LA FRANCE PITTORESQUE
Prendre la lune avec ses dents
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Publié le vendredi 26 avril 2024, par Redaction
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Vouloir entreprendre une chose impossible à faire
 

Ce proverbe doit être déjà assez ancien, car on le trouve mentionné dans le livre II, chapitre 42, des œuvres de Rabelais (XVIe siècle) : Je ne suys (suis) point clerc pour prendre la lune avec les dents.

Les Romains disaient à quelqu’un qui voulait tenter une chose impossible : Citius elephantum sub ala celes, ce qui veut dire : Vous auriez plutôt fait de cacher un éléphant sous votre bras. Les Russes ont un proverbe dont le sens est à peu près analogue : C’est comme si vous vouliez semer des pois sur une muraille.

Voici à ce sujet une anecdote que peu de personnes connaissent : une dame avait un fils ; elle craignait si fort de le contrarier, que cet enfant était devenu très volontaire et complètement insupportable, au point qu’il entrait en fureur lorsqu’on osait résister à ses volontés fort bizarres.

Un jour que cette dame était dans sa chambre, elle entendit son fils qui pleurait dans la cour, en s’égratignant le visage de dépit, parce qu’un domestique lui refusait une chose qu’il voulait absolument. La mère de l’entant dit à celui-ci de donner à son fils ce qu’il lui demandait. – Par ma foi, madame, répondit le valet, il pourrait bien crier jusqu’à demain qu’il ne l’aurait pas.

A ces mots, la dame en colère s’en va trouver son mari qui était dans une salle voisine avec quelques amis et le pria de la suivre en lui racontant d’abord ce qui s’était passé. Le mari accompagna sa femme et apostropha violemment le domestique, le menaçant de le renvoyer s’il se refuse plus longtemps à donner à son fils ce qu’il demande. – En vérité, monsieur, dit celui-ci, madame n’a qu’à le lui donner elle-même. Il y a un quart d’heure qu’il a vu la lune dans un seau d’eau et il veut que je la lui donne. A ces paroles toute la compagnie partit d’un éclat de rire.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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