourgeoise et acquirent par là même une influence que les républicains jugeaient dangereuse. En novembre 1889, Paul Bert, ministre de l'Instruction publique, était un farouche anti-clérical. Devant l'Assemblée Nationale, Jules Ferry, qui venait de prendre la présidence du Conseil, définissait ainsi ses projets : « Défendre les droits de l'Etat contre un certain catholicisme qui n'est point le catholicisme religieux, mais politique. » En conclusion, il demandait d'exclure de l'enseignement tous les membres des congrégations non autorisées. Son discours eut un immense retentissement dans l'opinion publique. « Dans le village, l'instituteur et le curé sont près d'en venir aux mains, écrit François Corte. Dans toute la province montent des odeurs de soufre et d'encens. » « A bas la calotte », riposte-t-on au « Veni Creator »
Les débats à la Chambre sont tout aussi passionnés. Une des séances les plus orageuses se termina en un véritable pugilat : on échangea des gifles et des coups de poing, la sonnette du Président servait de projectile tandis que les manchettes, les faux cols et les souliers étaient mutuellement arrachés. Après trois semaines, la Chambre penchait nettement du côté des républicains anti-cléricaux. Jules Ferry porta enfin le dernier coup en lisant quelques extraits du manuel d'Histoire en usage dans les collèges jésuites. On y enseignait, entre autres, que Louis XVI avait été assassiné par les protestants et que, si la bigamie était fréquente dans l'hérétique Angleterre et les enfants abandonnés ou vendus, on le doit à l'institution du divorce. Le projet de loi fut voté à la majorité.
Bien que le pape Léon XIII se prononçât en faveur d'une conciliation, les congrégations d'enseignants refusèrent d'adresser une demande d'autorisation au gouvernement. Devant cette bravade, Jules Ferry décida de lancer contre les monastères des effectifs de police et de l'armée. L'opération commença le 5 novembre dès 6 heures du matin, la troupe dut forcer les portes. Au monastère de Saint-Michel-du-Frigoulet, en Provence, les moines tinrent un siège de cinq jours. A Lyon, certaines expulsions firent des blessés. A peine dissoutes, les congrégations se reformèrent, mais Jules Ferry avait atteint son but : rendre l'école « gratuite, laïque et obligatoire ».

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